Le 15 décembre 2022 | Mis à jour le 24 avril 2024

Les deux roues de collection connaissant un engouement aux enchères

par Magazine des enchères

Selon une étude menée par Interencheres, le marché des deux-roues de collection connaît un engouement inédit depuis 5 ans, avec une accélération ces 2 dernières années. Décryptage. 

 

Sans remonter aux moins de 125 cm3 d’avant-guerre qui intéressent plutôt les passionnés endurcis de motos, les scooters, apparus dans l’immédiat après-guerre, font l’objet d’un marché soutenu, qui a ses « stars » rares et recherchées.

 

« Les scooters, Solex et minimotos, symboles de liberté pour des générations de lycéens et étudiants, font l’objet d’un engouement inédit aux enchères, après avoir été longtemps oubliés au fond des granges ou des caves. Cette montée en puissance, progressive depuis cinq ans, a enregistré une accélération ces deux dernières années. Elle s’inscrit dans une tendance plus globale marquée par l’augmentation du prix moyen des véhicules de collection à mesure que l’offre se tarit avec la pénurie, mais correspond également au regain d’intérêt des nouvelles générations pour le vintage. Ces deux-roues sans permis de moins de 125 cm3 arborent une esthétique typique des années 1970, 1980 et 1990 et avec leur patine promettent un voyage dans le temps dépaysant pour leurs conducteurs. Ce nouveau dynamisme traduit d’ailleurs également la nostalgie de certains acheteurs qui souhaitent s’offrir le deux roues de leurs années étudiantes ! »

Diane Zorzi, rédactrice en chef du Magazine des enchères

 

Piaggio et Lambretta : les constructeurs italiens font la course en tête

Les constructeurs italiens Piaggio et Lambretta qui ont popularisé ces véhicules sont les plus courus. Le record d’enchère revient d’ailleurs cette année à une authentique Vespa militaire construite sous licence Piaggio en France. Mais la marque qui incarne par son nom même le scooter suscite un intérêt marqué même pour des modèles plus récents, à l’instar du 125 PX série spéciale 30 ans de 2009 qui a été adjugé 6 125 euros.

 

A gauche : 17 400 € pour une vespa militaire. Cette authentique Vespa militaire construite sous licence Piaggio en France a été modifiée pour le transport d’un canon de 75 mm. Elle a été utilisée à la fin des années 1950 par les troupes aéroportées françaises pendant la guerre d’Algérie. En état d’origine et non restaurée, elle a obtenu 17 400 euros lors d’une vente organisée par la maison Osenat le 20 juin 2022 à Fontainebleau, soit le double de son estimation basse fixée à 8 000 euros. A droite : 6 125 € pour une vespa 125 PX de 2009. Ce 125P X est issu de la série spéciale 30 ans de 2009. Son allure vintage a séduit les enchérisseurs qui ont poussé les enchères jusqu’à 6 125 euros lors d’une vente organisée par la maison Deux-Sèvres Enchères le 29 octobre 2022 à Niort, soit environ 1 000 euros de plus qu’une Vespa Primavera neuve actuelle.

 

Les scooters français retrouvent leur popularité d’antan

Les marques italiennes ne sont cependant pas les seules à enflammer les enchères. La France a également compté de nombreux constructeurs avant que ces engins ne perdent en popularité à partir des années 1960. Certains scooters français sont extrêmement recherchés comme le PP Roussey de 1956 vendu 13 800 euros en juin dernier.

 

13 800 € pour un PP Roussey de 1956.De ce scooter à la conception très originale ne subsistent qu’entre 3 et 5 exemplaires dans le monde. En effet, ce véhicule de la firme PP Roussey, établie à Dijon puis à Meudon, ne fut produit à partir de 1955 qu’à une dizaine d’exemplaires. Ce modèle rare était ainsi plébiscité jusqu’à 13 800 euros, soit le double de l’estimation basse, lors d’une vente organisée par la maison Osenat le 20 juin 2022 à Fontainebleau.

 

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Les Solex : la nostalgie fait grimper les prix

Né dans l’immédiat après-guerre, le vélomoteur Solex a connu une grande popularité jusque dans les années 1970 grâce à son prix modique et sa consommation réduite. Il a marqué durablement les mémoires, à tel point que des tentatives de faire renaître la marque ont récemment vu le jour. Aujourd’hui, si le Solex reste un objet de collection à prix modique, le modèle 3 800 le plus répandu se négocie quelques centaines d’euros, soit plusieurs fois le prix de ce type d’engin il y a encore dix ans. Celui utilisé par Steve Mc Queen lors du tournage du film « Le Mans » a quant à lui atteint le prix stratosphérique de 66 000 dollars en août 2021 lors d’une vente organisée aux Etats-Unis. Sur le marché des Solex, les modèles comportant tous leurs accessoires d’époque sont particulièrement demandés et les prix s’affolent lorsqu’il s’agit d’un exemplaire dans un état d’origine.

 

A gauche : 1 777 € pour un Solex 3 800 de 1974. Ce Solex 3 800 de 1974 a été immatriculé seulement en 2015. En état d’origine, proche du neuf, il a doublé son estimation, trouvant preneur à 1 777 euros lors d’une vente organisée par la maison Baratoux-Dubourg Enchères le 1er décembre 2021 à Bordeaux. A droite : 550 € pour un Solex 660 de 1955. Ce Solex 660 de 1955 à réviser, mais doté de ses deux sacoches, d’un casque et de protections, a été adjugé 550 euros par la Passerelle des Enchères à Longechenal le 1er octobre 2022, soit près du double de l’estimation fixée entre 250 et 350 euros.

 

Les Motobécanes et Peugeot 103 deviennent des stars de la collection

Faciles à ranger et à remettre en route, encore accessibles mais dotées d’un style d’époque reconnaissable, les Motobécanes, de même que leurs concurrentes Peugeot BB, 101, 102 et 103 deviennent des stars de la collection.

Autrefois aussi délaissée que le Solex, la Motobécane connaît aujourd’hui un intérêt soutenu en collection, avec des records pour les exemplaires en état d’origine ou rares. Ces « mobs » étaient des véhicules incontournables à la sortie des lycées des années 1970 et 1980, et ont accompagné plusieurs générations d’adolescents sur les voies de la motorisation. Elles faisaient l’objet d’un univers à part entière avec des publications dédiées, un marché parallèl d’accessoires et d’interminables discussions entre jeunes propriétaires exaltés. Le nom même de mobylette a été créé en 1949 par Motobécane et son AV3, beaucoup plus évolué que le Solex, a signé le début d’une lignée emblématique dont les modèles sont également connus sous le nom de « bleues ». La plus répandue, l’AV88 née en 1960, a été déclinée en un grand nombre de versions et a été régulièrement mise à jour sur le plan esthétique jusqu’à la fin de sa carrière en 2002.

 

A gauche : 2 662 € pour une AV88 neuve. Cette motobécane a doublé son estimation fixée entre 1 200 et 1 500 euros, trouvant preneur à 2 662 euros lors d’une vente organisée par l’Hôtel des ventes de la Seine le 24 avril 2021 à La Saussaye. L’exemplaire avait bénéficié d’une restauration intégrale en pièces neuves d’origine. 1 708 € pour une AV88 estimée 500-800 €. Le 6 décembre 2021 à Nancy, la maison Nabécor Enchères a adjugé une Motobécane AV88 avec pare-jambes à 1 708 euros, soit plus du double de son estimation haute fixée à 800 euros. A droite : 1 534 € pour une AV89 de 1971. Certains exemplaires rares de motobécanes comme l’AV89, modèle haut de gamme du constructeur, peuvent largement dépasser les 1 000 euros. En témoigne l’adjudication à 1 534 euros de ce modèle de 1971 soigneusement restauré lors d’une vente organisée par Deux-Sèvres enchères le 8 mai 2021 à Niort.

 

Le concurrent le plus féroce de Motobécane fut sans aucun doute Peugeot avec ses BB, 101, 102 et surtout le 103 qui, élevé au rang de mythe, a fêté ses 50 ans en 2021. Ces Peugeot suscitent aujourd’hui des enchères soutenues.

 

A gauche : 525 € pour une Peugeot 102 sortie de grange. Une Peugeot 102 de 1974 sortie de grange en bel état mais entièrement à réviser a trouvé preneur à 525 euros lors d’une vente organisée par Jean-Charles d’Ornano le 2 novembre 2022 à Châlon-en-Champagne, soit près du double de son estimation basse. A droite : 1 159 € pour une Peugeot 103. Le 6 décembre 2021 à Nancy, la maison Nabécor Enchères a adjugé une Peugeot 103 bleue à 1 159 euros, soit plus du double de son estimation haute fixée à 500 euros.

 

1 210 € pour un 103 SP « Clip Electronic ». Un 103 SP « Clip Electronic » de 1980 a été adjugé 1 210 euros lors d’une vente organisée par la maison Gers Gascogne Enchères le 29 octobre 2022 à Vic-Fezensac, témoignant de l’intérêt soutenu pour les nombreuses séries spéciales dont ce deux-roues a fait l’objet.

 

Les minimotos japonaises : des exotiques à la mode

Les constructeurs japonais ont commencé à supplanter les marques européennes de motos à partir des années 1960. Ce mouvement a aussi touché le monde des cyclos, avec pour étendard le fameux Honda Super Cub dont la production se poursuit depuis 1958, dépassant le cap des 100 millions d’exemplaires écoulés dans le monde. Suzuki, Yamaha et Honda ont produit des cyclos originaux classés dans la catégorie des minimotos qui se distinguent par leur esthétique séduisante, copiant l’allure des grosses motos. Faciles à utiliser, ces modèles connaissent un intérêt croissant chez les collectionneurs et suscitent désormais des enchères records.

 

En haut : 5 084 € pour une Honda Dax ST70 de 1978. Cette Honda Dax ST70 de 1978 a obtenu 5 084 euros sur le Live d’Interencheres, soit le double de son estimation, grâce à son état d’origine exceptionnel, lors d’une vente organisée par l’Hôtel des ventes du Marais le 6 mars 2022 à Chassieu. Prête à prendre la route, elle avait été rachetée en 1992 par son propriétaire qui l’avait conservée, dans un très bel état, strictement d’origine sans la moindre restauration. En Europe, le ST70 fut baptisé Dax en raison de la forme de son cadre rappelant celle d’un teckel (« Dax » en allemand). Les premiers ST70 seront présentés au salon de Tokyo à l’automne 1969. En bas : 4 270 € pour une Honda moto Compo. Une Honda moto Compo 50 de 1981 a été adjugée 4 270 euros, soit près du double de son estimation haute fixée à 2 500 euros, lors d’une vente organisée par la maison Carlier Imbert et Morel le 18 avril 2021 dans le cadre du Salon du 2 Roues de Lyon. Conçue pour entrer dans le coffre de la petite citadine produite par le constructeur, cette moto est aujourd’hui plébiscitée des enchérisseurs pour son design emblématique des années 1980. A droite : 5 187 € pour une Honda Cub des années 1990. Cette Honda Cub des années 1990 a été adjugée 5 187 euros lors d’une vacation organisée par Deux-Sèvres enchères à Niort le 29 octobre 2022. Un montant supérieur à certaines automobiles de collection.

 

2 989 € pour une Chappy 80 Yamaha. Une Chappy 80 Yamaha de 1979 a été adjugée 2 989 euros, décuplant son estimation basse fixée à 300 euros, lors d’une vente organisée par la maison Carlier Imbert et Morel le 18 avril 2021 dans le cadre du Salon du 2 Roues de Lyon. Ce modèle constituait une bonne base de restauration. La légendaire Chappy a été produite par Yamaha de 1973 à 1996 avec des moteurs de 50 ou 72 cm3 afin de contrer le succès de Honda avec ses Dax et de Suzuki avec ses Van Van

 

3 993 € pour un Yamaha Chappy 50. En état d’origine exceptionnel, ce Yamaha Chappy 50 a été vendu 3 993 euros par l’Hôtel des ventes de la Seine à Rouen le 11 juin 2022.

 

En lire plus | Le bilan 2023 du marché français des véhicules de collection 

 

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