Le 10 novembre 2021 | Mis à jour le 10 novembre 2021

Montres Zenith : la plus grande collection privée au monde dispersée à Reims

par Arthur Frydman

Le 14 novembre à Reims, la maison Chativesle ouvrira le premier volet des ventes d’horlogerie consacrées à la vie du collectionneur Joël Duval. Un premier opus dédié à la marque Zenith, avec plus de 200 montres uniques et d’exception, soit la plus importante vacation au monde pour la manufacture du Locle.

 

Nous sommes en mai 2021, lors d’une matinée ensoleillée à Reims, l’expert en montres de collection Alexandre Léger se trouve devant trente-trois scellés de banque comprenant des montres, des stylos et des couteaux. « Un trésor représentant près de trois chariots de supermarché remplis à ras bord et comprenant près de 200 kilos d’acier, d’or, d’argent et de platine », confie le spécialiste qui ne s’attendait pas à une telle découverte. « Une trouvaille faramineuse dans la vie d’un expert en horlogerie, d’autant plus que personne ne savait réellement ce qui se trouvait dans les coffres », surenchérit Alexandre Léger qui précise que chaque objet était soigneusement rangé « à la manière d’un Tetris », dans des boîtes de médicaments, de bonbons ou dans des lingettes pour bébé.

 

Joël Duval, un amateur de Zenith pas comme les autres

Au total, 1 200 pièces d’horlogerie sont mises au jour. Mué en détective, Alexandre Léger a expertisé pendant près de sept mois les différents objets découverts au fur et à mesure de son enquête. Cette collection de Joël Duval, récemment décédé, sera dispersé le 14 novembre à Reims et en live sur Interencheres. Collectionneur aguerri de montres pendant plus de 30 ans, il a chiné dans le monde entier afin de trouver la perle rare. « Il était l’un de ces collectionneurs compulsifs atteint de collectionnite aiguë », souligne l’expert. Il a, de plus, tissé un réseau physique et virtuel sur tous les continents pour trouver des pépites inconnues qu’il a mis en valeur à travers le plus grand forum francophone d’horlogerie qu’il créa en 2005 : Forum à Montres, comprenant près de 100 000 membres.

« Il fut surtout une mémoire vivante de la marque Zenith à laquelle il dédia un livre, La saga d’une manufacture horlogère étoilée, paru chez Albin Michel en 2015 ainsi qu’un site Internet dévoué à la manufacture », poursuit Alexandre Léger. 60 % de la collection mise à l’encan est d’ailleurs contenue dans l’ouvrage, qui fait aujourd’hui référence. Il était donc naturel pour la maison Chativesle et son expert, de débuter la dispersion de la collection – qui se poursuivra en janvier 2022 avec les couteaux et les stylos puis en avril 2022 avec la marque Omega – par la manufacture Zenith, si chère à Monsieur Duval.

 

Une vente fleuve et mono-marque inédite

Parmi la multitude de pièces découvertes, 225 montres Zenith que la famille Duval a décidé de mettre aux enchères. « Un patrimoine horloger exceptionnel qui balaye toute l’histoire de la marque et plus généralement de l’horlogerie. Cette vacation 100% Zenith constitue la plus importante vente jamais réalisée au monde de la griffe horlogère », se réjouit Alexandre Léger qui explique par ailleurs que « toutes les montres ont été retrouvées dans un état de conservation remarquable. En effet, après leur achat, les montres n’étaient quasiment pas portées par Joël Duval qui les stockait directement dans des coffres ». Un critère qui, en plus de la provenance prestigieuse des montres, devrait ravir les collectionneurs avisés, d’autant plus que les estimations se veulent « incitatives », souffle Alexandre Léger avec des montres de poche et des montres de poignet estimées à partir de 100 euros (et jusqu’à 40 000 euros).

Au sein de la sélection figurent des montres de poche, dont de nombreuses montres gravées et dites de « chemin de fer » européen que le collectionneur plébiscitait tout particulièrement. La collection « Graal » de Joël Duval devrait attirer toutes les convoitises, comprenant cinq montres de poche ou savonnette en argent. « Des pièces qui possèdent une raquette « Rosat », qui illustre encore aujourd’hui, la page d’accueil du Forum à Montres. Elles tenaient une place particulière dans la collection et représentent la quintessence de ce qu’un collectionneur Zenith recherche ». Elles sont estimées prudemment entre 300 et 500 euros. À noter également, les six Zenith Mucha figurant les saisons, estimés entre 1 000 et 2 000 chacun – avec faculté de réunion à l’issue des quatre enchères – contenant les quatre saisons par Alphonse Mucha. « Des montres réunies après 20 ans de recherche de Joël Duval. C’est la première fois depuis l’Exposition Universelle de 1900 à Paris que les quatre montres se retrouvent ensemble, ce qui fait toute leur rareté ».

 

[En haut à gauche] ZENITH Mucha, Le Printemps, vers 1900. Estimation : 400 – 800 euros. [En haut à droite] ZENITH Mucha, L’été, vers 1900. Estimation : 1 000 – 2 000 euros. [En bas à gauche] ZENITH Mucha, L’Automne, vers 1900. Estimation : 1 000 – 2 000 euros. [En bas à droite] ZENITH Mucha, L’Hiver, vers 1900. Estimation : 1 000 – 2 000 euros.

Concernant la montre-bracelet, la vente recèle de pièces inédites et peu connues du grand public des années 1950 jusqu’aux années 2010. À relever, de nombreux lots phares à l’image de la collection de Defy dite « Boulon », le coup de cœur de l’expert. « Elles sont l’équivalent de la Royal Oak ou de la Nautilus chez Zenith. Nous sommes au milieu des années 1970 et les formes des lunettes facettées ainsi que les cadrans colorés et fumés nous transportent dans une époque joyeuse de l’horlogerie, juste avant la crise du quartz ». Des montres d’exception estimées raisonnablement entre 400 et 1 500 euros. Notons également les séries limitées à cinquante exemplaires en platine, éditées par Zenith entre 2006 et 2009 (entre 8 000 et 14 000 euros), ainsi que divers chronographes des années 1970 dits « Rainbow« , équipés du fameux mouvement automatique El Primero qui équipa à la même époque les Rolex Daytona » mouvement Zenith » (entre 1 800 et 3 000 euros). Enfin, le seul prototype Damas de l’histoire de la manufacture du Locle. Réalisé vers 1997 par Marc Alfieri, coutelier et designer, ce garde-temps unique réunit les deux passions de Joël Duval, à savoir la coutellerie et les montres Zenith. À n’en pas douter la pièce majeure de la vacation et qui devrait battre un record sous le marteau (estimée entre 20 000 et 40 000 euros).

Enchérir | Suivez la vente de montres Zenith le 14 novembre en live sur interencheres.com

 

 

Lange & Söhne : une vente judiciaire de montres d’exception

De son côté, la maison de vente parisienne Art Richelieu – Castor Hara orchestrera le 23 novembre prochain une vacation judiciaire de haute horlogerie. 99 montres de luxe seront proposées aux enchères à la requête de l’Agence de gestion et recouvrement des avoirs saisis et confisqués (AGRASC). La vente mettra à l’honneur les plus belles manufactures horlogères à débuter par de nombreuses pièces signées A. Lange & Söhne, la marque allemande étant très recherchée par les collectionneurs et peu mise en avant sous le marteau. Une sélection de Tourbillon, la complication la plus noble qui soit, sera proposée entre 100 000 et 200 000 euros, sans oublier quelques phases de Lune, toujours très appréciées des amateurs d’horlogerie fine. Suivront Patek Philippe, manufacture star des enchères, avec un rare Chronographe Flyback Quantième Annuel (entre 30 000 et 50 000 euros) ainsi qu’une Aquanaut de 2015 (entre 20 000 et 30 000 euros), Rolex avec les très plébiscitées GMT Master II, dont un exemplaire dit « Pepsi » (entre 20 000 et 30 000 euros) et un « Batman » (entre 8 000 et 12 000 euros). À noter par ailleurs, une sélection affinée de montres IWC et Panerai, entre autres.

Enchérir | Découvrez toutes les montres de la vente judiciaire du 23 novembre sur interencheres.com

 

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