
Un tableau inédit de Tamara de Lempicka aux enchères à Paris
Le 3 juillet prochain, la maison Rossini présente aux enchères Jeune Hollandaise, un tableau inédit de Tamara de Lempicka, peint en 1941 aux États-Unis et exposé au Salon d’Automne de 1944. Estimée entre 400 000 et 700 000 euros, cette huile sur toile issue d’une collection privée n’avait plus été vue depuis 1955.
[Mise à jour, 7 juillet] Jeune Hollandaise de Tamara de Lempicka a trouvé preneur à 1 184 960 euros (frais inclus).
Icône de l’Art déco et portraitiste de l’élite européenne, Tamara de Lempicka fascine par son audace artistique et son destin mouvementé. Formée à Saint-Pétersbourg puis à Paris, elle impose dès les années 1920, une peinture sculpturale, féminine et puissante. Exilée deux fois – d’abord par la Révolution russe, puis par la Seconde Guerre mondiale – elle se réinvente à chaque fois, jusqu’à sa période américaine, la plus contemplative. L’œuvre présentée le 3 juillet à Paris par la maison Rossini correspond au début de cette période de retrait et de maturation artistique.
Une œuvre peinte en exil
C’est à Paris, au début des années 1920, que Tamara de Lempicka décide de devenir peintre. Maurice Denis (1870-1943), figure du mouvement nabi, puis André Lhote (1885-1962), l’un des principaux représentants du cubisme, sont ses maîtres. Cet apprentissage lui permet de se construire un langage pictural très personnel, entre tradition et modernité. Très influencée par le maniérisme italien du XVIe siècle et les cubistes du début du XXe, elle crée un style reconnaissable entre tous.
Elle peint Jeune Hollandaise en 1941 alors qu’elle est réfugiée aux États-Unis, fuyant la guerre. Loin du faste de la haute société parisienne qu’elle représente dans les années 1920, l’artiste amorce ici une transition vers un art plus introspectif. Tamara de Lempicka rend hommage aux grands maîtres de la peinture flamande du XVIIe siècle, insérant dans sa composition des éléments emblématiques traduisant cette influence, comme une lumière diffuse et un certain symbolisme des objets. Cette œuvre est également un hommage à Vermeer et à sa célèbre Laitière, même si elle conserve la force visuelle propre à l’artiste. Jeune Hollandaise conserve la rigueur formelle et l’élégance de l’Art déco qu’elle développe à partir des années 1920, même si ce style commence à s’effacer dans les années 1940.

Tamara de Lempicka (1894-1980), Jeune Hollandaise, 1941, huile sur toile rentoilée signée en bas à droite, au dos une
étiquette avec le titre et un n°1, 63,5×56 cm. En vente chez Rossini le 3 juillet à Paris, estimée 400 000 et 700 000 euros.
Une importante redécouverte
Signe de son importance dans la carrière de l’artiste, l’œuvre est choisie par Tamara de Lempicka elle-même pour être exposée au Salon d’Automne de 1944, évènement symbolique marquant la Libération. Elle est également exposée en 1955 dans la galerie parisienne André Weil, avant de disparaître du regard du public pendant près de 70 ans. Acquis en 1947 par monsieur Louis Riz, le tableau est resté dans sa descendance jusqu’à aujourd’hui, c’est donc sa toute première apparition aux enchères.
Il existe une seconde version de ce tableau si particulier, intitulé La Hollandaise II, peint par l’artiste des années plus tard en 1957 et actuellement conservé en Pologne au musée de Lublin. Une importante redécouverte pour une artiste dont la production estimée est assez limitée, à voir chez Rossini !