Maillol par Maurice Denis : une étude préparatoire achetée par Ambroise Vollard aux enchères à Annecy
Une peinture de Maurice Denis achetée par Ambroise Vollard en 1908 sera dévoilée aux enchères le 18 janvier à Annecy. Représentant le sculpteur Aristide Maillol, elle dévoile les prémisses du décor que le peintre nabi imagina pour l’hôtel particulier parisien du directeur de l’Opéra de Paris Jacques Rouché.
A l’aube du XXe siècle, Jacques Rouché, critique musical et futur directeur de l’Opéra de Paris, fait appel à des artistes novateurs pour décorer son hôtel particulier de la plaine Monceau. Pour le vestibule, le peintre nabi Maurice Denis (1870-1943) conçoit en 1907 un décor sur le thème Terre latine, inspiratrice d’art et de poésie, évoquant les arts de l’humanité classique. Le plafond se déploie en trois panneaux allégoriques – L’Art plastique, La Poésie, La Musique. Ce décor fut déposé en 1924-1925 lors de travaux de réaménagement chez Rouché, et il est depuis conservé au musée Maurice Denis à Saint-Germain-en-Laye. Si le musée compte également dans ses collections plusieurs esquisses préparatoires, certaines manquent à l’appel, à l’instar de notre Maillol sculptant, un travail préparatoire au panneau L’Art plastique qui ressurgit sur le marché à la faveur d’une vente aux enchères orchestrée par Mikaël Bennour le 18 janvier à Annecy.
Un hommage à Aristide Maillol
Notre esquisse dévoile au premier plan Aristide Maillol, sculpteur emblématique de son époque, travaillant dans une plantation d’orangers, vêtu d’une veste bleue. L’œuvre témoigne des liens d’amitié que nouèrent Maurice Denis et Aristide Maillol. En 1905, le peintre consacre au sculpteur, qui présente alors sa Femme assise (ou Méditerranée) au Salon, un article résumant son approche artistique dont il partage les valeurs : « L’idéal de l’Art, c’est de condenser, de résumer en un petit nombre de formes claires et concises les liaisons infiniment variées que nous percevons dans la Nature. » Un idéal qui, avec Maurice Denis et les Nabis, se traduit par des compositions rigoureuses, une simplification des formes, l’abandon de la perspective ou encore l’usage d’aplats colorés.
Un travail préparatoire à l’échelle acheté par Ambroise Vollard
Réalisé à l’échelle, notre travail préparatoire fut vendu en 1908 au célèbre marchand Ambroise Vollard qui le fit maroufler sur toile. La transaction, qui comprenait d’autres études, fut effectuée directement auprès de l’artiste et s’élevait à 9 000 F. « L’étude fut retravaillée par l’artiste, ce qu’atteste un courrier adressé au marchand en décembre 1912 », précise le commissaire-priseur Mikaël Bennour, citant le courrier en question : « Avez-vous encore ces grandes esquisses de la décoration de M. Rouché, que j’avais retouchées à l’essence après que vous les aviez fait monter ? Vous vous rappelez qu’il y avait là un Maillol en veste bleue en train de sculpter dans une plantation d’orangers ? » L’étude est encore répertoriée dans la collection d’Ambroise Vollard en 1922, avant qu’elle ne rejoigne plusieurs collections successives. Expertisée par le cabinet Maréchaux-Laurentin, elle empruntera le chemin des enchères avec une estimation comprise entre 25 000 et 35 000 euros. Une attestation du Catalogue raisonné de l’œuvre de Maurice Denis en date du 9 décembre 2024 sera remise à l’acquéreur.