Acheter du matériel agricole aux enchères : quels sont les avantages ?
Ruptures d’approvisionnements, délais de livraison qui s’allongent, augmentation des prix du matériel de 30% en trois ans… Avec les difficultés que connaît le secteur des agroéquipements depuis la pandémie, de plus en plus de professionnels se tournent vers les ventes aux enchères. Décryptage…
« Il est préférable de se déplacer pour vérifier l’état du matériel », selon Anne Meillant-Jamet, commissaire de justice à Châteauroux, dans le Centre-Val de Loire. Cependant, tout le monde ne peut pas se rendre sur place, alors « nous détaillons nos annonces avec tous les éléments en notre possession et ajoutons de nombreuses photographies » pour que les potentiels enchérisseurs aient toutes les cartes en main. Damien Denis, responsable du matériel chez Alcopa Auction Rennes, peut insérer jusqu’à 50 visuels dans une annonce sur Interencheres. « Plus nous décrivons le matériel, plus nous rassurons le client. Certains acheteurs vivent à l’autre bout du pays et ne peuvent pas se déplacer. Il faut donc que nous soyons le plus juste possible ». D’ailleurs, le matériel est testé chez Alcopa Auction Rennes, mais « jamais en situation, car c’est impossible ».
La provenance du matériel agricole
« La majorité de nos ventes font suite à un contentieux bancaire ou à une liquidation judiciaire », dévoile Damien Denis. Anne Meillant-Jamet fait le même constat. « Nous avons principalement de la vente judiciaire. Parfois, nous procédons à des ventes volontaires ou dans le cadre de successions ».
Il est important, comme lors de tous les achats de véhicules d’occasion, de se renseigner sur la provenance du matériel. Il faut vérifier la plaque d’identification lorsque celle-ci est visible, le carnet de contrôle et les différents documents du fabricant. Ces documents peuvent, en effet, donner de précieux renseignements sur l’état du matériel, son utilisation antérieure, sa vétusté. « Souvent, l’aspect extérieur donne généralement un aperçu de l’intérieur.»
Les avantages d’un achat aux enchères
Tracteur, remorque, broyeur, moissonneuse, porteur forestier, pièces détachées… Le nombre de lots peut varier, mais les ventes proposent généralement une sélection de matériel assez large, provenant de constructeurs différents. Du matériel de moins de six mois peut également côtoyer des engins plus anciens, des équipements dans l’air du temps et d’autres dépassés. « Parfois, nous avons du matériel quasiment neuf, mais plus à la mode comme la botteleuse à bottes carrées », souligne Anne Meillant-Jamet. Aujourd’hui, les agriculteurs ont un faible pour les bottes rondes.
Autre avantage de poids : le prix. « Chez nous, le prix de départ est généralement équivalent à un tiers du prix du marché », ajoute Anne Meillant-Jamet. Damien Denis précise néanmoins que « tout dépend du marché ». Le marché est, en effet, très versatile. Les tendances font le marché et les prix en l’occurrence. En ce moment, les champs sont moins labourés pour les laisser respirer. Les charrues ne se vendent pas, ou plus au même prix qu’il y a quelques mois.
Les bonnes affaires, des machines récentes au matériel vintage
Les bonnes affaires se réalisent la plupart du temps avec de grosses machines agricoles assez récentes. Dernièrement, un porteur forestier pour la sylviculture a été vendu 267 000 euros. L’engin avait 6 mois et avait été financé par la banque pour un montant de 450 000 euros. Les moissonneuses sont souvent achetées à un prix défiant toute concurrence, comme les remorques agricoles. Récemment, une remorque, financée par la banque à hauteur de 80 000 euros, a été vendue 25 000 euros.
Les ventes aux enchères de vieux tracteurs se portent également relativement bien. Le côté vintage séduit quelques passionnés, notamment la marque allemande Fendt, la Rolls-Royce des tracteurs.