Le livre d’or d’un célèbre restaurant étoilé aux enchères à Lyon
La maison Médicis Enchères présentera à la vente le 20 novembre à Lyon des souvenirs des Vettard, une famille qui pendant plus de 70 ans fit briller la gastronomie lyonnaise place Bellecour avec l’incontournable Café Neuf, un restaurant deux étoiles Michelin. Parmi les pièces maîtresses de la vente, un livre d’or comprenant 75 pages dédicacées témoigne de la réputation du lieu qui attira maints artistes, hommes politiques et personnalités de la gastronomie, tels que Sacha Guitry, Alain Delon, Edouard Herriot ou encore le célèbre critique gastronomique Curnonsky.
« Enfin j’ai retrouvé ce Vettard que j’aimais ». C’est avec ces quelques mots, rédigés le 31 juillet 1937, qu’Edouard Herriot ouvre notre livre d’or. Epicurien, l’académicien et homme politique compta parmi les clients les plus fidèles du Café Neuf qui, de 1920 à 1997, fit briller la gastronomie lyonnaise place Bellecour. « Reconnue et appréciée, la table des Vettard accueilla tout ce que la France, et une bonne partie du monde, comptait d’important, d’artistique ou d’intellectuel… Vous les trouverez tous au fil des pages », résume le commissaire-priseur Clément Schintgen. Citons, en guise d’exemples, Sacha Guitry, Annie Girardot, Michel Audiard, Philippe Noiret, Jean Marais, Alain Delon, Jean Cocteau, Rudolph Noureev, Louis Pradel, Henri d’Orléans ou Francis Carton.
Les Vettard, une famille au service de la grande gastronomie française
L’aventure de la famille Vettard débute dans les années 1920, alors que Marius et Marie-Louise Vettard décident de reprendre le Café Neuf-Glacier des frères Marteni installé place Bellecour depuis 1827. Marius Vettard, fils de cultivateur-tisserand du Dauphiné que rien ne prédestinait à la cuisine, parvient à ériger au cœur de Lyon l’un des hauts lieux de la gastronomie française. C’est là, au sortir d’un dîner « chez les Vettard », que le critique culinaire Maurice Edmond Sailland, alias Curnonsky, prononcera en 1934 sa phrase célèbre, « Lyon est la capitale mondiale de la gastronomie », qu’il immortalise dans son ouvrage éponyme publié en 1935. Fort de ce succès, Marius Vettard crée en 1936 l’Amicale des Toques Blanches Lyonnaises et de la Région, l’actuelle Association des Toques Blanches Lyonnaises présidée par le chef Marguin et comptant près de 150 membres. Il est en outre choisi en 1937, par l’entremise de son ami Edouard Herriot, pour être concessionnaire du restaurant du Pavillon lyonnais de l’Exposition Universelle de 1937. « Cet événement majeur de l’entre-deux-guerres donne l’idée au couple d’ouvrir un livre d’or que nous avons le plaisir de présenter aujourd’hui au feu, non des fourneaux, mais des enchères », se réjouit le commissaire-priseur.
Marius Vettard est rejoint par son fils, Jean, qui travaillera à ses côtés en cuisine pendant 17 ans. Au décès de son père, Jean, et sa compagne Chantal, devenue patronne des lieux, poursuivent le travail engagé, en apportant un vent de renouveau. « Le couple n’a de cesse de suivre les tendances en modernisant d’abord leur lieu, en inaugurant ensuite « Le Neuf » au 7 place Bellecour, une formule brasserie sans précédent à Lyon. Ils s’ouvrent également au monde, notamment avec le groupe Peninsula qui les fit voyager, approcher les cuisines étrangères et surtout enseigner à des milliers d’élèves asiatiques la vraie cuisine lyonnaise », explique Clément Schintgen.
Une vente aux enchères pour les épicuriens, gastronomes et collectionneurs
Si Marius Vettard parvint à se faire une place au sein du Guide Michelin, il décide d’écrire au Guide pour ne plus figurer dans l’ouvrage à l’annonce de la perte de l’une de ses deux étoiles. Jean, son fils, réaccrochera les deux étoiles du restaurant familial avant de rendre son tablier en 1997, et d’organiser une vente aux enchères d’adieu offrant aux Lyonnais et amoureux de la gastronomie française l’occasion de repartir avec un morceau de l’Histoire de cet établissement incontournable. « Notre vente aux enchères, conclut le commissaire-priseur, dans la continuité des dispersions à l’encan voulues par Jean et Chantal, offre à nouveau aux amateurs, épicuriens, gastronomes, collectionneurs, lyonnais et étrangers la possibilité d’acquérir un témoignage vibrant du patrimoine de Lyon, de la grande cuisine et de la grandeur de la France ».