Le 19 février 2025 | Mis à jour le 19 février 2025
Les prix des bijoux Art déco grimpent : le point sur la cote
par Magazine des enchères
Volumineux, colorés, géométriques : les bijoux Art déco rompent dès les années 1910 avec les lignes de l’Art nouveau. Leur esthétique a conquis depuis de nombreux adeptes, qui les traquent en ventes aux enchères. Le point sur la cote des bijoux Art déco, l’une des époques les plus recherchées sur le marché de la joaillerie.
« Les bijoux Art déco se distinguent par leurs lignes géométriques à répétition et leurs motifs symétriques. Esthétiquement, c’est une révolution par rapport aux lignes sinueuses et aux représentations de la nature de l’Art nouveau », explique la directrice du département joaillerie chez Osenat Julie Gau. Elle précise que ce règne de l’Art déco en joaillerie durera des années 1910 au milieu des années 1930, mais les nouvelles formes créées subsisteront après-guerre. Exemple avec les bagues : « il en existe alors plusieurs sortes, des modèles fins avec des motifs d’enroulement, ou des bagues plus massives qui évolueront en bagues Tank dans les années 1950 ». Sur une bague Fontana en platine et rubis adjugée 54 600 euros à Monaco en décembre dernier, cette filiation apparaît assez clairement.
M. Fontana. Bague Art déco. En platine, centrée d’un rubis de taille ovale pesant 3,20 cts, épaulé de diamants baguette disposés en chute dans un pavage de diamants de taille brillant. Vers 1925. Signée. Adjugée 54 600 euros par l’Hôtel des ventes de Monte-Carlo le 11 décembre 2024 à Monaco.
Les joailliers de l’époque fabriquent beaucoup de broches, dont la très classique broche plaque en diamants, mais aussi des bracelets manchette articulés, des sautoirs… Point commun selon l’experte : « le bijou Art déco est spectaculaire, il prend de la place ». Pour arriver à ce résultat, on utilise dans les ateliers des pierres de couleur, du corail, du jade, de l’onyx avec des perles pour créer un contraste, de l’émeraude, et beaucoup de diamants taillés à l’ancienne. D’autres matériaux moins usuels pour les bijoux sont utilisés : la bakélite, la laque (notamment sur des pièces de Jean Dunand)… Et pour le métal, l’experte précise : « très peu de montures en or jaune, il disparaît presque complètement au profit du platine et de l’or blanc ».
Cartier, Després, Belperron, les grands noms de l’époque
« Parmi les pièces les plus recherchées figurent les créations de Cartier qui a fabriqué des choses incroyables, souvent avec des pierres colorées comme la chrysoprase dont la teinte verte est très soutenue », affirme Julie Gau. En 2017, la maison Osenat a obtenu une adjudication de 636 800 euros pour un bracelet Art déco Cartier, en diamants et saphirs. D’autres grandes maisons remportent également des enchères élevées : Mauboussin, avec 81 900 euros pour une broche en platine et or gris, cabochon d’émeraude ou Van Cleef & Arpels, à l’origine d’un bracelet ruban en platine et diamants adjugé 73 080 euros (Artcurial, juillet 2023).
Du côté des créateurs renommés de l’époque, il faut citer Jean Després : un bracelet articulé en argent composé de plaques illustrées de personnages mythologiques a été adjugé 61 250 euros chez Ivoire Angers en mai 2024. Ou encore Suzanne Belperron, qui a dessiné la paire de clips d’oreille René Boivin adjugée 60 680 euros chez Boisgirard Antonini en avril 2023… Cette période inspire également des artistes venus d’autres formes d’art, et qui dessinent quelques pièces mémorables : c’est le cas du peintre André Léveillé, qui participe à l’exposition de 1925 en créant des bijoux pour le joaillier Georges Fouquet, de l’affichiste Cassandre qui imagine des pendentifs et bracelets multicolores, ou du sculpteur Jean-Lambert Rucki en collaboration avec Jean Dunand sur des pièces en laque de Chine. En ce qui concerne la valeur de ces bijoux, plusieurs critères doivent être pris en compte : le nom du bijoutier ou de l’artiste, la valeur des pierres utilisées, l’état de conservation, et la qualité du design.
L’Art déco, l’une des périodes les plus recherchées en joaillerie
« Sur le marché de la joaillerie, l’Art déco est l’une des époques les plus recherchées, car les pièces sont spectaculaires, souvent très bien travaillées, et on en trouve encore en très bon état » : ce sont, selon Julie Gau les principales raisons de l’engouement qu’elle constate dans ses ventes. Elle précise que la hausse des prix est continue depuis au moins une dizaine d’années, et que les pièces les plus rares bénéficient d’un effet bonus. Autre atout souligné par l’experte : « Ces bijoux n’ont pas été fabriqués de manière industrielle, alors même qu’il peut exister des formes proches, ils sont en général uniques, avec un design devenu très intemporel ». Et les pièces les plus « marquées » Art déco ont en général davantage de succès. La clientèle, formée d’amateurs et de collectionneurs, vient pour l’essentiel d’Europe et des Etats-Unis… « Nous avons toujours beaucoup de demandes lorsque nous présentons des bijoux Art déco de qualité », conclut Julie Gau. A Fontainebleau, prochaine session le 6 avril !
Boucheron. Bracelet en platine (850 millièmes), large maille géométrisée sertie de trois-cent-quatre diamants taille brillant ancienne et baguette, alternés de quatre aigues-marines taille émeraude. Signé Boucheron Paris. Epoque Art déco, années 1920. Poids total estimé des diamants : 16 ct – Poids total estimé des aigues-marines : 6 ct. Long. : 17,6 cm – Larg. : 1,5 cm – Poids brut : 58,6 g. Adjugé 43 180 euros par Guillaume Lefloch le 15 octobre 2023 à Saint-Cloud.
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