Une œuvre inédite de Sanyu estimée à plus de 30 000 euros ressurgit lors d’un inventaire à Arras
Découverte au hasard d’un inventaire à Arras, une œuvre du peintre franco-chinois Sanyu sera dévoilée pour la première fois aux enchères le 20 octobre à l’occasion de la vente inaugurale de la maison Artefact. Estimée à plus de 30 000 euros, elle n’avait jamais été exposée ni répertoriée.
Mise à jour du 21 octobre 2024. L’œuvre de Sanyu a été adjugée 281 000 euros (frais inclus) et partira à Hong Kong.
« Nous souhaitons offrir aux Lillois et aux habitants du Nord Pas-de-Calais un service de proximité. L’ancrage territorial est un véritable atout pour les maisons de vente ». Lorsque l’on sait que des expertises gratuites ou inventaires fleurissent parmi les plus belles découvertes, l’on ne peut qu’abonder dans le sens d’Hugues Watine. Le commissaire-priseur vient de fonder, avec Lara Schweitzer, une nouvelle maison de vente à Lille, Artefact Enchères, et présente pour la vente inaugurale une œuvre inédite de Sanyu (1895-1966), retrouvée au hasard de l’inventaire d’une propriété située à Arras. L’œuvre, une huile et technique mixte sur carton authentifiée par la fille de l’artiste franco-chinois, était jusqu’alors inconnue. Elle est estimée entre 30 000 et 50 000 euros.
Sanyu, le Matisse chinois
Né dans une famille prospère de la province de Schiuan, au sud-ouest de la Chine, Sanyu découvre dès son plus jeune âge les rudiments de la peinture au contact de de son père, peintre animalier renommé, et se forme à la calligraphie auprès du maître Zhao Xi. Après une année d’apprentissage à Tokyo en 1911, il bénéficie du soutien de sa famille pour suivre des études artistiques à Paris. Il s’inscrit à l’Académie de la Grande Chaumière et fréquente les mêmes quartiers que Matisse, Picasso, Modigliani ou encore Brancusi, partageant leurs cafés, leurs muses et, bientôt, leur esthétique avant-gardiste. « Dans les années vingt, Paris était assurément dans les esprits chinois le foyer de la culture artistique européenne. Sanyu, âgé d’à peine 19 ans, fait partie des premiers artistes de son pays à se rendre en France en 1921 grâce à un programme parrainé par le gouvernement. Il y rejoint d’autres artistes chinois dont Georgette Chen Liying, Lin Fengmian, Xu Beihong, Chang Shuhong et Pan Yullaing et beaucoup d’autres. »
Un artiste prisé sur le marché
Si son œuvre graphique s’inscrit dans la tradition de la calligraphie chinoise, jouant de pleins et déliés, elle est pétrie des nouvelles recherches qui émergent alors dans les cercles de l’avant-garde parisienne. Celui que l’on surnomme le « Matisse chinois » rompt avec l’exactitude descriptive, livrant une œuvre moderne, aux confins de l’abstraction. « Ici, la virtuosité calligraphique du trait, typique de l’art chinois, s’amalgame avec un regard et une ligne moderniste dans une composition à la fois synthétique et silencieuse. L’humeur et la pause du félin sont saisis au vol par un pinceau rapide et moderne qui par sa force donne à ce chat une présence insistante et mystérieuse », décrit l’expert Frédérick Chanoit.
Avec les nus et les fleurs, les animaux, exotiques ou de compagnie, comptent parmi les sujets de prédilection de l’artiste. « Sanyu n’est pas un peintre prolixe, il aurait produit environ trois cent vingt peintures à l’huile sur toile, masonite ou sur carton, répertoriées au Catalogue Raisonné de Mme Wong. » Un catalogue qui s’enrichit d’une nouvelle œuvre à la faveur de cette vente prévue le 20 octobre à Lille.
Si Sanyu termine ses jours à Paris en 1966 dans le plus grand dénuement, il compte aujourd’hui parmi les artistes chinois les plus prisés sur le marché, avec un record de vente établi en 2019 à plus de 35 millions d’euros pour Cinq nus peints à l’huile sur masonite. A noter qu’au catalogue des œuvres animalières, une huile sur carton de 1930 figurant un Cheval agenouillé a trouvé preneur à 3,3 millions d’euros en 2017 à Pékin.