Le 29 mars 2019 | Mis à jour le 4 avril 2019

Vente de l’atelier de Roland Chanco, le double de Picasso

par Diane Zorzi

Pendant plus de 80 ans, Roland Chanconnier, dit Chanco (1914-2017) inventa un style à mi-chemin entre le cubisme et l’expressionnisme, peuplant ses peintures de personnages carnavalesques inspirés de son pair et ami, Pablo Picasso. Mardi 2 avril 2019 à Argenteuil, Maître Elodie Pasquinet dispersera près de 300 toiles et dessins provenant de son atelier. L’occasion de s’offrir un double de Picasso à moins de 1 000 euros.

 

Une nature morte cubiste, un nu déformé, des personnages bariolés : les toiles de Roland Chanco évoquent les œuvres des plus grands maîtres du XXe siècle. Parmi eux, Pablo Picasso avec qui l’artiste originaire d’Indre-et-Loire se lie d’amitié dans les années 1940. « En 1947, Roland Chanco quitte le quartier populaire de Montmartre pour s’installer dans le sud-est de la France à Antibes, rejoignant Picasso, Cocteau, Prévert », explique Maître Elodie Pasquinet. Devant ses œuvres, le peintre catalan ne tarie pas d’éloges, félicitant « un style très personnel », fait de « la même passion » et « fureur de créer ». « Roland Chanco crée comme il respire, projetant sur la toile les images qui l’habitent, poursuit la commissaire-priseur. Nulle peinture cérébrale, nuls concepts picturaux, mais une pratique obsessionnelle ». Cette œuvre prolifique, fruit de plus de 80 années de travail, sera à l’honneur le 2 avril à Argenteuil et sur le Live d’Interencheres où 285 toiles et dessins provenant de l’atelier de l’artiste seront dispersés. Datés de 1930 à 2016, ils retracent le parcours de Roland Chanco qui inventa au gré d’expérimentations un art tout personnel, à mi-chemin entre le cubisme et l’expressionnisme.

 

Roland Chanco (1914-2017), « L’indécis ». Huile sur toile. Signé en haut à gauche, titré et daté 2004 au dos. 114x146cm. Estimation : 1 000 – 1 200 euros.

 

Roland Chanco (1914-2017), « Montmartre, le Moulin de la Galette ». Huile sur toile. Signé en haut à gauche et daté 42, titrée au dos 55x38cm. Estimation : 200 – 300 euros.

Les premières années : de l’innocence à la noirceur

Né à Reignac, en Indre-et-Loire, Roland Chanco s’essaie très tôt au dessin et à la peinture. A 16 ans, il rejoint déjà la capitale, se formant d’abord à la sculpture, pour renouer finalement avec la peinture et s’installer dans le quartier de Montmartre. Là, il travaille sur le motif, peint Le Moulin de la Galette, La rue de l’Abreuvoir, empruntant un style naïf. « Durant ces années, il fait la connaissance des peintres de la Butte, notamment d’Utrillo, Gen Paul, Heuzé et Picasso. » En 1942, profondément marqué par la guerre, Chanco commence une période « noire », à travers des œuvres sombres évoquant l’univers de Georges Rouault. Au lendemain de la guerre, il rejoint la Côte d’Azur et s’installe à Antibes où il entreprend une carrière dans l’électronique médicale, tout en continuant à peindre. « Il poursuit son œuvre figurative avec des dessins au crayon dans lesquels l’influence de Picasso est nettement perceptible par la déformation des nus féminins, avant d’orienter un temps ses recherches vers l’abstraction. »

 

Roland Chanco (1914-2017), « Deux personnages ». Huile sur toile. Signé en bas à gauche, titré et daté au dos 1957. A vue 96x128cm. Un des rares tableaux de la période « noire » de l’artiste à avoir échappé aux flammes de l’autodafé de 1960. Estimation : 1 200 – 1 800 euros.

 

Roland Chanco (1914-2017), « Pascaline ». Huile sur toile. Signé en bas à droite, titré et daté 17.10.74 au dos. 120x80cm. Estimation : 800 – 1 000 euros.

La naissance d’un art kaléidoscopique, entre cubisme et expressionnisme

Mais c’est à partir des années 1960 que Chanco impose véritablement son style. En 1958, il se retire à Roquefort-les-Pins, où il finira ses jours et y brûle en 1960 la quasi-totalité de sa production. « C’était pour lui un moyen de se renouveler. Il développe alors un style tout à fait personnel qui rend ses toiles désormais identifiables au premier regard. » Peuplant ses toiles de personnages hiératiques, exubérants, évoquant des pantins et personnages de cirque, Chanco invente un art « kaléidoscopique », mêlant cubisme et expressionnisme. « De l’expressionnisme, il reprend l’idée d’un art, conçu comme la mise en forme d’une nécessité intérieure et non comme la transposition d’une chose vue. Du cubisme, il retient l’abolition de toute perspective, la décomposition des formes en de multiples prismes et leur recomposition par juxtaposition. Les couleurs vives, parfois violentes mais toujours harmonieuses, posées en aplat sans nuance, y sont totalement arbitraires. » « C’est en regardant dans un kaléidoscope que l’idée m’est venue de transformer des amas de couleurs en compositions picturales », écrira l’artiste.

 

 

Enchérissez sur le Live | Voir la vente du 2 avril à Argenteuil

 

Roland Chanco (1914-2017), « L’entracte ». Huile sur toile. Signé en bas à gauche, titré et daté 2003 au dos. 114x146cm. Estimation : 1 000 – 1 200 euros.

 

Roland Chanco (1914-2017), « Fruits et poisson ». Huile sur toile. Signé en haut à gauche, titré et daté 3.4.79 au dos. 100x81cm. Estimation : 800 – 1 200 euros.

Un artiste coté sur le marché

En 1986, Chanco est sur le point de procéder à un second autodafé avant de se raviser et de disperser une grande partie de sa production aux enchères à Paris. « Plusieurs vacations contribuent alors à la création de sa cote et ses œuvres trouvent leur place chez bon nombre de collectionneurs.»

Les œuvres mises en vente le 2 avril à Argenteuil sont ainsi proposées de 600 à 1 800 euros pour les toiles et de 60 à 300 euros pour les dessins. Des estimations accessibles pour cet artiste dont une toile de 1943 figurant Don Quichotte s’était envolée à 21 000 euros sous le marteau de Maître Jennifer Primpied-Rolland en 2008 à Manosque.

 

 

 

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