Le 28 mars 2025 | Mis à jour le 28 mars 2025

Les tableaux de l’âge d’or flamand et hollandais : pourquoi est-ce le moment d’acheter ?

par Magazine des enchères

L’âge d’or des peintures flamandes et hollandaises se situe autour du XVIIe siècle et celui de leur marché, entre les années 1980 et 2010. L’expert Stéphane Pinta conseille de s’intéresser aujourd’hui à ces tableaux désormais très abordables.

 

Le terme d’écoles du Nord concerne les peintures flamandes et hollandaises, principalement réalisées autour du XVIIe siècle, soit après la période des primitifs flamands tels que Jan van Eyck ou Pieter Brueghel l’Ancien et jusqu’en 1672, date de l’invasion française. C’est l’époque des grands maitres Rubens, Vermeer ou Rembrandt. Dans leur sillage, des centaines d’artistes s’essaient aux huiles sur toile, développant de nombreux thèmes différents. La scène de genre à l’image de cette danse paysanne du XVIIIe siècle, par un suiveur de Van Ostade (600 à 800 euros) ou la scène de taverne attribuée à Anthonie Palamedesz (1 000 à 1 500 euros, les deux dans la vente de la maison Mercier du 6 avril). Ou le portrait, car dans cette période de prospérité, les bourgeois tiennent à se faire représenter sur des tableaux, et que cela représente un débouché financier pour les artistes : pour exemple, une paire réalisée dans l’entourage de Jan Victors, un homme et une dame sur fond de draperie vers 1650 (estimation 8 000 à 10 000 euros). Mais aussi des natures mortes, des marines, des paysages, des vues de ville… Les images religieuses restent moins nombreuses que dans les périodes précédentes : le calvinisme néerlandais interdit les peintures religieuses dans les Eglises, ce qui limite les commandes.

 

Une production pléthorique d’œuvres non signées

Beaucoup de toiles de l’époque ne sont pas signées, et sont donc proposées aux enchères aujourd’hui avec des mentions telles que « attribué à », « de l’entourage de », « suiveur de » où « de l’atelier de ». « Il existe une distinction dans ce domaine, les peintres hollandais ont davantage signé leurs œuvres, comme une forme de copyright pour ne pas être copiés, les Flamands travaillaient différemment et dans les ateliers plusieurs peintres pouvaient faire des tableaux assez proches et non signés », précise l’expert, qui confie acheter parfois des œuvres non signées pour leur qualité, sans se soucier de leur auteur.

 

 

Historiquement, les peintres hollandais se sont davantage attachés à créer des compositions originales, y compris ceux qui travaillaient dans des ateliers prestigieux comme celui de Rembrandt. Cette organisation en ateliers, parfois dans des quartiers où ces mêmes ateliers occupaient des rues entières, a donné naissance à une production très importante, qui se compte probablement en millions de tableaux : « Au XVIIe siècle, les flamands tenaient le marché, et organisaient un peu partout y compris en France des loteries dans lesquelles on pouvait gagner un tableau. Et en France, dans le quartier Saint-Germain était installé un groupe de peintures flamands protestants exemptés de la guilde qui réalisait aussi de très nombreuses œuvres… Dans ce domaine, on trouve des centaines de tableaux nouveaux tous les ans ! » D’où des estimations qui peuvent varier de quelques centaines d’euros à plusieurs centaines de milliers : en mai 2024, un Village au bord d’un fleuve par Jan Brueghel l’Ancien a été adjugé 410 000 euros par la maison Rouillac.

 

Des œuvres muséales pour 10 000 euros

« Ce marché a beaucoup ralenti depuis une dizaine d’années, estime Stéphane Pinta, donc pour ceux qui apprécient ce type de peinture c’est le moment d’acheter ! Des toiles de qualité muséale peuvent être acquises autour de 10 000 euros ». L’expert se souvient qu’entre les années 1980 et 2010, les collectionneurs hollandais en particulier achetaient tous les tableaux disponibles sur la foire de Maastricht, « mais chaque année, ils étaient un peu plus cher de 20 à 30 %, et ils ont fini par se lasser, et le marché s’est bloqué ».

Les prix sont depuis devenus bien plus raisonnables ce qui permet aux Français (qui collectionnent ces toiles depuis le XVIIIe siècle) comme aux Néerlandais de se faire plaisir. Pour exemple, la toile par Dirk Stoop représentant une halte de chasse à la fontaine est estimée 12 000 à 15 000 euros par la maison Mercier, qui l’aurait sans doute évaluée à plus de 100 000 euros au plus fort du marché. « Les amateurs ont en général un thème de prédilection, qu’il s’agisse des marines, des portraits,, des paysages, mais ils ne sont pas exclusifs et beaucoup accrochent leurs toiles comme elles l’étaient au XVIIe siècle, tous thèmes mélangés », analyse Stéphane Pinta. Quant à savoir s’il faut attendre une hausse des prix dans les années à venir, il reste philosophe : « Il faut acheter une toile pour se faire plaisir d’abord, et espérer ensuite que d’ici 20 ou 30 ans, nos héritiers pourront la revendre avec une plus-value ».

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