Une ancienne fabrique de cuir de Fougères qui collabora avec Hermès vend son matériel aux enchères
Le 24 février à Fougères, Xavier Gauducheau dispersera aux enchères les stocks de cuir, le matériel et le mobilier vintage de l’entreprise Cabot. Cette fabrique traditionnelle a décidé d’arrêter son activité après plus d’un siècle de négoce dans le cuir.
A l’aube du XXe siècle, les habitants de la ville de Fougères vivent au rythme des moulins à tan. La commune d’Ille-et-Vilaine abrite une quarantaine de fabriques spécialisées dans l’industrie de la chaussure. « La chaussure fougeraise est née autour de 1850, détaille Xavier Gauducheau. A l’origine, ce sont les « chaussonniers » qui ajoutent de la peausserie et des semelles en cuir aux chaussons. Très vite, la ville de Fougères devient la capitale de la chaussure féminine française. » Jusqu’aux années 1950, des milliers de paires sont produites chaque année dans les usines de Fougères qui emploient alors plus de 12 000 ouvriers. « En 1946, on y fabrique 10,7 % de la production française pour les usages de ville et 7 % des chaussures de travail, avant que ne s’impose la concurrence nationale et internationale », explique le commissaire-priseur.
La maison Cabot, un siècle de savoir-faire
L’entreprise Cabot compte parmi les plus anciennes fabriques de Fougères. Dès 1900, elle commercialise plusieurs types de cuir (veau, chevreau, chèvre velours) de différentes épaisseurs. « Le premier atelier de tannerie et vente de cuir a été construit au fond du jardin de la maison de famille. Suivra l’achat d’une petite tannerie à Saint-Hilaire-sur-Risle où est produit le cuir à semelle. Celle-ci devra fermer plus tard, devant la concurrence italienne qui prédécoupe le cuir ». L’entreprise s’approvisionne au gré des ventes aux enchères publiques, sélectionnant des peaux de provenances diverses (Paris, Rennes, Toulouse, Bordeaux, Marseille). « Leurs caractéristiques et qualités diffèrent en fonction de leur origine. A Rennes, le cuir de veau était piqué avec des ajoncs, alors qu’à Toulouse, il présentait de nombreux coups de couteau. » La famille Cabot se tourne également vers le Maghreb ou encore l’Inde qui lui fournit un cuir de chèvre, la vache étant un animal sacré. « Ils envoient des peaux à Grenoble où le cuir est tanné, jusqu’au jour où le propriétaire de cette tannerie demande à Charles Cabot de la racheter vers 1960. »
Faute de rentabilité, la mégisserie grenobloise [Ndlr. La mégisserie est un tannage des peaux destinées à l’industrie de la ganterie et de l’habillement] qui employait une centaine d’ouvriers est finalement contrainte de cesser son activité. Les Cabot s’implante alors à Bourg-Argental, près de Saint-Etienne, où ils organisent un export à l’international, vers l’Italie, l’Angleterre et la Chine. « Joël Cabot nous a confié qu’ils comptaient parmi les premiers exportateurs de cuir en Chine », souligne Xavier Gauducheau. Forte de son savoir-faire, la maison Cabot collaborera avec des marques prestigieuses, telles qu’Hermès. « Ils travaillent avec Hermès sur le projet « Le Chamonix » cuir de veau pleine fleur avec finissage mat, pour faire des doublures de sacs ou de ceintures. C’est d’ailleurs Hermès qui a racheté les sites du Puy et d’Avenay, car l’eau était à PH neutre, idéal pour une tannerie. »
Les machines, stocks et meubles vintage de l’entreprise Cabot dispersés aux enchères
La vente du 24 février signe la fin de l’aventure de l’entreprise Cabot qui a décidé d’arrêter son activité après plus d’un siècle de négoce. La journée débutera avec la dispersion de machines et outils spécialisés dans le travail du cuir et d’un ensemble mobilier vintage daté entre 1930 et 1960, et comprenant notamment six bureaux ministre, une paire de fauteuils club en cuir et deux machines à écrire Olivetti Valentine signées Ettore Sottsass. Un important stock de cuir de veaux, chevreaux, chèvres velours, provenant d’Inde et du Pakistan et vendu en 207 lots, succédera sous le marteau, à partir de 14h30. L’occasion pour les professionnels comme pour les particuliers de s’offrir un souvenir de cette entreprise traditionnelle vieille de plus d’un siècle.
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