Le 27 janvier 2021 | Mis à jour le 22 février 2021

Le décor monumental de Jean Dunand pour le paquebot Normandie adjugé à 924 000 €

par Diane Zorzi

Le 20 février au Havre, François-Xavier Allix et Philippe Revol présentaient aux enchères dix-huit panneaux en laque de Jean Dunand qui ornaient dans les années 1930 le mythique paquebot Normandie. Témoignage virtuose de l’Art déco, cet ensemble exceptionnel a été adjugé à 924 000 euros.

 

Au début des années 1930, la Compagnie générale transatlantique sollicite les plus grands décorateurs de l’entre-deux-guerres pour façonner la décoration intérieure de son fleuron, bientôt qualifié de plus grand et de plus rapide paquebot du monde, le Normandie. Parmi eux, Jean Dunand est chargé de réaliser l’ensemble le plus spectaculaire, destiné au fumoir et au salon des premières classes : cinq panneaux de laque monumentaux (6 mètres de hauteur et 5,8 mètres de largeur chacun), sur les thèmes Jeux et Joies de l’homme, La Pêche, Les Sports, La Conquête du cheval, Les Vendanges et La Danse. Pour se prémunir d’un éventuel incendie, à l’origine de la destruction en 1933 du paquebot l’Atlantique, Dunand recourt à un mélange de plâtre et de laque liquide, appelé « sabi » qui, une fois coulé dans des moules durcit pour recevoir la laque d’or et les laques de couleurs.

 

Le paquebot Normandie, une vitrine de l’Art déco 

Ce décor majestueux, le paquebot Normandie, véritable ambassadeur de l’art français, l’arbora fièrement durant quatre années de traversées entre le Havre et New York. Inauguré en 1935, le navire, conçu par les chantiers Penhoët à Saint-Nazaire, effectue sa dernière traversée à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, pour se fixer dans le port américain. Le bateau est alors réquisitionné par l’armée pour transporter les troupes de guerre, tandis que les éléments de décor sont déposés pour être stockés dans les entrepôts de la Compagnie générale transatlantique. 

 

Un décor monumental adjugé à 924 000 euros

Plusieurs laques de Dunand sont finalement remontées sur les nouveaux paquebots de la Compagnie : Ile-de-France, Liberté et Flandre. « Les parties hautes de La Conquête du cheval et La Pêche se retrouvent ainsi sur le paquebot Ile-de-France, quelque peu modifiées par le fils de Jean Dunand, Bernard, qui doit adapter les panneaux à une hauteur de ponts inférieure pour ne garder que les trois chevaux sauvages poursuivis par les deux cavaliers au lasso, ainsi que les pêcheurs sur leur barque jetant leurs filets », expliquent les experts du Cabinet Marcilhac. Pour rétablir un décor complet, Bernard Dunand supprime ainsi les éléments du bas de La Conquête du cheval. » Ce panneau tronqué, correspondant à la partie haute du décor, fut à nouveau déposé du paquebot pour rejoindre son actuel lieu d’exposition, le siège social de l’armateur CMA-CGM à Marseille.

Les dix-huit panneaux formant la partie basse du décor initial refirent quant à eux surface sur le marché en 1993, avant d’être redécouverts récemment, près de leur port d’attache, dans une collection particulière au Havre par les commissaires-priseurs François-Xavier Allix et Philippe Revol. « En bon état et n’ayant connu aucune restauration ou modification, ces panneaux attestent de la qualité d’exécution du travail de Dunand et de son atelier, et témoignent de la virtuosité de l’art français des années 1930 ». Adjugé à 924 000 euros (frais compris) le 20 février au Havre, ce dernier témoignage des heures fastueuses du géant des mers restera en France, ont fait savoir les commissaires-priseurs.

 

Jean Dunand (1877-1942), « La conquête du cheval », 1935. Ensemble de dix-huit panneaux en laque or et laques de couleurs sculptés en bas-reliefs sur bâti de « sabi ». Dim. totale de l’ensemble : Haut. : 3,11 – Long. : 5,04 m. Expert : Cabinet Marcilhac. Adjugé à 924 000 euros (frais compris).

 

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