Acheter un cheval aux enchères, mode d’emploi
Les ventes aux enchères ne concernent pas que des objets inanimés… En novembre, Orne Enchères propose une vente d’équidés parfaitement vivants ! Découverte de ces ventes de chevaux très particulières.
Un meuble ou objet vendu aux enchères est décrit et évalué grâce au nom de son auteur, son ancienneté, aux matériaux qui le composent, à son état général… Qu’en est-il lorsque le « lot » est un cheval ? Décryptons pour exemple le lot numéro 12 de la vente du 21 novembre organisée par Orne Enchères. Il s’agit d’un yearling ce qui signifie qu’il est considéré comme un poulain d’un an (year), il est alezan, c’est sa couleur, et de race selle français, une race connue pour ses capacités en sport et saut d’obstacle.
La notice donne également les noms de ses parents de même race, et le numéro SIRE indique qu’il a bien été déclaré auprès du Système d’Information Relatif aux Equidés. Cette démarche est obligatoire, quelle que soit la race du cheval.
Quant à son estimation, 4 000 à 5 000 euros, elle a été déterminée par plusieurs facteurs : « la qualité de ses parents, l’état d’avancement de son débourrage ou dressage, ses résultats éventuels en compétition, et un indice de points attribués par l’association des éleveurs de chevaux », détaille le commissaire-priseur Patrice Biget. Ces points tiennent compte des performances de ses parents, frères, sœurs, grand-parents, ce qui donne une idée de ses capacités : « dans le cas d’un jeune cheval, ce que nous vendons c’est de la génétique », résume le commissaire-priseur.
Poulain étalon, hongre, jument ?
La vente compte également quelques poulinières, qui sont donc vendues pour leur capacité reproductives, et dans ce cas les acheteurs examinent le parcours des poulains déjà nés. Un étalon sera noté à la fois sur ses performances de reproducteur et sur ses dispositions sportives alors qu’un hongre (cheval mâle castré) ne peut être envisagé que pour la pratique sportive. Dans le cas d’une jument, les deux carrières peuvent être envisagées, en fonction des origines. Et signalons au passage le lot 19, qui sera vendu par l’étude Lainé à Caen : il s’agit d’un étalon percheron de trois ans, pratiquant l’attelage… Il détonne un peu au milieu des chevaux de sport !
« Pour les chevaux destinés à la monte, nous fournissons également un dossier vétérinaire avec un compte rendu de visite et des radios des membres », précise le commissaire-priseur. Car il faut savoir qu’une fracture se guérit très difficilement sur un cheval de sport… Ces chevaux peuvent également être essayés par les cavaliers acheteurs, à qui il suffit de prendre rendez-vous auprès de l’étude. Les cavaliers ne sont pas les seuls à participer aux ventes : « des éleveurs, des marchands de chevaux, des cavaliers particuliers participent aux enchères, qu’ils soient français ou étrangers, mais il s’agit toujours de connaisseurs car on n’achète pas un cheval par hasard », sourit le commissaire-priseur. Voilà environ 35 ans qu’il organise ce type de vente en Normandie, une région connue pour ses élevages au rythme d’une ou deux vacations par an : « les ventes de chevaux, cela existe depuis le XIXe siècle, c’est à l’origine une tradition anglo-saxonne, mais des maisons de ventes françaises spécialisées animent ce marché depuis longtemps ».
Estimation, frais, caution
Le commissaire-priseur a choisi de mettre des estimations de départ assez attractives, afin de susciter les enchères. Cependant, il ajoute « sauf exception les adjudications reflètent au final le prix du marché, avec un vrai avantage de rapidité, la vente classique d’un cheval peut donner lieu à des négociations longues, alors que dans le cas d’une vente aux enchères, tout le monde tombe d’accord en quelques minutes ». Les frais sont les mêmes pour tous les équidés présentés, même si une partie vient du judiciaire (il s’agit en général d’écuries ou d’élevages qui ferment), et une autre du volontaire.
Très concrètement, le jour de la vente, les chevaux défilent tenus en main devant les acheteurs, comme cela se produit pour un objet dans une salle de vente. Dernière particularité de ce type de vente : une caution est demandée avant toute participation aux enchères. Patrice Biget s’en explique : « Nous ne pouvons pas, en cas d’impayé ou même de paiement en retard, mettre le cheval au garde-meuble… Donc nous devons nous assurer que l’enchérisseur final viendra bien le chercher rapidement ». L’enlèvement de ces chevaux se fait normalement le jour même, les enchérisseurs sont donc priés de venir avec un véhicule adapté…