
Un portrait de Charles X peint par l’atelier de François Gérard aux enchères à Morlaix
Un portrait en buste de Charles X peint par l’une des plus brillantes élèves de François Gérard sera présenté aux enchères le 2 août à Morlaix. Estimée à plus de 3 000 euros, cette copie fut offerte par le dernier des Bourbons au comte de La Fruglaye.
Elève de Jacques-Louis David, François Gérard (1770-1837) s’illustra à travers ses portraits virtuoses, livrant les effigies officielles des souverains de l’Empire à la Monarchie de Juillet. Remarqué par les Bonaparte, pour qui il réalise un portrait de Marie-Louise et de Napoléon Ier en costume de sacre, François Gérard s’attire les faveurs de Louis XVIII et Charles X qui le nomment tour à tour premier peintre du roi. En 1825, le dernier des Bourbons lui confie ainsi la réalisation de son portrait officiel en costume de sacre. L’artiste dépeint le souverain en majesté, doté de son manteau doublé d’hermine et de son sceptre, et place au premier plan la couronne et le trône, comme autant de piliers du pouvoir royal. A partir de ce tableau majestueux conservé aujourd’hui au Musée national des château de Versailles et de Trianon, François Gérard exécute un portrait du souverain en buste, dont son atelier livre plusieurs copies à la demande de l’Etat, destinées à servir de présent royal. « Notre version porte au verso le cachet du Louvre, ainsi que les deux C entrelacés de Charles X, explique l’expert Alexis Bordes. Elle fut offerte au comte de La Fruglaye, un collectionneur qui fut également dessinateur à ses heures perdues. Il constitua une importante collection d’œuvres d’art, conservée depuis par sa descendance au château de Keranroux, dans le Finistère ». Cette copie du portrait de Charles X sera présentée aux enchères par François et Sandrine Dupont le 2 août à Morlaix, aux côtés d’un ensemble d’œuvres d’art provenant du château Keranroux.

Atelier de François Gérard dit Baron Gérard (Rome, 1770 – Paris, 1837), Portrait en buste de Charles X. Huile sur toile esquissée et non finie. Dans son cadre d’origine en bois et stuc doré à décor de palmettes et de fleur de lys, 94 x 78 cm. Estimation : 3 000 – 4 000 euros.
Un portrait virtuose peint par Julie Duvidal de Montferrier
Au XIXe siècle, une centaine de copies officielles fut réalisée d’après les œuvres de François Gérard, dont vingt-et-un portraits de Charles X. Cet exercice était l’occasion pour les artistes de l’atelier du maître néoclassique de démontrer leur talent de portraitiste dans le rendu des chairs et des matières. « Notre toile est de très belle qualité. Elle se distingue par son exécution extrêmement libre et le rendu virtuose de la vive présence du modèle », détaille l’expert. Selon l’historien de l’art Mikaël Le Gouaréguer, cette copie aurait été réalisée par Julie Duvidal de Montferrier (1797-1865), une artiste femme tombée dans l’oubli qui épousa en 1827 le frère de Victor Hugo. Médaillée au Salon de 1824, Julie Hugo se forma auprès du Baron Gérard et de Jacques-Louis David et fut nommée copiste officielle d’Ingres et Delacroix. Elle enseigna également le dessin à l’épouse de l’auteur des Misérables, Adèle Foucher, qu’elle dépeignit en 1820 dans un portrait conservé aujourd’hui au sein de la maison Victor Hugo. Elle compte parmi les plus brillantes élèves du baron Gérard qui eurent le privilège de réaliser des copies pour l’Etat. On lui connaît en outre deux portraits de Louis XVIII exécutés d’après l’œuvre du maître.