
De Vaillant à Pif Gadget, les mémoires d’un journal qui captivait la France des années 1960
Le 21 mars à Epernay, le commissaire-priseur Antoine Petit dispersera la collection de Richard Medioni, l’ancien rédacteur en chef de Pif Gadget qui succéda à Vaillant. Retour sur l’histoire de ce journal qui, prenant la relève du Jeune Patriote créé sous l’égide du Parti communiste, captiva la France d’après-guerre.
« Le hasard fait bien les choses : nous fêtons cette année les 80 ans de Vaillant, le journal le plus captivant, qui deviendra par la suite le très populaire Pif Gadget », s’amuse le commissaire-priseur Antoine Petit qui s’apprête à disperser la collection de Richard Medioni. Entré à la rédaction de Vaillant en 1968 à l’âge de 20 ans, ce dernier participa à la création de Pif Gadget pour en devenir le rédacteur en chef en 1971.
Le Jeune Patriote, Vaillant, Pif Gadget : histoire de l’un des journaux les plus populaires après-guerre
C’est le 1er juin 1945 que paraît le premier numéro du journal Vaillant, avec en sous-titre la mention du journal dont il prend la relève, Le Jeune Patriote. Né en 1942, Le Jeune Patriote devint, à la Libération, l’organe des Forces unies de la jeunesse patriotique (FUJP), sous l’égide du Parti communiste français. Entre octobre 1944 et juin 1945, trente numéros seront publiés, dévoilant les témoignages de résistants. S’il ne s’agit pas encore d’un journal de bande dessinée à proprement parler, il pose néanmoins les bases d’une ligne éditoriale engagée et tournée vers la jeunesse. « Devenu Vaillant, puis Pif Gadget, le journal connaît un grand succès populaire. Il est connu dans la France entière, tous les gamins des années 1960 et 1970 étaient abonnés. Et il a formé de grands dessinateurs qui ont ensuite travaillé pour de grands titres, comme Pilo ou Fluide Glacial », explique Antoine Petit. « Arnal avec Pif le Chien et Placid et Muzo qui sera repris par Nicolaou, Poïvet avec Les Pionniers de l’Espérance, Gillon et Jean-Claude Forest, Kamb, Tabary, Mandryka… et Gotlib, entre autres », détaille l’épouse de Richard Medioni à l’origine de cette vente événement.

Collection complète Vaillant, le journal le plus captivant – du n° 1 (31) du 1-6-1945 au n° 1181 du 31-12-1967. En vente chez Antoine Petit le 21 mars à Epernay, estimé entre 3 000 et 4 000 euros.
Une collection complète de Vaillant et des planches originales de Nicolaou
Dans son Histoire complète des journaux pour enfants de la mouvance communiste et leurs BD exceptionnelles (1901-1994), Richard Medioni eut à cœur de retracer le parcours de ce journal engagé. « Richard était un enfant du peuple, un petit gars du Paris d’après-guerre, qui découvrit la lecture dans une bibliothèque municipale et, dès lors, ne cessa de se passionner pour la culture populaire, raconte son épouse. Il aimait écrire, dessiner, concevoir des jeux, inventer des histoires, et son entrée à Vaillant lui permit de montrer tout son talent au service des enfants et de la bande dessinée. Devenu bien plus tard directeur artistique dans l’édition, il eut à cœur de faire partager sa passion pour la BD et la presse enfantine humaniste ».
Pour écrire son ouvrage, il constitua une collection complète de Vaillant, le journal le plus captivant, du n° 1 (1er juin 1945) au n° 1238 du 23 février 1969 – une collection, estimée 3 000 à 4 000 euros, qu’il souhaitait transmettre à un passionné. « Il a également rassemblé des planches originales (100-150 euros) de Jean-Pierre Dirick, Kamb pour Jacques Kambouchner ou encore Jacques Nicolaou, le créateur bien connu de Placid et Muzo », précise le commissaire-priseur Antoine Petit qui dispersera cet ensemble aux enchères le 21 mars à Epernay.
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