Les ventes aux enchères d’appareils photo argentiques ont la cote
A l’heure d’Instagram, Facebook, TikTok ou Snapchat, quand tout est prétexte à prendre une photo, coucher de soleil, assiette de gourmandises, chaton ou selfie, qui sont les doux rêveurs qui enchérissent sur les appareils argentiques proposés dans les ventes aux enchères ?
« Nous avons plein de profils différents de collectionneurs, s’enthousiasme Isabelle Cazeils, du Parisien qui souhaite se promener avec un Leica en bandoulière au retraité passionné d’appareils à plaques dont l’ambition est de connaître tous les procédés ». La vente de photographie du 23 février prochain organisée par l’étude Farrando propose une très belle sélection de presque 350 lots d’appareils de toutes époques. Les grands noms du secteur y figurent, en commençant par les mythiques Leica dont le nom est pour toujours associé à de prestigieux photographes tels qu’Henri Cartier-Bresson ou Robert Capa. Pour marcher sur leurs traces, le catalogue suggère un Leica 0-série, réplique datée de 2000, avec objectif Leitz Anastigmat 3.5/50 mm (1 500-1 700 euros) ou un classique boitier Leitz Leica M3 de 1954 avec objectif Summicron 2/5 cm (700-1 000 euros). Du côté des Hasselblad, plusieurs propositions également, dont un boîtier Wide Angle avec objectif Carl Zeiss Biogon 4.5/38 mm et viseur (500-800 euros), et pour les « nikonistes », un boitier Nikon SP Noir avec objectif W-Nikkor 4/2.5 cm (400-700 euros). Une autre vente photos, le 12 mars prochain à Pamiers pourra également satisfaire les amoureux de l’argentique : Frédéric Farbos annonce notamment deux Rolleiflex, dont un grand angle Distagon (1 500-2 000 euros) ou un Leica M2 chromé (600-900 euros), dans une sélection qui devrait dépasser les 700 numéros.
Un appareil photo revolver vendu à plus de 28 000 euros
« Beaucoup d’amateurs cherchent des appareils pour s’en servir, et cet engouement a déjà conduit à la réouverture de labos photos dans les grandes villes », analyse Isabelle Cazeils. De son côté, elle s’assure du fonctionnement de tous les appareils mis en vente et encourage les enchérisseurs à venir les essayer avant d’enchérir, avec leurs piles et leurs pellicules. Mais les collectionneurs sont aussi souvent amateurs de raretés. « En 2020, j’ai expertisé un appareil photo revolver tout à fait étonnant, se souvient Isabelle Cazeils. Il datait de 1862 et avait été fabriqué par un Français, Briois, d’après un brevet américain. Les enchères ont dépassé 28 000 euros lors d’une vente organisée par Olivier Lasseron le 3 octobre 2020 à Paris. » Inspiré par le pistolet de l’Américain Colt, cet appareil (un peu menaçant pour ses modèles) permettait de prendre quatre clichés médaillons sans recharger.
Une collection d’une trentaine d’appareils photo Bellieni
Dans cette catégorie des curiosités, la vente du 13 février, organisée par l’étude Alexandre Landre à Nancy, offre quelques beaux spécimens. Il s’agit d’une collection d’une trentaine d’appareils, tous issus d’une même marque, celle d’Henri Bellieni. « A l’origine, c’était un fabricant d’instruments d’optiques, mais entre 1890 et 1910, ce Nancéien s’est intéressé à la photo et a produit des appareils de grande qualité, qui font le bonheur des collectionneurs », souligne l’expert de la vente Frédéric Hoch. Il a notamment inventé les « jumelles Bellieni », appareil à double lentille et à exposition simultanée qui permet de prendre une centaine de vues en stéréoscopie. Plusieurs exemplaires de ces jumelles figurent dans la vente : jumelle stéréo format 8×9 cm vers 1900 (250-300 euros) ou jumelle universelle format 9×12 cm (200-250 euros). La pièce phare de cette vente étant une chambre à joues stéréo en format 9×18 cm datée de 1895. Ce type d’appareil qui se déploie avec un soufflet a été fabriqué sur une période assez courte, à la fin du XIXe siècle. A noter que cette collection « couvre l’essentiel de la production de l’entreprise Bellieni, même s’il existe toujours des variantes, détaille l’expert, et que toutes ces pièces sont en excellent état ! Ces appareils luxueux étaient construits pour durer, et servaient encore couramment dans les familles dans les années 1930 ou 1950. On est loin de l’obsolescence qui frappe nos téléphones aujourd’hui… »
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