Un vase chinois impérial du XIXe siècle adjugé 186 000 euros à Blois
Le 7 décembre à Blois, la maison de vente Pousse-Cornet-Valoir présentait aux enchères un somptueux vase en porcelaine de l’époque Jiaqing. Ce chef-d’œuvre de la Chine impériale du XIXe siècle a pulvérisé son estimation, trouvant preneur à 186 000 euros.
Découvert dans un manoir du Berry appartenant à une vieille famille française, ce vase aurait été acquis au début du XXe siècle. Bien qu’il soit d’époque Jiaqing (1796-1820) et non Qianlong (1735-1796), il reste une pièce remarquable de par sa qualité d’exécution et sa provenance impériale. Expertisé par le cabinet Portier, il affichait une estimation prudente comprise entre 60 000 et 80 000 euros, qui a été largement dépassée lors de sa vente à Blois le 7 décembre, le vase trouvant preneur à 155 000 euros (186 000 euros avec les frais).
Un vase en porcelaine à décor émaillé de la famille rose
Fabriqué à Jingdezhen, centre névralgique de la porcelaine impériale, ce vase balustre globulaire couvert est un témoin précieux de l’époque Jiaqing. Malgré un contexte marqué par des soulèvements sociaux et une pression commerciale croissante de l’Europe, l’empereur Jiaqing a su maintenir l’excellence des arts décoratifs héritée de son père, l’empereur Qianlong. Ce vase, avec sa marque impériale à six caractères en zhuanshu, témoigne de cette continuité. Son décor, typique du style de la famille rose, illustre une maîtrise technique et esthétique rare. L’émail polychrome, associé à des touches d’or, crée un équilibre parfait entre raffinement et profusion. L’experte Alice Jossaume précise que « ce décor est d’une qualité équivalente aux créations de la fin du XVIIIe siècle, avec un beau fond bleu, pas poudré, mais opaque, très rare, sur lequel ressortent très bien les fleurs roses.«
Un décor riche à la symbolique foisonnante
Le vase séduit autant par sa beauté que par sa richesse iconographique. En partie inférieure, une fleur de fruit de la passion s’entrelace avec un nœud sans fin, symbole bouddhique évoquant l’interdépendance universelle et le cycle éternel de la vie. Reliées à ce nœud, des plaques sonores, instruments en jade utilisés lors des cérémonies religieuses, s’associent harmonieusement aux rinceaux feuillagés et fleurs de lotus, emblèmes de pureté et d’éveil spirituel.
Dans la partie supérieure, on retrouve des chauves-souris, homophones du mot bonheur (fu), et le caractère shou, synonyme de longévité. Ces motifs, souvent utilisés sur les porcelaines impériales, témoignent de la volonté de relier art et spiritualité dans la culture chinoise. Les anses en forme de sceptres ruyi, objets de bon augure dans la culture chinoise, renforcent la majesté de ce vase. Ce détail le rapproche d’une pièce similaire conservée au Palais impérial de Beijing, reproduite dans « The Complete Collection of Treasures of the Palace Museum, Gugong – Porcelain with cloisonne enamel decoration and Famille rose decoration, Beijing » (n°173, p. 196). Le couvercle, surmonté d’un bouton de lotus, est décoré de motifs floraux, de svastikas et d’une frise de ruyi. Enfin, les frises de grecques de ce superbe rose qui ornent le pied et le rebord du couvercle sont typique du décor nommé yangcai. Elles rappellent l’introduction au XVIIe siècle par les Jésuites de l’émail rose dit « pourpre de Cassius ».
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