La noblesse du berger vue par Teniers

.Loin du tumulte des kermesses populaires chères à David Teniers II, dit le Jeune, ce berger musicien semble ici totalement absorbé et apaisé par sa musique. Un tableau original dans l’œuvre du maître de la peinture flamande du XVIIe siècle, qui sera mis aux enchères samedi 15 octobre 2016 à Tours et sur le Live d’Interencheres.

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[Le lot du jour] Les yeux fixés sur le jeu de ses doigts, le pied flexe, prêt à battre à battre la mesure et les épaules en avant, accompagnant le mouvement musical, le flûtiste semble totalement absorbé par sa musique. Il en oublierait presque son rôle de berger et son troupeau, qui assiste médusé au récital. « Chacune des bêtes affiche une expression particulière. Alors que la vache se penche vers l’instrumentiste avec mélancolie, l’un des moutons détourne le regard, visiblement pris de lassitude. Les animaux expriment clairement ce que leur maître ne veut pas dire. L’homme affiche en effet une étrange neutralité, dont le caractère énigmatique est renforcé par le titre de ce tableau : Le passage difficile », détaillent Maîtres Rémi Gauthier et Bertrand Jabot devant cette huile sur toile de 27,7 par 37 centimètres. Samedi 15 octobre 2016 à l’Hôtel des ventes Giraudeau de Tours et en direct sur le Live d’Interencheres, les commissaires-priseurs mettront en vente cette œuvre du peintre flamand David Teniers II, dit le Jeune (1610-1690). « Les toiles de cet artiste fondamental de l’histoire de l’art passent régulièrement sur le marché. Mais il est rare de trouver un tableau du maître de cette qualité. »

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« Avec ses guenilles, sa robuste corpulence et son air rougeaud, le berger pourrait parfaitement participer aux kermesses et autres réjouissances populaires peintes habituellement par Teniers le Jeune. Mais dans ces scènes de genre, l’ambiance est à la fête, l’alcool coule à flots, les villageois rient à gorge déployée. Notre tableau dégage une atmosphère plus apaisée. Le côté noble du berger est ici mis en avant, ce qui dénote totalement de la vision moqueuse portée par la peinture flamande du XVIIe siècle », poursuit Maître Gauthier. Et Mathias Petit, commissaire-priseur stagiaire à la maison de ventes, d’ajouter : « La représentation du ciel avec ces teintes rouges-orangées visibles au loin, et le traitement des nuages, très réalistes et parfaitement découpés, s’inspirent directement des paysages peints pendant la Renaissance italienne. Ce fond s’avère beaucoup plus travaillé que celui des tavernes populaires et tumultueuses, laissé volontairement indéfini pour accentuer l’image modeste du lieu. »

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Contrairement à ce que son épithète pourrait laisser croire, David le Jeune est mort à 79 ans, un âge canonique pour un contemporain du XVIIe siècle. Il a laissé une œuvre foisonnante, admirée dans les plus grands musées, du Louvre au Prado madrilène en passant pas le musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg. Les expositions internationales se succèdent sur ce maître de la peinture flamande du XVIIe siècle, issu d’une prestigieuse lignée de peintres flamands (qui compte Brueghel l’Ancien parmi ses proches parents). De son vivant, David le Jeune était déjà actif sur le marché de l’art puisqu’il était chargé par l’archiduc Léopold Guillaume de Habsbourg de s’occuper de la collection princière d’œuvres d’art. Les ventes aux enchères se sont ensuite toujours intéressées à ses tableaux. « Le passage difficile » a d’ailleurs été acquis lors d’une vacation parisienne en 1907 pour la somme de 1 550 francs or, ce qui équivaudrait aujourd’hui à environ 15 500 euros. L’estimation basse fixée par Maîtres Gauthier et Jabot s’élève à 8 000 euros.

Lien vers l’annonce de vente du tableau