Le 13 novembre 2024 | Mis à jour le 13 novembre 2024

Un rare miroir magique signé d’un pionnier de la photographie aux enchères à Angers

par Magazine des enchères

A première vue c’est un miroir à main… Mais ce curieux objet est, à y regarder de plus près, un objet scientifique étonnant : une visionneuse de photographies microscopiques ! Il est signé René Dagron, l’un des pionniers de la photographie.

 

Ce miroir magique n’en est pas un ! Il s’agit en fait d’une visionneuse pour des micro-photographies de 2 mm de diamètre. Isabelle Cazeils s’est chargée de l’expertise de cette pièce vendue le 20 novembre à Angers par la maison Deloys : « D’après mes recherches, cet objet a été conçu par René Dagron, un photographe qui a travaillé sur des bijoux microscopiques. Il a déposé en 1859 et 1860 un brevet correspondant à ce miroir magique ».

 

René Dagron, pionnier de la photographie

Inventeur et pionnier de la photographie, René Dagron a effectivement été le premier à breveter un procédé de micro-vues qui peuvent être regardées grâce à une loupe de Stanhope. Il est également l’auteur en 1862, d’un ouvrage titré « Les cylindres photo-microscopiques montés et non montés sur bijoux, brevetés en France et à l’étranger par M. Dagron » (Paris, rue Neuve-des-Petits-Champs, 66, 1962, 36 pages). A l’exposition universelle de 1867, il présente un dispositif permettant de voir les portraits des 400 députés sur une surface de 1 mm carré… puis exploite son invention sur les bijoux qu’il fabrique : bagues ou pendentifs dissimulant les petites photos. Lors du siège de Paris en 1870, René Dagron propose d’utiliser son invention pour envoyer des messages transportés par pigeon voyageur… mais le ballon qui les transporte, lui et son équipement, est touché par les Prussiens. C’est finalement de Tours qu’il met au point ce transport de dépêches miniaturisées.

 

René Dagron (1819-1900). « Miroir Magique », modèle n°48. Vers 1860. 27 x 14 x 2,5 cm. Poids 540 grammes. En métal (attr. Bronze), 42 vues microscopiques (environ 2 mm) ou « Stanhopes » afin de visualiser diverses images. Présenté par la maison Deloys le 20 novembre, estimé entre 2 000 et 3 000 euros.

 

Un miroir visionneuse fabriqué à Paris autour de 1860

« Je pense que ce miroir magique a été fabriqué à Paris et qu’il n’existe qu’une cinquantaine d’exemplaires, celui-ci portant le numéro 48. J’ai retrouvé la trace d’un numéro 33 passé en vente voilà une dizaine d’années », avance l’experte. Elle a pu jeter un coup d’œil à travers l’œilleton sur les vues contenues dans le dispositif : « ce sont des bâtiments, un peu flous, mais je suppose qu’il s’agit de monuments de Paris car c’était à la mode à cette époque-là. Ce qui est exceptionnel, c’est qu’il s’agit bien de photos positives et non de négatifs ».

Autre indice, sur la face avant du miroir magique (l’objet est en métal, un alliage proche du bronze) figurent les armes de la ville de Paris, ainsi qu’une petite scène sculptée représentant un magicien avec sa baguette devant des spectateurs. Un mécanisme rotatif dissimulé à l’intérieur et relié à une petite manivelle au dos de l’objet permettait de faire tourner les photos. L’estimation de 2 000 à 3 000 euros semble très attractive (le numéro 33 ayant été adjugé 19 000 euros à l’étranger voilà une dizaine d’années), et les amateurs de photographies anciennes comme d’objets insolites devraient faire monter les enchères… « Après tout, René Dagron fait partie des pionniers de la photographie et ce type d’objets scientifique a ses adeptes », ajoute Isabelle Cazeils.

Enchérir | Suivez la vente de la visionneuse de micro-photographies le 20 novembre en live sur interencheres.com

 

Détail de la face avant du miroir, armes de la ville de Paris.

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