Le 16 septembre 2024 | Mis à jour le 24 septembre 2024
L’atelier d’un céramiste de l’âge d’or de Vallauris dispersé aux enchères à Cannes
par Magazine des enchères
Disparu en août 2023, Gilbert Portanier, céramiste majeur de l’après-guerre, laisse derrière lui son atelier de Vallauris empli de pièces inédites demeurées à l’abri des regards. Sa femme, Annette Portanier, confie à la maison Pichon & Noudel-Deniau la vente de près de 200 pièces emblématiques, pour la plupart jamais exposées. Prévue le 5 octobre à Cannes, cette vente aux enchères historique permet de retracer et de redécouvrir le parcours artistique de ce dernier représentant de l’âge d’or de Vallauris.
La vente rassemble 193 pièces inédites réalisées entre 1950 et 1984 et provenant directement de l’atelier de Gilbert Portanier (1926-2023). Pensée chronologiquement, cette vente offre un aperçu de l’évolution artistique de ce céramiste emblématique de l’âge d’or de Vallauris. « On classe, on plonge dans les archives, dans les premières expositions, on met de l’ordre pour que l’on puisse comprendre son parcours artistique. C’est une des richesses de notre métier de rentrer au cœur de la création. » Le commissaire-priseur Julien Pichon souligne le caractère exceptionnel et authentique de cette redécouverte, de nombreuses pièces étant restées dans son atelier depuis leur création, pour les plus anciennes depuis les années 1950. La vente présente à la fois des pièces emblématiques et d’autres totalement inconnues des collectionneurs. Elle sera l’occasion de découvrir la richesse de son travail au travers des formes, des émaux et des motifs jusqu’ici à l’abri du regard du grand public.
Des pièces inédites réalisées entre 1950 et 1984
Pour ce « magicien des couleurs » – titre de l’exposition qui lui fut consacrée par le Musée national de la Céramique de Sèvres en 1998 -, la céramique est une toile vierge qui lui permet d’exprimer tout son talent de peintre. Sa femme, Annette Portanier, se remémore la spontanéité de celui qui « découvrait son décor après avoir terminé ». « Je ne fais jamais d’esquisse préparatoire, expliquait Gilbert Portanier. La création est le fruit des mille images qui flottent derrière mes yeux, mélangées aux pensées antérieures, à la lumière et à l’instant où je m’assois pour préparer mes couleurs devant la tournette. » Contrairement à ses contemporains de Vallauris qui se tournaient souvent vers la production en série, Portanier a privilégié les pièces uniques, dont les décors abstraits ou figuratifs, empreints de poésie, illustrent principalement des scènes de la mythologie et de la vie quotidienne. La vente réunira une grande variété de pièces : des vases bouteilles, des totems, des plats, des coupes ou encore des sculptures et pièces de forme. Elles témoignent de son attrait pour la couleur et le dessin, à la limite de la calligraphie, qui invitent le spectateur à la rêverie.
Les premières pièces de Portanier – coupelles, plaques et grandes coupes des années 1950 – présentées dans cette vente, montrent déjà un talent pour faire fusionner peinture et céramique. Les collectionneurs pourront également découvrir des boîtes à couvercle ornementées, dont les décors révèlent une attirance pour les formes archaïques. Enfin, les « machines en terre » créées vers 1960 et dont l’exposition en 1964 fut un événement novateur, des sculptures en céramique influencées par l’esthétique industrielle et mécanique, sont un exemple de ces pièces inédites dont la découverte contribue à la compréhension du parcours artistique de Portanier.
Gilbert Portanier, l’âge d’or de Vallauris
Vallauris, ville de tradition potière initialement dédiée à la céramique culinaire, devient un haut lieu de création artistique avec l’arrivée de Picasso à la fin des années 1940. Ce dernier attire dans son sillage de nombreux artistes comme Roger Capron, Jean Derval et Gilbert Portanier. Dans les années 1960, Vallauris est devenue un important foyer créatif dans l’art du feu et connaît un rayonnement international. C’est en 1948 que Gilbert Portanier, venu découvrir la Côte d’Azur en compagnie d’Albert Diato, fait la connaissance de Picasso. « J’étais loin de savoir que j’engageais ma vie en cet été 1948, lorsqu’à l’occasion d’une visite à Picasso avec mes amis Albert Diato et Francine Delpierre, je décidais de goûter la terre pour un été à Vallauris. » C’est une rencontre déterminante : initialement formé à la peinture et à l’architecture, Portanier découvre alors la céramique décorative qui sera une véritable révélation artistique.
Gilbert Portanier fonde avec Albert Diato et Francine Delpierre son premier atelier « Le Triptyque » et participe aux expositions locales. Ses amis repartis à Paris, il connaît une période difficile mais véritable passionné, il ne renonce pas. Il rencontre Bob Gesinus, peintre moderne néerlandais installé dans la région de Cannes qui l’aide à trouver un nouvel atelier en 1954, une ancienne poterie du XIXe siècle, où il demeurera jusqu’à la fin de sa vie. En hommage au grand céramiste que fut Gilbert Portanier, décédé à Vallauris le 15 août 2023, la rue qui abrite son atelier portera bientôt son nom, et une exposition lui sera consacrée au musée Magnelli de Vallauris à partir du 19 octobre prochain.
Un rayonnement international
Gilbert Portanier, né à Cannes en 1926, à la recherche de ses racines familiales belges, s’installe un temps à Bruxelles où il rencontre Pierre Alechinsky, Magritte et Marcel Lecompte. En 1953, il obtient la Médaille d’argent à l’Exposition universelle de Bruxelles. Sa renommée s’étend à l’Allemagne après l’invitation, en 1954, du directeur du Museum für Kunst und Gewerbe de Hambourg où Portanier expose ses œuvres, aux côtés de Picasso et de Fernand Léger. Il expose ensuite à Cologne en 1956, à Hagen en 1957, à Budapest en 1961, à New York et Cologne en 1963, et à Dortmund en 1964. Il est introduit par Bob Gesinus auprès de Philip Rosenthal, à la tête de la Manufacture allemande Rosenthal, célèbre pour sa porcelaine. Portanier en devient, en 1966, l’un des designers attitrés. Il crée ses collections avec la complicité de Peter Siemssen, directeur des galeries Rosenthal, avec qui il tisse une grande amitié et qui lui consacre un chapitre dans sa fondation privée entièrement dédiée à l’art de la céramique à Wesenberg. Portanier expose aussi en Russie, aux États-Unis, en France – où il est primé à la Biennale de Vallauris – ainsi qu’en Italie. Aujourd’hui, ses œuvres sont exposées au Musée de la Céramique de Vallauris et au musée des Arts Décoratifs de Paris.
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