5 choses à savoir sur Blanche Hoschedé, le double féminin de Claude Monet

Ses toiles se confondent à celles de Claude Monet et pourtant son nom demeure à la marge de l’histoire de l’art : Blanche Hoschedé est la grande oubliée de l’impressionnisme. Retour sur cette figure mystérieuse, au talent discret, restée dans l’ombre du maître des Nymphéas…

1. Elle est la belle-fille et bru de Claude Monet

Née en 1865 à Paris, Blanche Hoschedé est le deuxième enfant d’Ernest et Alice Hoschedé, des négociants en tissu de luxe et collectionneurs d’art. En 1876, elle rencontre pour la première fois Claude Monet. « J’avais onze ans, raconte-t-elle, mais je me souviens très bien de son arrivée à Montgeron, chez mes parents, où on l’avait annoncé comme un grand artiste, ayant des cheveux longs. Cela m’avait frappée, et j’ai eu tout de suite, pour lui de la sympathie. » La jeune fille découvre avec émerveillement les œuvres du maître impressionniste, sa touche virevoltante, ses tâches de couleurs. Au fil des années, elle devient la partenaire de peinture privilégiée du peintre qui épouse en 1892 Alice Hoschedé, sa mère alors veuve. En 1897, Blanche épouse à son tour Jean, le fils aîné de Claude Monet, et devient ainsi belle-fille et bru de l’artiste.

Claude Monet, Dans les bois de Giverny : Blanche Hoschedé à son chevalet et Suzanne Hoschedé lisant (1887), huile sur toile, 91,44 × 97,79 cm, Los Angeles, musée d’art du comté de Los Angeles.

2. Elle est l’unique élève de Claude Monet

Blanche est l’unique personne que Claude Monet tolère auprès de lui lorsqu’il travaille. A Giverny, où elle s’installe en compagnie de sa mère et de sa sœur, elle apprend et peint avec lui sur le motif. « Regarde la nature et peins ce que tu vois, comme tu peux », lui conseille-t-il. Mariée à Jean Monet en 1897, Blanche s’éloigne un temps de Giverny, sans pour autant oublier l’enseignement du maître, s’attelant à la peinture de paysage. En 1914, à la mort de son époux, elle se réinstalle à Giverny. Là, elle délaisse les pinceaux et veille sur le peintre vieillissant. Toute entière dévouée au peintre – un véritable « ange bleu » dira son ami Georges Clemenceau – elle entretient la propriété et assiste l’artiste dans son dernier chef-d’œuvre, Les Nymphéas. A la mort de celui-ci en 1926, elle reprend les pinceaux et peint, à la manière du maître, le jardin et le bassin de Giverny.

Blanche Hoschedé-Monet (1865-1947), Giverny, Le pont japonais au jardin de Claude Monet, huile sur toile, 65 x 100 cm. Adjugé 72 000 euros par Havre Enchères le 11 novembre 2017 au Havre.

3. Elle est l’une des dernières peintres impressionnistes

De la leçon impressionniste, Blanche retient la touche virgule, l’empâtement, la juxtaposition des touches de couleurs, le contraste des complémentaires. Ce sont des coins de jardins ensoleillés, des meules de foin perdues dans un pré, un bassin de nymphéas, un bouquet de glycines – une peinture du quotidien.  « Les œuvres sont d’abord très proches de celles de Claude Monet, à tel point que l’on peine à distinguer l’œuvre de l’un et de l’autre », détaille Hadrien Fourquet, collaborateur de Maître Elodie Peeren qui présentera en vente le 28 octobre à Saint-Omer et sur le Live d’Interencheres une toile de l’artiste représentant la fontaine de la Garoupe sur la presqu’île du cap d’Antibes. « Mais à la mort de Monet, Blanche rejoint la Côte d’Azur et nourrit sa palette de blancs et de jaunes flamboyants. » Tout en conservant les ombres bleues et violettes, et la touche impressionniste, son œuvre se libère de l’influence du maître, devient alors plus lumineuse, à l’image des paysages alentours  – ceux de Vendée, du sud de la France ou d’Italie. 

Blanche Hoschedé-Monet, Fontaine de la Garoupe, huile sur toile de forme tondo, signée et datée 1940 en bas à droite, titrée au dos sur le châssis. Diam: 40 cm. Cette oeuvre exceptionnelle, répertoriée sous le n° 133 du catalogue raisonné de l’artiste  » Blanche Hoschedé-Monet, un rêve impressionniste », par Philippe Piguet, a été exposée en 2017 et 2018 au Musée d’Art Benoit de Puydt de Bailleul. Mise en vente par Maître Elodie Peeren dimanche 28 octobre 2018 à Saint-Omer et sur le Live d’Interencheres. Estimation : 22 000 – 25 000 euros.

4. Elle est tombée dans l’oubli

Sa vie durant, Blanche semble n’avoir peint que pour son plaisir. Si elle participe de temps à autres aux expositions collectives organisées à Rouen par la Société des amis des arts ou la Société des artistes rouennais, elle attend 1927, soit un an après la mort du maître, pour exposer seule ses œuvres. Aussi, ces expositions, trop peu nombreuses, ne suffiront pas à la faire entrer pleinement dans l’histoire de l’art. Il faut attendre l’exposition du musée de Louviers en 2010 et plus encore celle du musée de Vernon en 2017 pour voir son œuvre réhabilitée.

Blanche Hoschedé-Monet (1865 – 1947), Peupliers des ajoux, Giverny, 1896, huile sur toile, 46,5 x 65,5 cm. Adjugé 41 000 euros par Maître Delphine Bisman le 22 novembre 2015 à Rouen.

5. Elle intéresse les collectionneurs

L’œuvre de Blanche Hoschedé n’est pas nombreuse. Le catalogue raisonné compte aujourd’hui autour de 200 œuvres. Aussi, lorsqu’une toile passe sur le marché, les collectionneurs ne manquent pas à l’appel et n’hésitent pas à pousser les enchères au-delà des estimations. « Les œuvres de Giverny sont les plus prisées, [en témoigne une toile figurant l’étang du jardin de Claude Monet adjugée à plus de 130 000 euros en 2015 à Londres], précise Hadrien Fourquet. Mais dès lors qu’une œuvre est répertoriée au catalogue raisonné, elle retient toute l’attention des passionnés d’art impressionniste ». La toile mise en vente le 28 octobre prochain à Saint-Omer, répertoriée sous le n°133 du catalogue raisonné, pourrait ainsi créer la surprise et dépasser son estimation fixée entre 22 000 et 25 000 euros.