Stéphane Bern : « J’aime les choses qui ont une histoire »
Dans le prolongement de son engagement pour la sauvegarde du patrimoine, Stéphane Bern glane sur Interencheres des manuscrits, des meubles, des œuvres d’art qui racontent une histoire vieille d’un siècle, souvent davantage encore. À l’occasion de la sortie d’un nouveau tome des Secrets d’Histoire, le sixième animateur préféré des Français, celui que tous reconnaissent désormais comme « Monsieur Patrimoine », nous confie son amour sans borne pour le patrimoine et les objets anciens, pour lesquels il se sent investi d’un devoir de mémoire…
Le 3 septembre dernier, vous avez lancé un loto patrimoine. En quoi consiste-t-il ?
Il s’agissait à la fois de tickets à gratter et d’un super loto dont le tirage a eu lieu vendredi 14 septembre à 20h45 sur TF1. Une partie des fonds récoltés sera reversée à la Fondation du Patrimoine et participera à la rénovation de 269 monuments dont 18 emblématiques tels que la maison de Pierre Loti à Rochefort que j’affectionne particulièrement, ou celle de de la cantatrice Pauline Garcia Viardot à Bougival. Le principe du loto est ancien. Il vient d’Italie et permettait aux suzerains de trouver de l’argent pour construire. En France, François Ier a voulu l’instaurer, mais c’est Louis XV qui l’a mis en route. Grâce au loto, il a pu faire bâtir l’Église Sainte-Geneviève, actuel Panthéon, ainsi que l’Ecole Militaire. Ce principe du loto fonctionne d’ailleurs aujourd’hui très bien en Grande-Bretagne, en Allemagne et aux Pays-Bas. C’est le National Trust Lotery qui permet de financer entièrement chaque année la restauration de quelques trois cents monuments.
Pensez-vous qu’aujourd’hui en France le patrimoine est négligé ?
La sauvegarde du patrimoine est souvent perçue comme un coût invalidant, lourd et compliqué. Aussi, le patrimoine est délaissé et parfois se dégrade jusqu’à s’effondrer à l’image de l’église Saint Joseph des Charpentiers à Rome ou du Musée national de Rio. Pourtant, ce n’est pas un coût mais un investissement. A chaque fois que je parcours la France et que j’anime l’émission « Le Village préféré des Français », je me rends compte à quel point notre pays est une mine d’or. Grâce à ce patrimoine incroyable, la France est le premier pays visité au monde. Elle accueille jusqu’à 90 millions de visiteurs chaque année, venus pour découvrir nos monuments, nos campagnes, nos villages. Ce patrimoine, qu’il soit religieux, agricole, industriel, archéologique, dynamise nos territoires, crée du lien social et participe à l’économie locale.
Je passe le plus clair de mon temps sur le site Interencheres en quête de livres, de souvenirs historiques, de vieux papiers ou d’affiches !
Depuis un an, vous prenez part avec dynamisme à la défense du patrimoine national. Mais cet engagement n’est pas nouveau. A quand remontent vos premières actions ?
Je suis un amoureux du patrimoine depuis mes quinze ans ! J’ai adhéré très tôt à des associations luttant pour sa sauvegarde, avant de multiplier les émissions à ce sujet. Dans « Secrets d’histoire », par exemple, j’essaie de faire passer des messages. Lorsque je tourne au château de Villers-Cotterêts et que je constate que tout menace de s’effondrer, je le dis à l’antenne pour alerter le public et les élus, afin qu’ils prennent conscience de l’état de déliquescence de notre patrimoine public et privé.
Vous êtes en quelque sorte un passeur d’histoire(s), à l’image de nos commissaires-priseurs qui ont à cœur de transmettre un héritage…
Oui, j’aime les choses qui ont une histoire. Je passe le plus clair de mon temps sur le site Interencheres en quête de livres, de souvenirs historiques, de vieux papiers ou d’affiches ! L’une des chansons qui m’avait le plus ému de Barbara était d’ailleurs celle sur la salle des ventes. Elle était absolument bouleversante et décrivait une vieille dame regardant tous ses souvenirs [« Les trésors fabuleux d’un passé qui n’est plus »] partir sous le marteau du commissaire-priseur. Bien souvent j’achète car je vois des choses sentimentales et j’ai la sensation qu’il ne faut pas qu’elles tombent dans l’oubli, comme un devoir de mémoire. Je collectionne principalement des témoignages et objets anciens. J’aime les portraits de cour, les œuvres d’art du XVIIIe siècle. Récemment, j’ai également acheté des cartes anciennes de la Grèce pour les mettre chez moi sur l’île de Paros, ainsi qu’un ancien moule à baba en forme de fleur de lys que je trouvais très joli mais que je n’ai pas encore utilisé. J’achète de tout, mais jamais des choses de grande valeur. Je suis un petit joueur ! J’essaie de rester très raisonnable et de me fixer un budget. Aux enchères, pour deux cents euros, vous trouvez des choses superbes ! Les gens ne se rendent pas compte des trésors que l’on y découvre. Pour leur mobilier, ils dépensent une fortune dans les grandes enseignes, alors qu’en salle des ventes on trouve une salle à manger XVIIIe ou XIXe beaucoup moins cher.
Crédit photo : Frédéric Chéhu.
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