Le 17 septembre 2021 | Mis à jour le 17 septembre 2021

Deux marines de Lacroix de Marseille aux enchères près de Lyon

par Magazine des enchères

Charles-François Lacroix de Marseille s’est illustré au XVIIIe siècle à travers ses marines, inspirées du travail de son maître Claude Joseph Vernet. Le 18 septembre à Corbas, une paire de paysages marins peints autour de 1750 sera proposée aux enchères par la maison Bérard-Péron, avec une estimation à plus de 50 000 euros.

 

Si peu d’éléments biographiques subsistent au sujet de Charles-François Grenier de Lacroix, ce peintre français, qui aurait vécu entre 1700 et 1782, s’illustra au XVIIIe siècle à travers des toiles perpétuant la tradition des paysages marins initiée par son maître, Claude Joseph Vernet. Un séjour prolongé dans la cité phocéenne lui valut le surnom de Lacroix de Marseille, bien que sa carrière soit émaillée de voyages entre la France et l’Italie. De ce brillant artiste, demeurent aujourd’hui des marines dans lesquelles évoluent des personnages, éclairés par le douce lueur du lever du jour ou les nuances rougeoyantes d’un soleil couchant, à l’instar des deux tableaux présentés aux enchères le 18 septembre à Corbas, près de Lyon. Si ces deux œuvres n’ont pas été peintes la même année, la maison Bérard-Péron a décidé de les réunir, le temps d’une vente. « L’idée est d’apparier des tableaux d’un même artiste, mais de périodes différentes, qui peuvent constituer une paire comme le jour et la nuit ou le matin et le soir. Il s’agit d’une formule communément admise au XVIIIe siècle », précise l’expert René Millet.

 

Le matin des pêcheurs

Opposant le petit matin à un coucher de soleil, les deux tableaux adoptent une même composition. La ligne d’horizon, volontairement abaissée, invite l’œil à rejoindre le large depuis la berge qu’animent des pêcheurs ou danseurs. Avec Pêcheurs près d’un port au petit matin, l’artiste dépeint un groupe de personnages s’affairant au bord de l’eau pour déverser sur la berge le fruit de leur pêche fructueuse. A leurs côtés, deux fumeurs arborent des turbans en guise de coiffes, dans une évocation fantaisiste des turqueries alors à la mode. Ils sont accompagnés d’une femme qui semble réceptionner les victuailles. Au loin, deux silhouettes, accoudées à la balustrade d’une fortification, observent de leur promontoire le rituel matinal.

Avec cette scène de pêche, qu’aucun élément ne permet de localiser, l’artiste s’inscrit dans la tradition des paysages peints lors du Grand Tour, recourant à sa seule imagination. Le tableau, daté autour de 1750-1754, incarne une période au cours de laquelle Lacroix séjourne à Rome et côtoie les plus grands peintres de marines, à l’instar d’Adrien Manglard et Claude Joseph Vernet, également présents dans la capitale italienne. « Elève de Claude Joseph Vernet, Lacroix de Marseille adopte entièrement le style de son maître dans la représentation du paysage, oscillant entre réalisme et ornement, avec l’insertion de personnages de petite taille au premier plan, souvent représentés dans leur quotidien », détaille l’expert René Millet. Si le peintre connaît des années difficiles à Rome, étant contraint de vendre des œuvres pour vivre, il y perfectionne son style et connaîtra le succès une vingtaine d’années plus tard dans son pays d’origine, de Marseille à Paris. 

 

Charles François Lacroix de Marseille (vers 1700, vers 1782). Pêcheurs près d’un port au petit matin. 49 x 63,5 cm. Estimation pour la paire : 50 000 – 80 000 euros.

 

Une danse au coucher du soleil

Le second tableau proposé aux enchères, Le Coucher de soleil, figure au premier plan, toujours au bord de l’eau, des personnages s’adonnant à une danse pittoresque, au rythme des accords d’un instrument à cordes dont joue un musicien représenté de dos. D’imposants navires accostés, une cité fortifiée et des falaises escarpées complètent une composition dense, où le ciel occupe la moitié de l’espace. Lacroix de Marseille porte une attention particulière à la représentation des effets atmosphériques, dépeignant des ciels teintés de brume ou illuminés par l’émergence d’un rayon de soleil. Ici, des nuées roses et bleutées accompagnent la douce lumière du coucher du soleil, pour conférer une veine romantique à l’ensemble. Les deux tableaux sont typiques du début de carrière du peintre par la relative clémence des éléments. Dans ses années de maturité, ses tableaux seront le théâtre de naufrages, éruptions et tempêtes.

 

Charles François Lacroix de Marseille (vers 1700, vers 1782). Le coucher de soleil. 49 x 63,5 cm. Estimation pour la paire : 50 000 – 80 000 euros.

 

Une paire estimée entre 50 000 et 80 000 euros

Les œuvres de Lacroix de Marseille habillent aujourd’hui les murs de nombreux musées français et internationaux, du Musée des beaux-Arts de Marseille au Musée d’art de Dallas. Aux enchères, un record avait été établi en 1999 à Londres, avec la vente d’une paire intitulée Matin (Côté méditerranéenne) / Soirée (Port méditerranéen), adjugée 1 142 084 euros. Le thème adopté était à nouveau une marine animée par le pittoresque spectacle des marins, pêcheurs et flâneurs. Plus récemment, au mois de mars dernier à Paris, Port du sud avec l’arche de titus, une marine influencée par les voyages de Lacroix de Marseille au pays de Dante, avait été cédée pour 170 000 euros. De son côté, la paire Pêcheurs près d’un port au petit matin/Le coucher de soleil est estimée entre 50 000 et 80 000 euros. A noter que la vente du 18 septembre comptera également un paravent exceptionnel exécuté par le célèbre maître laqueur Hoang Tich Chù, l’un des plus grands peintres de la première génération des maîtres laqueurs vietnamiens. 

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