La valeur des stylos Montblanc aux enchères, des pièces accessibles aux séries limitées
La marque Montblanc fabrique depuis plus d’un siècle des stylos de luxe. Dans les ventes aux enchères, des modèles d’occasion accessibles à partir de quelques dizaines d’euros côtoient des séries limitées prisées par les collectionneurs les plus pointus. Le point sur la valeur des stylos Montblanc.
« Le stylo Montblanc, c’est à la fois le cadeau classique et chic plutôt grand public, et un objet de collection qui peut être assez pointu », affirme Emma Lacombe, spécialiste en bijoux et stylos pour la maison Le Floc’h. Elle présente régulièrement des ensembles de stylos dans ses ventes de joaillerie, et la marque allemande fait partie des best-sellers.
L’histoire de la maison Montblanc
L’entreprise « Simplo Filler Pen Company » est fondée en 1906 par le papetier Claud Johannes Voss, le banquier Alfred Nehemias et l’ingénieur August Eberstein. Leur objectif est de commercialiser un stylo-plume avec réservoir intégré qui ne fuirait pas. Après trois ans de recherches, en 1909, ils lancent leur première collection de stylos plume « Rouge et Noir », en ébonite noire avec un capuchon à tête rouge (à noter que la marque réédite ce modèle, vendu neuf autour de 550 euros). Et en 1913, le design est fixé : le stylo-plume édité par l’entreprise Montblanc – elle change de nom cette année-là – est noir, avec une étoile blanche à six branches sur le capuchon symbolisant les six vallées glaciaires du Mont Blanc.
En 1924, l’entreprise commence à utiliser le nom de Meisterstück (littéralement « pièce de maître » ou « chef d’œuvre ») pour ses stylos haut de gamme. La plume est gravée du chiffre 4810 (hauteur du Mont Blanc) à partir de 1929. Le Meisterstück 149, en résine noire, cerclé d’anneaux plaqué or et équipé d’une plume en or commercialisé en 1952, prendra le surnom de « power pen » en devenant le stylo classique des signatures de traités et contrats. A la fin des années 1920, Montblanc est présente dans plus de 60 pays, et propose dès 1935 une garantie « à vie » pour tous ses stylos.
Des séries limitées très étudiées
Les premiers prix se situent autour de 50 à 100 euros pour des modèles classiques, et des petits ensembles avec stylo-plume, bille et porte-mine. « Mais ce qui intéresse vraiment les amateurs, ce sont les séries limitées », précise Emma Lacombe, qu’il s’agisse de celles sur les grands écrivains, les musiciens, etc. » Sur chacun de ces stylos, un détail évoque la personnalité du grand homme : le bas du capuchon simulant les touches d’un piano sur le Montblanc Hebert von Karajan (estimé 150 à 200 euros), l’agrafe du capuchon en forme de clé de sol sur le Léonard Bernstein (200 à 300 euros) édité en 2001, ou une tête de loup sur l’agrafe d’un stylo dont le corps est en résine vert jungle sur le Rudyard Kipling dont il existe 9 800 exemplaires.
Sur son site, la maison Millon souligne que « le Montblanc Byblos sorti en série très limitée et daté de 2012 peut être estimé plus de 15 000 euros. Le Montblanc Gustave Eiffel, issu de la collection Skeleton a été vendu 20 000 euros : ce stylo datant de 2011 n’existe qu’en 91 exemplaires, l’âge d’Eiffel à son décès ».
Un marché exigeant
Outre la série à laquelle il appartient, la valeur d’un Montblanc dépend de plusieurs facteurs : le matériau, car l’entreprise a utilisé l’or, l’argent, le platine, la résine, parfois des diamants, le modèle (le stylo-plume est plus coté que le stylo bille ou le roller), mais également des caractéristiques uniques telles que des gravures personnalisées.
Pour les stylos d’exception, « c’est un marché technique, avec des collectionneurs très exigeants sur l’identification des stylos et leur état de conservation, un peu à l’image des numismates », constate Emma Lacombe. Citons quelques prix : 44 660 euros pour un stylo Charlie Chaplin en 2018 chez Artcurial, édition de 88 exemplaires (âge de la mort de l’acteur) ; 3 250 euros pour un Safety Fountain pen en argent de 1926 chez Bonhams en 2015 ; ou 2 100 euros pour un set stylo plume, bille et porte-mines Marcel Proust, édité en 1999 à 4 000 exemplaires en 2019 chez Millon. Complexes à réaliser, ces modèles ne sont pas trop touchés par le problème des faux, ce qui est malheureusement le cas des Meisterstück plus courants…
La maison Millon recommande d’être attentif à « la finesse de la plume, souvent en or, et la qualité supérieure du corps du stylo, qu’il soit en résine, en laque, ou en métal précieux comme l’or ou le platine (et jamais en plastique !). Les gravures, comme le nombre 4810 sur les plumes des stylos plume, fournissent un autre indice de leur authenticité ». Ajoutons que depuis 1991, la marque a introduit un minuscule numéro de série sur le clip de ses stylos… A vos loupes !