Le 13 janvier 2023 | Mis à jour le 5 avril 2023

Des trésors cachés depuis 40 ans découverts dans un grenier d’Ille-et-Vilaine

par Manon Vigier

Entreposés depuis 40 ans dans un grenier d’Ille-et-Vilaine, deux tableaux de l’atelier de Jean-Baptiste Santerre, deux bustes de Louis-Henri Nicot et une collection de pièces d’argent Louis XIV ont été découverts lors d’un inventaire par le commissaire-priseur Pierre-Guillaume Klein. Des trésors qui seront dévoilés lors de la prochaine vente organisée par Ouest Enchères Publiques le 21 janvier à Vezin-le-Coquet, près de Rennes.

 

La prochaine vente organisée par Ouest Enchères Publiques promet de susciter le frisson propre à la découverte de trésors oubliés. La maison de vente dévoilera en effet le fruit d’un inventaire mené par le commissaire-priseur Pierre-Guillaume Klein, comprenant une collection de pièces d’argent Louis XIV, deux tableaux de l’atelier de Jean-Baptiste Santerre et deux bustes de Louis-Henri Nicot. Autant de trésors qui sommeillaient depuis quarante ans dans un grenier d’Ille-et-Vilaine. 

 

Une collection de pièces d’argent Louis XIV et des portraits de l’atelier de Jean-Baptiste Santerre

Sorties de leur sommeil par l’œil expert du commissaire-priseur, les pièces d’argent Louis XIV surfrappées incarnent à elles seules tout un pan de l’Histoire de France. Elles illustrent en effet l’usage de la technique monétaire dite de réformation. « Il s’agit d’une technique apparue en France à la fin du règne de Louis XIV, en 1690, qui consistait à frapper de nouveaux types monétaires sur des flans d’anciens types afin d’économiser les coûts de refonte. Cela permettait également de dévaluer la monnaie en temps d’inflation, une aubaine pour le trésor royal », précise Pierre-Guillaume Klein. En hasardant plus loin son regard dans la pénombre de la pièce, le commissaire-priseur a fait la découverte de deux œuvres de l’atelier du célèbre peintre Jean-Baptiste Santerre (1651-1717), rendant justement hommage à la beauté révélée au sein de l’obscurité : Le dessin et La Lecture, réalisées autour de 1720. « Inspirée de Godfried Schalcken, une version de La Lecture est conservée au musée de Pouchkine à Moscou. Nous avons décidé de ne pas séparer ces compositions très tendres liées par l’histoire depuis tant d’années ! Les paires sont assez rares ce qui expliquent une estimation comprise entre 8 000 et 12 000 euros », poursuit Pierre-Guillaume Klein.

 

École Française vers 1720 atelier de Jean Baptiste Santerre. Le dessin et La lecture. Paire de toiles. Hauteur : 65 cm. Largeur : 80 cm. Estimation : 8 000 – 12 000 euros. 

 

Enfin, deux visages de marbre rieurs ont été révélés dans cette caverne aux merveilles : deux bustes du sculpteur rennais Louis-Henri Nicot (1878-ca. 1944). « Les années de formation du sculpteur chez Falguière et Mercié lui valent de rester, tout au long de sa carrière, très attaché aux formules académiques et classiques tout en y associant une certaine modernité, comme en témoignent ces deux charmants bustes de la même jeune femme, l’un partiellement drapé, l’autre dévoilant sensuellement sa poitrine et intitulé Jeunesse », détaille Pierre Guillaume-Klein. 

 

[A gauche] Louis-Henri Nicot (1878-1944). « La Jeunesse ». Hauteur : 54.5 cm. [A droite] Louis-Henri Nicot (1878-1944). Buste de femme, au sein dénudé. Hauteur : 58 cm. Chaque buste est estimé entre 500 et 800 euros.

Deux portraits de personnes de qualité découverts dans un appartement rennais

Deux portraits inédits, également révélés à la faveur d’un inventaire, cette-fois dans un appartement de Rennes, ont attiré l’attention du commissaire-priseur Pierre-Guillaume Klein. Ils étaient dissimulés derrière un meuble où ils furent protégés de la lumière. Le premier, un Portrait d’une dame de qualité, est attribué à l’entourage d’Adélaïde Labille-Guiard (1749-1805), l’une des meilleures portraitistes de son temps. Accueillie à la cour de Versailles, cette élève de Quentin de La Tour devint la «Peintre des Mesdames », un titre faisant allusion à ses portraits des tantes du roi Louis XVI.  « Miniaturiste et pastelliste de talent, elle se démarque par l’expressivité des visages, ainsi que par les textures et les mouvements des étoffes qu’elle représente. En 1783, elle entre à l’Académie Royale de peinture et de sculpture, où ses talents sont pleinement reconnus. En pénétrant ainsi dans le temple masculin de l’art, elle devient un symbole de réussite artistique et professionnelle féminine », raconte Pierre-Guillaume Klein. Les influences caractéristiques de l’artiste se manifestent dans le style de cette toile élégante aux nuances nacrées. Le second tableau, une huile sur toile de 1851 signée de Claudius Jacquand (1804-1878), représente quant à lui le portrait du général Arnaud Rogé (1804-1878) dans son uniforme de cérémonie, doté de ses nombreuses décorations, dont la Grand-Croix de la Légion d’honneur, le cordon de la Légion d’honneur et la Croix de l’Ordre de Saint-Louis.

 

Ecole Française vers 1780, entourage de Madame Labille-Guiard. A gauche, Portrait d’une dame de qualité estimé 3 000 à 5 000 euros. A droite, Portrait d’homme à le redingote violette, estimé 1 000 à 1 500 euros

 

Des porte-montres d’époque Louis XVI et des tasses Louis-Philippe

Aux côtés des œuvres découvertes dans le grenier d’Ille-et-Vilaine et dans l’appartement rennais, une riche sélection de pièces de mobilier et de curiosités collectées aux quatre coins de la Bretagne complètent le catalogue de la vente du 21 janvier, avec notamment deux porte-montres représentants les profils d’Henri IV et de son fidèle Sully, une création de la  Maison Wedgwood & Bentley (1768-1780) datant de l’époque Louis XVI. « Ce sont de véritables pièces de musées. Des exemplaires similaires sont en effet conservés au musée Victoria and Albert à Londres », s’enthousiasme Pierre-Guillaume Klein. Une pendule en bronze ciselé, doré et patiné noir trône aux côtés de ces portraits miniatures. « Nous partons au château de Fontainebleau avec cette pendule figurant « l’inquiétude maternelle » et dont un exemplaire fût livré au château par Bailly en 1806 », poursuit le commissaire-priseur. Les enchérisseurs seront certainement amusés par le lot présentant quatre boulets de canon en fonte montés sur des socles cartographiant à la va-vite le lieu des batailles de Waterloo, un souvenir cuisant de la défaite napoléonienne, avant de s’émerveiller devant le raffinement de deux tasses au monogramme du roi Louis-Philippe (1773-1850). « Elles ont été réalisées pour le château des Tuileries par la Manufacture de Sèvres, et nous replonge dans l’Histoire… Si seulement elles pouvaient parler ! » La vente présentera enfin deux œuvres notables plus contemporaines, dont un paravent mondrianesque de l’artiste Nadège Gerboin, récompensée par le premier prix du concours des métiers d’arts de 2010. « Touchée par le travail de Piet Mondrian, à l’instar d’Yves Saint-Laurent et de sa fameuse robe, l’artiste a façonné son œuvre entièrement à la main durant près de 1 200 heures en collaboration avec de jeunes ébénistes en apprentissage à l’école d’Arsonval à Joué-Lès-Tours », conclut Pierre-Guillaume Klein. 

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