De l’illustration naturaliste à la taxidermie, le monde animalier à l’honneur près de Rennes
A l’occasion de sa vente d’art du 28 septembre, la maison Ouest Enchères Publiques laisse entrer les fauves… Des spécimens naturalisés d’Afrique côtoieront deux lionceaux peints par Sophie de Luigné, une artiste méconnue du XIXe siècle qui se fit une spécialité de l’illustration naturaliste.
« C’est à un safari, à une expédition aux quatre coins du monde, que nous vous convions le 28 septembre à l’occasion de notre prochaine vente d’art et mobilier », annonce le commissaire-priseur Pierre-Guillaume Klein qui présente aux enchères quelques 250 lots, faisant la part belle au monde animalier.
La collection de spécimens naturalisés d’un artisan taxidermiste
Le voyage débute dans le grand Nord, avec un ours blanc naturalisé provenant du Groenland, estimé entre 8 000 et 10 000 euros. « Il est issu de la collection d’un artisan taxidermiste qui a voyagé partout dans le monde ». De cette collection provient également une vingtaine de trophées d’Afrique, dont une gazelle de Waller dite girafe au long cou (200-400 euros) et un imposant buffle caffer de plus d’1m50 d’envergure (800 – 1 200 euros). « Ses cornes en résine auraient été moulées sur un autre spécimen en Tanzanie, détenant un record de taille », précise le commissaire-priseur.
De Barye à Sophie de Luigné, un bestiaire peint et sculpté
Nul besoin néanmoins d’entreprendre un long voyage pour se délecter de la beauté de tels spécimens. La Ménagerie du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris offre depuis longtemps aux artistes une source d’inspiration inépuisable. En témoignent au catalogue l’Eléphant du Sénégal sculpté par Antoine Louis Barye (1796-1875) qui réussit, sans jamais quitter la France, à former un bestiaire en bronze d’un grand naturalisme, ou encore les Deux lionceaux jouant peints par Sophie de Luigné, une artiste méconnue du XIXe siècle qui se fit une spécialité l’illustration naturaliste. « Il existe peu d’informations sur cette artiste dont on sait qu’elle contribua aux Annales du Muséum entre 1802 et 1805, détaille Pierre-Guillaume Klein. L’objectif de ces illustrations naturalistes était de donner une image précise et juste anatomiquement, avec la couleur utilisée pour accentuer l’aspect réaliste d’un spécimen. Ce courant, très répandu entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle, fut notamment porté par Philippe Picot de Lapeyrouse en France. »
La ménagerie du Jardin des Plantes, fondée en 1794 pour accueillir après la fuite de Louis XVI les derniers animaux survivants de la ménagerie royale, s’enrichit au fil des années de nouveaux spécimens, issus notamment des prises des armées de la Convention et de Napoléon. « On sait qu’en 1798 un couple de lions d’Afrique est offert par le roi du Maroc et le dey d’Alger, et qu’en novembre 1800, date anniversaire du coup d’Etat de Napoléon Ier, ce couple de lions Marc et Constantine, donne naissance à trois lionceaux baptisés Marengo, Jemmapes et Fleurus, selon les dernières victoires du premier consul qui leur rend visite avec Joséphine. » Cette naissance inspira maints artistes, de Jean-Baptiste Huet à notre Sophie de Luigné qui immortalise l’événement en représentant les félins à l’âge d’un jour. A noter que cette artiste travailla aussi pour des illustrations botaniques, une discipline que la maison de vente met également l’honneur en présentant l’un des albums les plus rares du « Raphaël des fleurs » : un album de Pierre-Joseph Redouté (1759-1840) dédié à la Duchesse de Berry (15 000 – 20 000 euros).