
La collection d’un couple passionné de design d’après-guerre dispersée aux enchères à Saint-Lô
Le 17 septembre à Saint-Lô, Marie Laurenson dispersera aux enchères une collection exceptionnelle de pièces design et œuvres d’après-guerre. Rassemblée par un couple d’amateurs passionnés d’art, elle garnissait jusqu’alors leur demeure située au cœur de la ville de Saint-Lô. Au programme, une bibliothèque modulable de Charlotte Perriand côtoie des lampadaires de Pierre Guariche et un service à thé de la maison Tétard Frères. Décryptage.
Dans leur maison près du fleuve de la Vire, à Saint-Lô, Monique et Michel Guibert ont vécu plus de cinquante ans entourés de pièces de créateurs contemporains. Cet ancien directeur de l’hôpital du Bon Sauveur de Saint-Lô et son épouse ont partagé tout au long de la seconde moitié du XXe siècle une même passion pour l’art et le design, décorant leur intérieur au gré de leurs coups de cœur et arpentant deux jours par semaine les galeries parisiennes à la recherche de pièces design innovantes. « Le couple Guibert et leurs enfants vivaient pleinement avec leur meubles qui sont devenus bien plus tardivement des icônes cultes du design. Le couple a gardé précieusement son intérieur intact jusqu’à aujourd’hui et n’a jamais troqué cet art de vivre des années 1950-1960 pour l’opulence de meubles plus clinquants », explique la commissaire-priseur Marie Laurenson qui dispersera leur collection le 17 septembre à Saint-Lô, lors de la vente inaugurale de l’étude Neptune Enchères.
Une bibliothèque modulable de Charlotte Perriand
La pièce maîtresse de la collection est une bibliothèque Type Plots (60 000 – 100 000 euros), acquise auprès de la galerie parisienne Steph Simon et conçue sur-mesure par Charlotte Perriand (1903-1999) en 1959. Composée de casiers métalliques, imaginés sous la forme de modules à assembler, cette bibliothèque, installée dans le couloir de la maison Guibert, est l’un des premiers meubles en kit. « Le coupe Guibert avait sélectionné trois tailles de plots pour rythmer la structure de cette bibliothèque alliant la modernité du métal à l’intemporalité du bois », détaille Marie Laurenson. Nul hasard si le couple choisit une pièce de la designeuse française pour enrichir sa collection. Charlotte Perriand avait en effet mis au point ces meubles innovants à l’occasion d’une commande émanant de la ville de Saint-Lô.
Au cœur d’une France meurtrie par les événements de la Seconde Guerre mondiale, la ville normande est tristement baptisée « la capitale des ruines ». Son emplacement central et ses remparts naturels en font un lieu stratégique pour l’occupant et une cible pour les Américains. Après les bombardements, la commune est détruite à 97%. Alors que la nécessité d’une reconstruction rapide, au détriment de l’esthétique et de l’histoire de la cité, voit le jour, seul l’hôpital sera épargné. Son architecture et son aménagement intérieur sont confiés à des créateurs contemporains renommés, à l’instar de Paul Nelson (1895-1979), Fernand Léger (1881-1955) et Charlotte Perriand qui collaborent pour ériger l’Hôpital mémorial France – Etats-Unis, dont l’architecture annonce celle des CHU. Pour l’intérieur du bâtiment, Perriand imagine des meubles d’influence nippone démontables et aériens, dont plusieurs bibliothèques qui seront par la suite exposées dans l’enceinte de la galerie Steph Simon.

Charlotte Perriand (1903-1999), bibliothèque « Type Plots » pour l’éditeur Steph Simon, 1959. Huit étagères intercalaires en bois latté plaqué de merisier, onze plots en tôle d’aluminium de différentes tailles, reposant sur deux pieds en bois amovibles. L : 177 cm ; h : 214 cm ; p : 33,5 cm. Estimée entre 60 000 et 100 000 euros.
Un ensemble de meubles emblématiques du design d’après-guerre
Avec cette bibliothèque, d’autres meubles exceptionnels témoignent de l’histoire du design d’après-guerre, à commencer par le lampadaire Cerf-volant signé Pierre Guariche (1926-1995), aux lignes innovantes, et les lampes de Stilnovo, Franck Ligtelijn (1933-1996) ou encore Verneer Panton (1926-1998). D’autres grands noms tels que Charles Bernard (1920-1995), Olivier Mourgue (né en 1939) ou Eero Saarinen (1910-1961) complèteront cet ensemble. A noter enfin un service à thé en argent massif et anses en palissandre de la maison Tétard Frères, commandé spécialement par Michel Guibert et estimé entre 2 000 et 4 000 euros.
Enchérir | Suivez la vente de la collection Guibert le 17 septembre en live sur interencheres.com
Haut de page