Investir dans le vin : nos conseils pour constituer sa cave aux enchères
Pour se faire plaisir tout en diversifiant son patrimoine, pourquoi ne pas investir dans le vin ? Deux experts d’Interencheres livrent leurs conseils pour se lancer dans l’achat de vins de garde aux enchères, des conditions de conservation au choix des bouteilles et cépages.
« Avant même d’acheter une bouteille de vin, il faut penser à l’endroit où on veut le stocker », conseille l’expert Pascal Kuzniewski. « Je vois trop de particuliers acquérir de bons vins et les conserver dans un garage inadapté les premiers temps, ce n’est pas une bonne idée, en particulier pour des vins de garde ». L’expert énumère plusieurs possibilités dans le cas où l’on ne dispose pas d’une cave naturelle : acquérir une armoire de cave, ou aménager un lieu en cave climatisée… et sécurisé ! Car les vins de garde sont des vins onéreux, à protéger contre le vol. Les conditions idéales sont une température comprise entre 12 et 15 degrés, et une hygrométrie autour de 60 à 70 %. « En dessous, le bouchon sèche, se rétracte et peut provoquer des coulures… Au dessus, l’étiquette peut s’abimer, il peut être utile de la protéger en entourant la bouteille avec du film alimentaire ». Dans cet univers, tout compte : l’étiquette, la contre-étiquette de l’autre côté, la hauteur du liquide, la collerette… Et bien sûr, l’origine du vin !
Les grands domaines, de la vallée du Rhône aux Bordeaux
Le premier réflexe est en général de se tourner vers les vins rouges, naturellement plus aptes au vieillissement… Mais qui peuvent faire grimper l’addition assez vite. « Avec 1 000 à 1 500 euros de budget, on peut déjà se constituer une cave », rassure Antoine Valmaury. L’expert énumère différentes appellations dans lesquelles trouver des bouteilles à moins de 50 euros , par exemple en vallée du Rhône des Crozes Hermitage, Châteauneuf-du-Pape ou Saint-Joseph « à condition se ne pas se focaliser sur les domaines les plus célèbres ».
Le Bourgogne peut être une région plus complexe à aborder : « ces dernières années, les prix sont devenus un peu déraisonnables et on assiste maintenant à une correction sur les cotes », avance Pascal Kuznievski. Le temps où les bouteilles voyaient leurs prix exploser à la sortie du domaine semble un peu terminé… Il est temps d’aller creuser du côté des petits domaines laissés de côté par l’inflation.
Terminons avec les vins champions de la conservation sur le long terme, les Bordeaux. « Les Château Latour, les Château Haut Brion, les Margaux font partie des plus grands vins du monde, et se conservent parfois jusqu’à 80 ans », admire Pascal Kuznievski. La seule limite semble être là financière, avec des bouteilles qui dépassent souvent 100 euros.
Les vins blancs à surveiller, des Sauternes aux vins d’Alsace
Côté vins blancs, les deux experts s’accordent sur le cas des Sauternes, très accessibles en ce moment. Les amateurs de vins liquoreux ne sont pas très nombreux, et les belles bouteilles se trouvent à partir de 40 euros sans problème. Antoine Valmaury défend également les vins d’Alsace, pinots gris ou gewurztraminer, qui ont de bonnes capacités de conservation et restent raisonnables en termes de prix. Pascal Kuznievski rappelle que « les blancs sont plus sensibles au réchauffement climatique car la hausse des températures fait monter leur degré d’alcool, et ils évoluent de ce fait plus vite que les rouges ».
Le Champagne peut également être gardé longtemps, à condition d’être choisi dans les grandes maisons de type Dom Pérignon, Krug, Moët et Chandon, et dans les bons millésimes. « Avec des prix souvent au dessus de 100 euros la bouteille, mais on peut les conserver 10 ans dans de bonnes conditions », affirme Antoine Valmaury.
Méfiance sur les vins nature
Les vins nature suscitent beaucoup d’intérêt depuis quelques temps, mais leur évolution reste imprévisible… Tout comme leur goût de départ. Il semble risqué de s’aventurer dans ce domaine. En revanche, le bio ou la culture en biodynamie sont pratiqués par certains domaines depuis suffisamment de temps pour être fiables. Pour exemple, Antoine Valmaury cite « le château Palmer à Bordeaux qui travaille en biodynamie depuis 10 ans maintenant, ils ont suffisamment de recul pour proposer des vins équilibrés à conserver ».
Dernier conseil de notre expert Antoine Valmaury : travailler sur un livre de cave, qui indique à quelle date la bouteille est entrée, combien de temps elle doit être conservée dans l’idéal, et éventuellement de mettre en place des étiquettes autour des collerettes avec un code couleur pour faciliter ce classement.