Le 28 janvier 2021 | Mis à jour le 1 février 2021

Deux panneaux provenant de l’atelier de René Wiener en vente à Nancy

par Lucie Rocher

Le 30 janvier à Nancy, Pierre Perrin présentera aux enchères deux panneaux provenant de l’atelier du relieur et imprimeur René Wiener. Estimés à 5 000 euros et attribués à un artiste de l’école française du XIXe siècle, ils évoquent l’univers fantasque du peintre belge Félicien Rops.

 

Ces deux panneaux frappent d’emblée tant par leur thématique que par le style adopté, un style que les experts n’ont pu attribuer de façon définitive à un artiste. « Peut-être est-ce l’œuvre de Félicien Rops », s’interroge le commissaire-priseur Pierre Perrin qui présentera ces deux œuvres aux enchères le 30 janvier à Nancy et en live sur Interencheres. Le spectateur découvre deux tableaux aux tonalités sourdes et terreuses rappelant volontiers l’imaginaire fantasque et morbide du peintre belge qui traitait, non sans raffinement, des thèmes jugés vulgaires dans une analyse impitoyable et amère des faux-semblants et des convenances. Le premier panneau dévoile une femme presque dénudée, habillée d’un corset qui ne retient guère sa poitrine. Elle apporte un verre à son hôte, un dandy entouré de livres et fumant de l’absinthe. Sur le panneau attenant, un chat s’agrippe à un crâne. Le genre de la vanité est poussé à son paroxysme, dans ce qu’il a de plus morbide et menaçant. Mêlant le macabre à la grivoiserie, ces deux œuvres étonnent par leur traitement proche de la caricature, jusqu’alors davantage l’apanage de la gravure que de la peinture. « Ce sont des tableaux rares sur le marché du point de vue de la technique utilisée », précise Pierre Perrin.

 

Ecole française de la fin du XIXe siècle, Erudit se faisant servir l’absinthe et Chat et crâne. Huiles sur panneaux. 100 x 55 cm et 74 x 56 cm. Ensemble estimé à 5 000 euros.

 

Des œuvres dans la lignée de l’école de Nancy 

Estimés autour de 5 000 euros, ces deux panneaux ornaient à la fin du XIXe siècle l’atelier de l’imprimeur et relieur René Wiener (1855-1939). « Ils ont été exposés au Musée Lorrain de Nancy en 1999 et ils apparaissaient sur une photographie d’époque de l’atelier, reproduite dans la revue La Lorraine-Artiste en 1888″, détaille le commissaire-priseur. René Wiener fut un animateur important de la vie artistique nancéenne. Des artistes originaires de la région tels que Louis Guingot ou Jacques Gruber, mais aussi des Parisiens comme Toulouse-Lautrec lui fournirent les cartons de ses reliures, tandis que ses amis Victor Prouvé, Camille Martin ou Ernest Bussière exposèrent dans la vitrine de son magasin, un lieu dans lequel il s’essayait à des techniques novatrices comme la pyrogravure sur bois. Ses reliures controversées comptent parmi les premières manifestations de « l’école lorraine » d’art décoratif. Ainsi peut-on imaginer que les deux tableaux qu’il choisit pour décorer l’une des portes de son atelier sont l’œuvre d’un disciple de l’Art nouveau ou de l’école de Nancy. « Ils sont typiques de l’art de Nancy, mais ils témoignent aussi d’une époque où persistait encore dans l’esprit des artistes l’image de Baudelaire et de l’artiste bohème, fumeur d’absinthe. On perçoit de multiples influences et notamment celles des écrivains naturalistes et symbolistes ».

          Enchérir | Suivez la vente du 30 janvier en live sur interencheres.com

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