Le 10 janvier 2025 | Mis à jour le 10 janvier 2025

La cote de Camille Fauré : des émaux Art déco recherchés

par Magazine des enchères

Auteur de nombreux vases vivement colorés, l’émailleur français Camille Fauré est aujourd’hui recherché sur le marché pour ses créations des années 1920-1930. Décryptage.

 

Né à Périgueux en 1827, Camille Fauré fréquente assez vite les milieux artistiques de Limoges où sa famille s’installe en 1887. Après son apprentissage, il reprend l’entreprise familiale de peinture en bâtiment, en y ajoutant quelques compétences telles que les enseignes et le faux marbre. En 1919, il fait une rencontre qui va tout changer, et embauche l’émailleur Alexandre Marty avec qui sa production de pièces émaillées débute. Les associés, qui signent « Fauré et Marty Limoges », commencent une production de vases et pendentifs à décors floraux émaillés, dans le style Art nouveau alors encore en vogue. « Mais c’est la période suivante, celle des créations Art déco qui intéresse le plus les collectionneurs », précise le commissaire-priseur Paul Pastaud

 

Des pièces Art déco uniques

En 1924, Camille Fauré ouvre son atelier après avoir rompu son association avec Alexandre Marty, et recrute cinq émailleurs de renom – Lucie Dadat, Pierre Bardy, Louis Valade, Marcelle Decouty-Védrenne et Jeanne Soubourou. Son objectif est de fabriquer des objets de luxe destinés à une clientèle haut de gamme, étrangère ou fréquentant les grands magasins parisiens. Et il choisit de laisser ses émailleurs « stars » travailler librement, sous la marque C. Fauré Limoges. La règle est alors que chaque créateur prend le temps qu’il veut pour fabriquer sa pièce, le prix étant fixé en fonction du travail fourni. Ces derniers en profitent pour interpréter tous les codes de l’Art déco, formes géométriques, couleurs franches, formes épurées… Tout en innovant dans la fabrication des émaux. « La plupart des vases créés à cette époque sont des pièces uniques, auxquelles Camille Fauré donne des prénoms comme Marie-Paule ou René, et il nomme également les décors et parfois les formes avec d’autres prénoms, ce qui peut compliquer un peu les choses », explique le commissaire-priseur qui, pour sa vente du 5 février, a estimé entre 3 000 et 4 000 euros un vase de forme Paul, portant un décor géométrique polychrome appelé Andy… 

 

Camille Fauré (1874-1956) à Limoges. Vase de forme « Paul » émaillé sur cuivre, à décor géométrique polychrome « Andy », monté en lampe, signé C. Fauré Limoges. H. 36.5 cm. Estimé entre 3 000 et 4 000 euros, ce vase sera présenté aux enchères le 5 février par la maison Pastaud Limoges.

 

Les créations de l’atelier de Limoges rencontrent un beau succès lors de l’exposition des Arts décoratifs de 1925. « Ce travail avec des paillons d’or et d’argent sur les émaux, des couleurs intenses est représentatif de l’art des émaux de Limoges dans les années 1930″, note Paul Pastaud. Outre les vases, des bols, des jardinières ou des plaques sortent de ses ateliers. La crise des années 1930 freine malheureusement cet élan. Devant les difficultés financières, Camille Fauré décide de s’orienter vers une production plus importante en volume, mais aussi moins coûteuse. Ses ateliers reprennent les décors floraux et naturalistes, tout en continuant à éditer des vases de la période précédente. Le succès commercial est toujours là, « mais le travail artisanal n’est plus de la même qualité, la cuisson, les émaux, ce n’est plus la même chose », regrette le commissaire-priseur. Après le décès de Camille Fauré en 1956, sa fille Andrée reprend la direction de l’atelier en continuant dans la même direction. La fermeture définitive est décidée en 1985.

 

 

De l’Art nouveau à l’Art déco, des prix variables selon les périodes de production

« Le marché est aujourd’hui assez restreint pour les motifs floraux datant de la première ou de la dernière période de production, les collectionneurs de ce type de pièces sont âgés et possèdent déjà les pièces qui les intéressent, analyse Paul Pastaud. Les amateurs qui enchérissent désormais recherchent surtout les vases Art déco aux motifs géométriques ». Le commissaire-priseur peut estimer entre 4 000 et 6 000 euros un vase Volpone vers 1926-1927 émaillé à décor de perles bleues dont la forme est extrêmement rare, 1 500 à 2 000 euros un modèle plus classique en boule ou tronconique avec un décor stylisé, et seulement 200 à 300 euros un vase de forme courante portant un décor de fleurs. S’agissant des autres productions de l’entreprise Fauré, la valeur des plaques émaillées à décor de petits portraits ou paysages ne dépasse pas 150 euros. Particularité de ce marché, « les acheteurs sont principalement étrangers, allemands, brésiliens, américains, la clientèle française est quasiment inexistante, constate le commissaire-priseur. Et cela date de la période de production puisque les galeristes qui représentaient Fauré le vendaient déjà à l’étranger ».

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Camille FAURÉ (1874-1956) à LIMOGES. Important vase couvert de forme « Volpone », émaillé sur cuivre à décor de gouttes en cabochons en camaïeu bleu. Signé sur le couvercle C. FAURÉ LIMOGES France, vers 1926-1927. (Vase probablement réalisé par Paul VOUZELAUD, décédé en 1929). H. 35 cm. Estimé entre 4 000 et 6 000 euros, ce vase sera présenté aux enchères le 5 février par le maison Pastaud Limoges.

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