Le 20 mars 2023 | Mis à jour le 21 mars 2023

La galerie Talabardon & Gautier vend aux enchères une partie de son fonds

par Magazine des enchères

Les 21 et 23 mars à Paris, la maison Ader dispersera aux enchères le fonds Talabardon & Gautier, l’une des plus grandes galeries d’art françaises. Dans cet ensemble estimé autour de 5 millions d’euros, un portrait de Condottiere de Jean-Auguste-Dominique Ingres côtoiera un paysage de Gustave Courbet, une aquarelle de Gustave Moreau et un important dessin de Louis-Léopold Boilly.

 

Depuis plus de 30 ans, la galerie fondée par Bertrand Talabardon et Bertrand Gautier rue du Faubourg Saint Honoré, propose aux collectionneurs des œuvres sélectionnées avec le plus grand soin. « Nous sommes attachés à réunir des ensembles qui dialoguent entre eux, quelle que soit leur discipline », explique Bertrand Gautier. Les quelques années difficiles liées à la crise sanitaire ont entraîné l’annulation de plusieurs grandes foires artistiques. C’est ce qui a poussé les deux associés à changer de stratégie. Ils ont décidé de se tourner vers le système des enchères qui depuis quelques années dynamise le marché de l’art. Ces ventes s’inscrivent ainsi dans une tendance générale : les plus grands marchands ont constaté que dernièrement le marché s’était déplacé. Ainsi, la vente publique constitue un canal à exploiter, en particulier à Paris qui a aujourd’hui regagné une place de premier choix sur la scène internationale. « Nous allons repenser notre mode de travail, notre fonctionnement. Mais surtout, nous allons continuer à être présents, différemment et en galerie », assure Bertrand Gautier. 

 

L’œil Talabardon & Gautier

Attentifs au dynamisme institutionnel parisien des années 1980-1990 – qui fit émerger le Musée d’Orsay ainsi que le Musée de la Vie romantique – les deux esthètes se sont illustrés par leurs découvertes spectaculaires, à l’instar du premier tableau signé de Rembrandt ou du Hibou perché sur un arbre de Caspar David Friedrich, et contribuèrent non seulement à mettre en lumière les classiques de la première moitié du XIXe siècle, mais aussi à présenter des artistes méconnus tels que François Bonhommé et Léon Bonvin. Outre l’intérêt des deux associés pour le XIXe siècle à travers la publication de catalogues de référence qui ont fait école, l’un des points forts de la galerie est l’ouverture à des périodes plus anciennes. Ces « passeurs d’art », comme ils se définissent eux-mêmes, ont imposé un véritable goût, un regard singulier et sont désormais reconnus comme des galeristes majeurs. C’est aujourd’hui 30 ans de passion, de temps et de travail qui sont vendus aux enchères.

 

Jean-Auguste Dominique Ingres (Montauban, 1780 – Paris, 1867), Condottiere. Huile sur toile, 1821, 53,5 x 41 cm. Estimée entre 150 000 et 200 000 euros.

 

Près de 150 toiles, d’Ingres à Michael Sweerts

Le 21 mars seront présentées, avec le concours du cabinet Turquin, près de 150 toiles signées par les grands noms de la peinture du XIXe siècle français. Parmi eux, un portrait viril de Condottiere par Jean-Auguste-Dominique Ingres où le peintre s’inspire de la Renaissance vénitienne (150 000 – 200 000 euros). Un paysage de Gustave Courbet, Vue de Saintes, prise de Lormont, sujet original pour l’artiste, devrait également retenir l’attention des collectionneurs. Réalisé en 1865, sa traçabilité est parfaite : il est présenté aux enchères avec une estimation de 60 000 à 80 000 euros. Enfin, une Adoration des Bergers de Théodore Chassériau sera proposée entre 18 000 et 25 000 euros. 

 

Gustave Courbet (Ornans, 1819 – La Tour de Pelz, 1877), Vue de Saintes, prise de Lormont, huile sur toile, 1865, 32 x 46 cm. Estimée entre 60 000 et 80 000 euros.

 

La vente compte de nombreux paysages, spécialité de la galerie, avec notamment une œuvre réalisée par l’artiste suisse Giuseppe De Nittis en 1882 lors de son voyage avec Monsieur et Madame Alphonse Daudet (15 000 – 20 000 euros), ainsi que des œuvres de Pierre-Henri de Valenciennes, Prosper Barbot, Simon Denis, Alexandre-Hyacinthe Dunouy, Émile Charles Joseph Loubon ou encore Alexandre-François Caminade.

Des tableaux plus anciens sont également présentés, comme la Leçon de broderie de Michael Sweerts peinte par l’artiste flamand vers 1650 (80 000 – 100 000 euros), ou encore un cuivre de Jacopo Ligozzi représentant le Martyre de Sainte-Catherine d’Alexandrie (15 000 – 20 000 euros). 

 

Michael Sweerts (Bruxelles, 1618 – Goa, 1664), La Leçon de broderie, huile sur toile, 50,5 x 39,5 cm. Estimée entre 80 000 et 100 000 euros.

 

Une vingtaine de sculptures, de David d’Angers à Emile-Antoine Bourdelle

Des émaux ainsi qu’une vingtaine de sculptures expertisés par le cabinet Lacroix-Jeannest viennent compléter cette vente. Parmi les sculptures, un travail préparatoire en terre cuite réalisé par David d’Angers pour le monument érigé en souvenir de Xavier Bichat à Bourg-en-Bresse (10 000 – 12 000 euros). Tout au long de sa carrière, cette figure emblématique du romantisme s’est intéressée à la médecine, à l’anatomie, fascinée par l’idée de la vie et de la mort. Deux bustes importants sont également à signaler : l’un en marbre, du sculpteur romain Giacomo Spalla (10 000 – 15 000 euros), l’autre, en terre cuite, d’Émile-Antoine Bourdelle, rare buste de jeunesse (3 000 – 4 000 euros). Notons enfin un plâtre original patiné, une pièce unique du premier buste réalisé à l’effigie d’Alexandre Dumas père, totalement inédit de Jacques-Auguste Fauginet, achevé  en 1831 (12 000 – 15 000 euros).

 

Emile-Antoine Bourdelle (Montauban, 1861 – Vésinet, 1929), Buste de jeune fille, 1884, terre cuite. H. 46,8 ; l. 35 ; P. 17 cm. Estimée entre 3 000 et 4 000 euros.

 

Des œuvres sur papier exceptionnelles, de Léopold Boilly à Gustave Moreau

Grande spécialiste du dessin, la galerie a, au fil des années, acquis de nombreuses esquisses, aquarelles, croquis et estampes. C’est de cet écrin qu’ont été extraites près de 150 feuilles, sélectionnées avec le concours du cabinet de Bayser, pour être présentées à la vente le 23 mars. Talabardon & Gautier est, rappelons-le, un des membres fondateurs du Salon du dessin et de Fine Art Paris.  Les amateurs seront ravis de trouver l’une des plus belles scènes familiales de l’artiste Léopold Boilly : Jeune fille portant son frère sur ses épaules dans un jardin (80 000 – 100 000 euros). Cette estompe de pierre noire rehaussée de gouache blanche restitue de façon spectaculaire la texture des étoffes et l’éclat de la peau.

 

Louis-Léopold Boilly (La Bassée, 1761 – Paris, 1845), Jeune fille portant son frère sur ses épaules dans un jardin, vers 1797-1799. Pierre noire, estompe et rehauts de gouache blanche sur papier chamois. Signé à la plume et à l’encre brune en bas à gauche :  » L Boilly « . 47,3 x 33,9 cm. Estimée entre 80 000 et 100 000 euros.

 

Un portrait au fusain de Paul Gauguin représentant l’écrivain et théoricien Jean Moréas (150 000 – 200 000 euros) sera enfin mis aux enchères aux côtés d’une aquarelle de Gustave Moreau, Le Poète persan (150 000 – 200 000 euros), traitée avec le raffinement et la subtilité propres aux miniatures persanes que l’artiste chérissait.

 

Gustave Moreau (Paris, 1826 – 1898), Le Poète persan, vers 1886. Aquarelle gouachée, plume et encre brune, crayon noir sur papier crème. 36,5 x 16,4 cm. Estimée entre 150 000 et 200 000 euros.

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