
Le chardonnay, la nouvelle tendance des ventes aux enchères ?
Le cépage chardonnay, que l’on retrouve dans les vins de Bourgogne et de Champagne, est de plus en plus apprécié en ventes aux enchères. Selon les domaines et les millésimes, tous les prix sont possibles. L’expert Pascal Kuzniewski nous livre ses conseils pour bien choisir sa bouteille…
« Le chardonnay est le cépage blanc le plus répandu au monde, pour les vins qualitatifs du moins », affirme d’emblée Pascal Kuzniewski, en ajoutant qu’il est aussi un signe de qualité, car il n’apprécie pas particulièrement les grandes quantités, cela garantit donc quelque peu son équilibre. En France, le chardonnay est essentiellement cultivé en Bourgogne, mais aussi en Champagne. C’est un autre de ses avantages, selon l’endroit et la manière dont il est travaillé, il peut être sec comme dans le Chablis, liquoreux dans certaines zones et sous certaines conditions dans le Mâconnais, ou effervescent en Champagne. « En fonction de la nature des sols, c’est un cépage qui va donner des résultats très différents : les vins du Chablis sont ciselés, tendus et vifs, ceux de la Côte d’Or, au sud de la Bourgogne, sont plus ronds et puissants », précise l’expert des grandes ventes de vins de Besch Cannes Auction, dont la prochaine édition se tiendra les 18 et 19 avril.
Des bouteilles de chardonnay de 10 à 5 000 euros
Dans les ventes aux enchères, la palette du chardonnay est effectivement très large. Elle va des vins frais, comme des petits Chablis à l’image d’un Domaine François Raveneau à s’offrir en magnum (220 à 260 euros), en passant par des Bourgognes blancs dont on peut citer le premier cru Saint-Aubin le Charmois, 6 bouteilles en 2017 (300 à 400 euros) et jusqu’aux Montrachet, Chassagne Montrachet et Puligny Montrachet (pas moins de 250 euros la bouteille en vente aux enchères, parfois bien plus). Entre les deux sont accessibles des Pouilly Fuissé (trois bouteilles de Domaine Leflaive 2021 estimation 135 à 165 euros) ainsi que les Côtes de Beaune (autour de 50 euros pour une bouteille selon les domaines). Et au-dessus trônent certaines grandes bouteilles : un Montrachet grand Cru Romanée Conti 2010 peut atteindre 5 000 euros en salle des ventes, « mais c’est un vin hors normes, élégant et puissant, dont le domaine produit moins de 3 000 bouteilles par an », admire l’expert. Il signale également parmi ces bouteilles de rêve le Corton Charlemagne, dont un grand cru 2012 par le Domaine Coche-Dury peut partir avec une estimation de 3 300 à 3 800 euros. « Dans cette catégorie, les prix peuvent aller de 10 euros la bouteille à 5 000 euros, ce qui permet d’attirer un public varié, se satisfait Pascal Kuzniewski, certains viennent chercher de grandes signatures, et d’autres juste un bon vin blanc à un bon prix. »
Des vins à laisser vieillir
« Autre avantage de ces vins de Chablis, ils vieillissent vraiment très bien jusqu’à quelques dizaines d’années alors que les vins de Côte d’Or peuvent rencontrer des problèmes de Premox (oxydation prématurée) », ajoute l’expert, en précisant qu’à son goût, « ces vins sont souvent consommés trop jeunes, surtout lorsqu‘il s’agit de belles bouteilles, et c’est dommage. Il faudrait dans l’idéal leur laisser 4 ou 5 ans, et jusqu’à 8 ou 10 ans pour les grands crus. Même si bien sûr, on ne garde pas les blancs aussi longtemps que les rouges ». Il insiste également sur les qualités essentielles des caves de conservation, encore plus importantes pour les vins blancs. Pour une raison précise : « on a réduit les doses de soufre et sur les blancs, c’est plus dangereux en termes de conservation que sur les rouges. Donc attention avec les vins proches des vins nature quant au vieillissement qui peut-être aléatoire ». Parmi les vins « prêts à boire » il cite notamment un Côte de Beaune La Grande Châtelaine de 2015 (environ 60 euros pour trois bouteilles), un Pouilly Fuissé de 2020, domaine J.A. Ferret (trois bouteilles pour environ 90 euros), ou un Bourgogne Chardonnay 2022, domaine Paul Pillot (six bouteilles estimées 210 à 240 euros).
Si l’on veut goûter au chardonnay dans sa version champenoise, il faut repérer les « Blancs de blancs », dans lesquels le chardonnay n’est pas associé à d’autres cépages. Ce segment de marché est un peu en berne en ce moment, le Champagne n’étant pas très recherché, mais les bouteilles avec un peu d’âge s’en sortent plutôt mieux : deux bouteilles de grand cru Blanc de blancs Jacques Selosse de 2019 cotent 500 à 600 euros.
Dernier conseil de notre expert : « il faut aussi s’intéresser à l’aligoté, ce cépage pourrait bien surprendre prochainement. C’était considéré jusqu’à il y a peu comme un vin pour le cassis, mais cela change… C’est le moment de trouver des perles rares à conserver quelques années ».
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