Le 23 mai 2018 | Mis à jour le 3 juillet 2018

200 œuvres du premier street-artiste en vente près de Paris

par Diane Zorzi

Dans le cadre de la troisième dispersion de son fonds d’atelier, des sculptures, des toiles, des installations, des photographies et des œuvres sur papier de Gérard Zlotykamien seront mis en vente par Maître Valérie Régis les 2 et 4 juin 2018 à Deuil-la-Barre et sur le Live d’Interencheres. Estimés de 100 à 12 000 euros, ils dévoilent les coulisses d’une création hors-norme, pionnière de l’art urbain.

 

Moins connu que Jef Aérosol, Banksy, ou Speedy Graphito, Gérard Zlotykamien (né en 1940) est pourtant une figure historique du Street art. « Avec des artistes comme Ernest Pignon-Ernest, il est un précurseur de l’art urbain en France, que certains comme Miss-Tic considèrent comme leur maître », détaille Maître Valérie Régis qui dispersera son fonds d’atelier aux enchères les 2 et 4 juin à Deuil-la-Barre et sur le Live d’Interencheres. Dès les années 1960, ce parisien proche des Nouveaux Réalistes se libère de l’espace confiné de la galerie et investit le bitume. « J’avais remarqué que les peintres voulaient toujours exposer dans une galerie donnant sur la rue et je me posais des questions à ce sujet, raconte-t-il. Je ne comprenais pas pourquoi ils ne peignaient pas directement à l’extérieur… » Affublé d’un costume, de mocassins et d’un attaché-case, ce graffeur, un brin vandale et toujours chic, s’approprie les devantures des boutiques parisiennes et bombarde les murs d’aérosol. « La vente du fonds d’atelier dévoile ce cheminement, des années 1960 à aujourd’hui, à travers des gouaches, des techniques mixtes, des sculptures, des œuvres à la bombe qui sont pour la plupart des études pour des projets que Zloty concrétisa ensuite dans la rue»

 

 

Des œuvres « éphémères »

En 1963, Zloty dessine son premier « éphémère » sur le chantier des Halles à Paris. Depuis, ce personnage à la silhouette évanescente hante ses toiles, dessins et installations, sous la forme d’éphémères « lacérée », « très âgé », « blonde », « décomposée en rouge et noir », ou « rêveuse ».

« Ces ‘éphémères’ racontent des histoires et s’adaptent à tous les supports, de la planche de bois au crépi, en passant par le fer soudé, explique Maître Valérie Régis. Depuis plus de 50 ans, elles animent les murs : la palissade de Beaubourg, le mur de Berlin, la façade de la Fondation Cartier. Dans la rue, elles ne tiennent pas, ne résistent pas au temps. Elles sont, comme nous, éphémères. »

 

 

 

…jusqu’à l’effacement

Ses « éphémères » investissent les friches, les lieux à rénover ou destinés à la destruction, pour disparaître en toute fin sous l’effet de larges coups de rouleau de peinture noire. Naissent alors les « effacements », cette série de toiles noires que Zloty expose en 1977 à la Galerie Charley Chevalier à Paris. « Zloty a toujours rejeté l’aspect commercial de l’art. Aussi, il détruit ses œuvres et n’hésite pas à les réduire en cendres. »

 

Des œuvres accessibles dès 100 euros

« Zloty est un personnage à part qui n’a jamais eu de plan de carrière et ne s’est jamais soucié de sa cote, poursuit Maître Valérie Régis. Aussi, bien qu’il soit une figure majeure, les estimations de ses œuvres restent bien inférieures à celles de plusieurs de ses pairs. » Alors que les peintures de Banksy ou Jef Aérosol côtoient les millions, la toile de Zloty la plus chère de la vente des 2 et 4 juin est estimée entre 10 000 et 12 000 euros (Ephémère très âgé de 1965). Les œuvres sur papier sont quant à elles proposées dès 200 euros et des sculptures, des palissades et des techniques mixtes seront mises à prix à moins de 1 000 euros. Une occasion idéale pour les amateurs d’acquérir une œuvre de Street art sans se ruiner. « Mais ce mouvement, encore très peu connu il y a dix ans, intéresse de plus en plus. Alors que nous avions vendu en 2008 la première partie du fonds d’atelier de Zloty, lors de la seconde vente de 2013, les estimations avaient déjà doublé ! Le Street art se développe considérablement et la vente des œuvres de ce grand pionnier pourrait bien créer l’événement. »

 

Retrouvez les lots mis en vente les 2 et 4 juin à Deuil-la-Barre et sur le Live d’Interencheres

 

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