Une lampe à décor de chauve-souris signée Emile Gallé en vente à RennesÂ
Le 28 octobre à Rennes, une rare lampe d’Emile Gallé sera dévoilée aux enchères par la commissaire-priseur Carole Jézéquel. Estimée entre 20 000 et 30 000 euros, cette pièce datée de 1902 arbore un décor énigmatique de chauve-souris, témoignant d’une facette plus symboliste de l’œuvre du maître verrier emblématique de l’Art nouveau.
Si Emile Gallé (1846-1904) est davantage connu pour ses vases et coupes, il a livré quelques créations lumineuses fascinantes. En témoigne la lampe « Chauve-souris au crépuscule » datée de 1902 mise en vente le 28 octobre à Rennes. « Ses premières créations lumineuses apparaissent à la fin des années 1880, avec ses lampes de mosquée, mais peu de pièces sont créées. C’est en 1899 qu’il crée sa première lampe électrique », précise Amélie Marcilhac, experte en arts décoratifs. Il explore ensuite avec ferveur les possibilités créatives que lui offrent les lampes et présente plusieurs modèles à l’Exposition Universelle de 1900 à Paris. Emile Gallé meurt en 1904 d’une leucémie, peu de temps après avoir entrepris cette nouvelle direction artistique. Ainsi, les luminaires signés de sa main sont peu nombreux et rares sur le marché.
La chauve-souris et l’influence du japonisme dans l’Å“uvre d’Emile Gallé
La chauve-souris, motif central de cette lampe d’exception, incarne l’influence du japonisme sur l’Å“uvre de l’artiste. Emile Gallé représente cette créature nocturne, perçue comme un porte-bonheur en Orient, tandis qu’elle évoque davantage le mystère en Occident, une dualité symbolique exploitée avec cette pièce empreinte de mysticisme. « La chauve-souris devient un motif décoratif très prisé des artistes de l’époque. Emile Gallé n’échappe pas à cette influence du japonisme et met en scène, avec l’aide de son chef d’atelier Louis Hestaux, l’animal en plein vol », détaille Amélie Marcilhac.
Une lampe de 1902 estimée de 20 000 à 30 000 euros
Les luminaires signés Émile Gallé obtiennent des adjudications soutenues sur le marché. En témoigne notamment l’adjudication portée à 89 322 euros (frais inclus) en 2016 à Paris pour une lampe de l’artiste, réalisée entre 1890 et 1900 et ornée d’un décor de nénuphars en verre multicouche. La production des luminaires s’est poursuivie après la mort de Gallé en 1904 sous l’impulsion de son gendre, Albert Schneider, qui modernisa l’approche en s’inspirant des nouvelles techniques de verre moulé développées par des maîtres verriers comme René Lalique. Ainsi, dans les années 1920-1925, les établissements Gallé produisent des lampes plus modernes, à l’instar de la lampe au décor soufflé de rhododendrons qui a été adjugée 117 000 euros en septembre dernier à Lyon par la maison De Baecque et Associés. A noter qu’une lampe très similaire à celle mise à l’encan à Rennes a été adjugée 111 799 dollars en 2022 aux Etats-Unis, pour une estimation initiale comprise entre 20 000 et 35 000 euros. De quoi laisser présager de belles enchères pour cette lampe estimée entre 20 000 et 30 000 euros.