Le 1 août 2022 | Mis à jour le 1 août 2022

5 choses à savoir sur Bernard Buffet

par Magazine des enchères

Jeune prodige, Bernard Buffet connaît un succès fulgurant dans les années 1950 avant d’être renié par les élites du monde de l’art contemporain. L’une de ses toiles, un Torero de 1987, sera présenté aux enchères par Jean-Pierre Besch à Cannes le 15 août. L’occasion de revenir sur le parcours de cet artiste expressionniste à contre-courant, plébiscité sur le marché.

 

Il était un jeune prodige

Né en 1928, Bernard Buffet (1928-1999) est issu d’une famille de la bourgeoisie parisienne, à la tête de l’entreprise de miroiterie Guenne. Il doit son éducation à un professeur particulier qui lui dispense des cours du soir et l’initie au dessin. En 1943, à l’âge de 15 ans, il remporte le concours d’entrée de l’Ecole national des Beaux-Arts de Paris et passe deux ans dans l’atelier d’Eugène Narbonne, aux côtés de Maurice Boitel et Louis Vuillermoz. Dès l’âge de 18 ans, le jeune prodige travaille seul dans la chambre de bonne de l’appartement familial où il réalise son premier autoportrait. En 1947, sa carrière est lancée, Buffet présente L’Homme accoudé au Salon des indépendants, puis Pierre Descargues organise sa première exposition particulière à la Librairie des Impressions d’Art. A l’aube de ses vingt ans, l’Etat préempte sa Nature morte au poulet et l’artiste se voit offrir un contrat d’exclusivité dans la galerie de Maurice Garnier.

 

Il défendait un art figuratif à rebours des avant-gardes

Tout au long de sa carrière, Bernard Buffet reste fidèle à la figuration, renouant avec l’art des maîtres du passé, de David à Courbet, dont il réinterprète Le Sommeil. Dans un manifeste baptisé La leçon de Jean-Antoine Gros, il défend un art à rebours des avant-gardes, héritier de la peinture d’Histoire à laquelle il s’attèle dans une série dédiée à Jeanne d’arc, autour de 1957. S’il loue les compositions d’antan, leur lisibilité et leur rigueur, Buffet y apporte son style personnel, usant d’un agencement de lignes droites, de cernes noirs et de fonds aux tons froids, privilégiant le noir, les bruns, les blancs et les gris verdâtres.

 

Il est le représentant du style expressionniste misérabiliste

Au lendemain de la Libération, alors que les artistes se tournent davantage vers l’abstraction ou une figuration optimiste, Bernard Buffet livre une œuvre à contre-courant, affirmant que « la peinture n’a pas à faire rire ». Ses silhouettes longilignes aux visages anguleux traduisent l’horreur et la misère humaine et le classent d’emblée dans la mouvance expressionniste misérabiliste de Francis Gruber et de Georges Rouault. Ses thèmes de prédilection sont les femmes, essentiellement sous l’image de sa muse et épouse Annabel Buffet, les hommes nus, le cirque, les clowns, les natures mortes ou encore les animaux. Autant de thématiques à travers lesquelles l’artiste exprime ses angoisses et contradictions.

 

Bernard Buffet (1928-1999), « Torero », 1987, huile sur toile, 92 x 65 cm. Estimée entre 280 000 et 350 000 euros. En vente le 15 août à Cannes. 

 

Il a produit plus de 8 000 œuvres

« Je peins parce que je ne peux et ne veux pas m’en empêcher », confie Bernard Buffet lors d’une interview publiée dans le Figaro en 1992. A partir de 1956, le peintre s’établit dans le Château-l’Arc à Fuveau, une petite commune des Bouches-du-Rhône où il entend se consacrer pleinement à son art, loin de l’agitation parisienne. S’il partage d’abord le domaine avec son ami de l’époque, Pierre Bergé, il devient en 1958 le seul propriétaire, invitant sa nouvelle compagne Annabel Schwob à emménager avec lui. Reclus avec sa femme et ses enfants, il affirme peindre un tableau tous les deux jours. « Lorsque je déjeune je n’ai qu’une hâte : arriver à la fin du repas non pas pour fumer une cigarette, mais pour travailler, travailler. Je ne suis vraiment heureux que lorsque je peins. » À sa mort en 1999, cet artiste prolifique laisse derrière lui plus de 8 000 œuvres.

 

Son œuvre fut décriée par les élites du monde de l’art

Sa peinture expressionniste à rebours des tendances séduit les collectionneurs et les marchands d’art dans les années 1950 qui le considèrent alors comme « le plus grand peintre français ». Bernard Buffet se fait connaître dans le monde entier et de nombreuses expositions sont organisées de New York à Tokyo, les Japonais lui vouant un culte au point de lui consacrer un musée à Surugadaira. Pourtant, en France, le peintre doit faire face à un désamour progressif des élites du monde de l’art qui voit dans son rythme de production une démarche purement commerciale. « La haine dont je suis entouré est pour moi le plus merveilleux cadeau que l’on m’ait fait. Je n’ai à ménager rien ni personne. Peu de gens peuvent en dire autant », rétorque-t-il à ses détracteurs. Des personnalités éminentes de l’époque, à l’instar de Louis Aragon, Jean Cocteau, Jean Giono, Yves Saint-Laurent ou Maurice Druon, lui demeurent néanmoins fidèles et le soutiennent lors de sa nomination au siège du peintre Paul Jouve à l’Académie des beaux-arts en 1973, ainsi que lors de sa promotion au rang d’officier de la Légion d’honneur.

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