Le 30 décembre 2019 | Mis à jour le 30 décembre 2019

Pourquoi les montres Patek Philippe déchaînent les passions aux enchères ?

par Arthur Frydman

Le marché des montres de collections se porte bien. La cote de certains modèles explose, notamment ceux du maître horloger suisse Patek Philippe. Décryptage.

 

Le marché des montres vintages (ayant au minimum une vingtaine d’années au compteur) et plus largement celui des ventes aux enchères horlogères est en pleine expansion. Comme le décrypte Geoffroy Ader, expert en horlogerie près les maisons AuctionArt Rémy le Fur et associés, Le Floc’h ou Blanchet et Associés, « chaque année, les enchères horlogères génèrent un total de près de 500 millions d’euros. En 20 ans, elles ont explosé avec un terreau de collectionneurs qui achètent et revendent avec une réelle dynamique ». Plus parlant encore, sur Interencheres, « montre » et « Rolex » ont été les deux mots-clés les plus recherchés en 2019 dans la catégorie Art et objets de collection.

 

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© Interencheres.

 

« Aujourd’hui, les collectionneurs sont à la recherche de modèles vintage, rares et de qualité, proches de leur état d’origine », analyse Didier Guedj, expert en horlogerie pour la maison Aguttes.  « Une montre verra sa cote croître lorsqu’elle est accompagnée de documents attestant de son authenticité et d’un écrin. L’acheteur sera ainsi rassuré en connaissant la provenance et la traçabilité de l’objet », appuie l’expert.

Le marché se structure en deux catégories. Plus précisément en deux marques. D’une part, Rolex, qui incarne la montre sportive, le garde-temps de l’exploit, dont les nombreuses variantes font la joie des collectionneurs. D’autre part, Patek Philippe, « la reine des montres au prestige historique », d’après Alexis Francis-Bœuf, expert en horlogerie pour la maison Millon. En effet, parmi les montres les plus recherchées, les modèles de la marque genevoise, fondée en 1839, affolent les adjudicataires, prêts à mettre des sommes folles dans les garde-temps qui pareront leur poignet.

 

Patek Philippe. Chronographe bracelet en acier. Boîtier fermeture à pression. Cadran argenté avec deux compteurs pour l’indication des 30 minutes et des secondes, minuterie chemin de fer avec graduation 1/5e de secondes. Mouvement mécanique, décoration « Côtes de Genève », 23 rubis, 8 ajustements, balancier bimétallique, réglage micrométrique. Adjugé à 75 000 euros (frais compris) par Guillaume Le Floc’h le 31 mars 2019 à Saint-Cloud. © Le Floc’h.

 

Tel a été le cas d’une référence 1463, un chronographe en or rose (18 carats) fabriqué pour le marché français dans les années 1950. Plus spécifiquement, il s’agit de la première montre-bracelet avec chronographe résistante à l’eau. Le modèle a été adjugé à 215 900 euros, soit plus de trois fois son estimation basse le 25 novembre dernier chez AuctionArt Rémy le Fur et associés. L’adjudication se justifie notamment en raison de sa provenance, critère qui fait exploser la cote d’une montre, comme pour l’art. Conservé par les descendants du propriétaire d’origine, le modèle porte aussi la marque du poinçon de maître Jean Guillermain, un célèbre joaillier parisien des années 1950.

 

Patek Philippe. Référence 1463. Boîtier No. 672786. Mouvement No. 868519. Chronographe bracelet en or rose 18k (750) fabriqué pour le marché français. Boîtier rond, fond vissé, le dos portant les poinçons de garantie d’importation en France. Cadran argenté avec chiffres arabes et index bâtons appliqués, deux compteurs pour l’indication des minutes et des secondes, graduation tachymètre. Mouvement mécanique, capsule de protection, Cal. 13 lignes, 23 rubis, 8 ajustements, balancier spiral, réglage micrométrique. Diam. 35 mm. Accompagné d’un extrait des registres délivré le 21 octobre 2019 par la manufacture Patek Philippe mentionnant les caractéristiques de la montre ainsi que la date de fabrication en 1953 et la date de vente le 1er mai 1954. Adjugé à 215 900 euros (frais compris) par AuctionArt Rémy Le Fur et associés le 25 novembre 2019 à Paris. © AuctionArt Rémy Le Fur.

 

Autre exemple parlant, le 27 novembre dernier s’envolait chez Aguttes une rarissime Patek Philippe (référence 5970G) de 2006 en or gris pour plus de 100 000 euros. « Un modèle chronographe à phase de Lune et quantième perpétuel, aussi mythique que prestigieux, accompagné de l’écrin de voyage et de son certificat d’origine », souligne Alexis Francis-Bœuf.

 

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Patek Philippe. Référence 5970G 2006. Boitier or gris 18 carats. Mouvement mécanique à remontage manuel. Calibre CH 27-70Q. Complication chronographe, phase de lune et calendrier perpétuel. Bracelet cuir. Boucle déployante Patek Philippe en or gris. Diam : 40mm. Boite, sur boite, écrin de voyage et papiers dont certificat d’origine. Adjugé à 100 100 euros (frais compris) par Aguttes le 27 novembre 2019 à Neuilly. © Aguttes.

 

Si ces adjudications records confirment l’intérêt certain des collectionneurs, l’origine de cet engouement qui dépasse le simple phénomène de mode, intrigue. « Patek Philippe représente l’excellence d’un savoir-faire horloger. Un objet rare que l’on veut transmettre et une valeur d’investissement », explique Geoffroy Ader. Les acheteurs recherchent toujours la même chose, à savoir des montres de référence avec une histoire et un pedigree, Patek Philippe recouvrant parfaitement ces aspects. C’est l’une des manufactures qui incarne le plus la notion de luxe au sein du monde de l’horlogerie contemporaine, car ses maîtres mots sont demeurés, depuis 1839, élégance avec des lignes parfaites et d’une grande pureté, sobriété et excellence technique. Surtout, « la firme cultive la rareté car très peu de modèles sont produits, ce qui attire davantage les futurs adjudicataires », ajoute Didier Guedj.

 

Patek Philippe. « Nautilus ». Référence 5712/1A. Très belle montre bracelet en acier. Boîtier coussin, fond transparent et couronne vissés. Cadran bleu nuit tramé avec index bâtons et aiguilles luminescentes. Indication de la réserve de marche à dix heures, dateur et phase de lune à sept heures et petite trotteuse à 4 heures. Mouvement automatique à microrotor. Bracelet en acier poli brillant et brossé avec double boucle déployante en acier signée Patek Philippe. Cadran, boîtier et mouvement signés. Dim : 42x44mm Avec son écrin et ses papiers d’origine. Adjugé à 58 880 euros (frais compris) par Gros & Delettrez le 4 décembre 2019 à Paris. © Gros & Delettrez.

 

Les modèles les plus recherchés de la maison ? La Nautilus, la Calatrava, la Manta Ray ou l’Aquanaut. « Des valeurs sûres dont la prise de valeur est quasi constante mais qui requièrent bien souvent la patience des collectionneurs. Il faut compter neuf ans d’attente pour s’offrir une Nautilus neuve et certains doivent en outre montrer patte blanche et se fendre d’une lettre de motivation », s’amuse Alexis Francis-bœuf. Enfin, la contrefaçon horlogère entre en jeu. Contrairement à Rolex, marque la plus contrefaite ou Audemars Piguet, « il est extrêmement difficile de copier une Patek Philippe. Cela rassure les collectionneurs » conclue Didier Guedj.

 

Patek Philippe. « Aquanaut, Travel Time ». Référence 5164A. Montre bracelet de plongée en acier. Boîtier tonneau. Fond transparent et couronne vissés. Cadran noir avec chiffres arabes appliqués et aiguilles luminescentes. Indication du second fuseau horaire indiqué par une quatrième aiguille centrale et indication jour/nuit des deux fuseaux horaires par guichet à trois heures et neuf heures. Mouvement automatique. Bracelet en caoutchouc noir avec boucle déployante en acier signée Patek Philippe. Cadran, boîtier et mouvement signés. Dim. : 41x41mm Avec son écrin et ses papiers d’origine. Adjugé à 40 960 euros (frais compris) par Gros & Delettrez le 4 décembre 2019 à Paris. © Gros & Delettrez.

 

 

Crédit photo en Une © Nathalie Baetens

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