Un laque de Pham Hau vendu 380 000 euros près de Paris
Estimé autour de 70 000 euros, un triptyque en laque de l’artiste vietnamien Pham Hau (1903-1995) s’est envolé à 380 000 euros sous le marteau de Maître Guillaume Le Floc’h le 17 février 2019 à Saint-Cloud, dans les Hauts-de-Seine. Figurant un paysage préservé du Vietnam, il appartenait à un ancien administrateur colonial à Hanoï.
La deuxième peinture la plus chère de Pham Hau
Le 17 février à Saint-Cloud, Maître Guillaume Le Floc’h organisait une grande vente d’art et mobilier, avec en vedette des toiles impressionnistes signées Renoir et Picabia, adjugées jusqu’à 250 000 euros. Devant une salle comble, c’est pourtant un triptyque en laque de l’artiste vietnamien Pham Hau qui a créé la surprise. Estimé entre 60 000 et 80 000 euros, il s’est envolé à 380 000 euros (frais compris), acquis par un néerlandais installé à Hong Kong, face à une dizaine d’enchérisseurs originaires du monde entier. Un résultat qui fait de cette Harde en pleine jungle la deuxième peinture de Pham Hau la plus chère vendue aux enchères. Elle se hisse ainsi aux côtés d’un laque de 1949, figurant des Villageoises au bord d’un étang du Tonkin, qui avait été adjugé 421 080 euros (frais compris) le 30 mai 2018 à Paris.
Le souvenir d’un administrateur colonial à Hanoï
Le triptyque appartenait à Georges Besse, administrateur colonial à Hanoï de 1938 à 1955. « Ce directeur administratif était tombé sous le charme du Vietnam, détaille la maison de ventes. En amateur éclairé, il a acquis des œuvres qui lui rappelaient la beauté des paysages vietnamiens mais, également, celle de sa population avec un buste de jeune tonkinoise ou un couple de vieillards en bronze. » Lorsqu’il quitte le Vietnam en 1955, Georges Besse emporte avec lui des objets, des laques, comme autant de souvenirs de ses pérégrinations au gré des terres préservées de l’Indochine. « Ces trésors le suivront tout au long de sa carrière : d’abord au Niger jusqu’en 1962, puis à Douarnenez pour sa retraite. Resté, depuis, dans la famille, ce panneau de laque reste ainsi le souvenir merveilleux d’un paradis terrestre. »
Un Vietnam édénique
A partir des années 1930, Pham Hau connaît un grand succès avec ses laques, séduisant les grandes familles vietnamiennes, autant que les notables coloniaux. Aux côtés de Nguyen Gia Tri ou Tran Van Can, il s’impose comme l’un des acteurs majeurs du renouvellement de l’art vietnamien, mêlant à la technique ancestrale de la laque, un traitement pictural inspiré de la peinture moderne occidentale. « Il s’illustre au travers de paysages vierges et poétiques. » Le triptyque dévoile ainsi une nature luxuriante, préservée de toute civilisation, dans laquelle évolue une harde de cerfs. « Les arbres se superposent et les larges feuilles de l’arbre du voyageur, au premier plan, nous placent comme spectateurs d’un instant d’une rare intensité : celui d’une nature rêvée, sans homme. »
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