Le 4 août 2023 | Mis à jour le 17 août 2023

5 choses à savoir sur Lê Phổ

par Magazine des enchères

Connu pour ses portraits féminins, mêlant les traditions picturales vietnamiennes et occidentales, Lê Phổ est, avec Vũ Cao Đàm et Mai Thứ, l’un des peintres vietnamiens les plus recherchés sur le marché. Retour sur cet artiste emblématique de l’Ecole d’Hanoï.

 

1. Il a étudié à l’Ecole des beaux-arts de l’Indochine

Né en 1907 près d’Hanoï, Lê Phổ (1907-2001) se découvre très jeune un goût pour l’art, qui le conduit à candidater, dès son ouverture en 1925, à l’Ecole des beaux-arts de l’Indochine (EBAI). Fondée par le lauréat français du prix d’Indochine, Victor Tardieu, et l’artiste vietnamien Nguyễn Nam Sơn, l’EBAI offre à ses premiers élèves une formation dans la lignée de celle proposée en France, avec des enseignements théoriques en histoire de l’art occidental et des cours pratiques de dessin académique et de peinture à l’huile. Ainsi, Lê Phổ, Vũ Cao Đàm, Mai Thứ et les membres de la première promotion de l’école de 1930 sont les pionniers de ce que l’on appellera l’École d’Hanoï, un mouvement d’artistes vietnamiens qui, formés aux techniques occidentales, entendaient fonder un art vietnamien moderne.

 

LE PHO (1907-2001), Jeune vietnamienne alanguie, 1932, huile sur toile signée, datée 11. 1932 et située à Hanoï en bas à gauche, 110,5 x 170,5 cm. Adjugée 819 00 euros

 

2. Son style établit un pont entre l’Asie et l’Occident

La formation que reçoit Lê Phổ à l’Ecole des beaux-arts de l’Indochine lui permet d’acquérir des compétences techniques telles que la peinture à l’huile, qu’il applique, selon les enseignements de l’Ecole d’Hanoï, sur de la soie, parfois marouflée, perpétuant ainsi la tradition vietnamienne. Esthétiquement, Lê Phổ établit encore un pont entre l’Asie et l’Occident, dépeignant sur soie des scènes de genre héritières de l’art moderne occidentale. Les membres de l’Ecole d’Hanoï ne se cantonnent en effet plus aux portraits de personnages illustres, à l’instar des empereurs, mais représentent des femmes et des hommes anonymes. Lê Phổ et ses compagnons de route proposaient ainsi une synthèse entre la tradition asiatique et la modernité occidentale.

 

LÊ PHÔ (1907-2001), Sur la terrasse, circa 1940, encre et couleurs sur soie, signée en haut à gauche, 57 x 38,1 cm. Adjugée 641 600 euros

 

3. Il excellait dans l’art du portrait 

Surnommé le « peintre des femmes », Lê Phổ s’est appliqué tout au long de sa carrière à immortaliser la beauté et la grâce des Vietnamiennes, qu’il dépeint les traits fins et les yeux en amande, usant d’une ligne stylisée. Aux femmes de son pays, il donne des poses modernes, rompant avec le hiératisme des portraits traditionnels. A partir des années 1960, les portraits de Lê Phổ, plus colorés, s’agrémentent de fleurs aux teintes vives dans lesquelles les femmes semblent se fondre. A travers ces compositions délicates, qui relèvent autant du portrait que de la scène de genre et de la nature morte, Lê Phổ dépeint un monde enchanteur, dans lequel les femmes communient harmonieusement avec la nature.

 

LE PHO (1907-2001), Conversation dans le jardin, huile sur toile, 100 x 81 cm. L’œuvre sera incluse au catalogue raisonné en préparation par Monsieur Alain Le Kim. Un certificat d’authenticité sera remis à l’acheteur. Adjugée 96 600 euros chez Biarritz enchères le 6 août 2023.

 

4. Il puisait son inspiration au gré de ses voyages 

A l’Ecole des beaux-arts de l’Indochine, Lê Phổ s’attire les faveurs de Victor Tardieu, alors directeur de l’établissement, qui le considère comme l’un de ses plus brillants élèves et lui propose de l’assister lors de l’Exposition coloniale internationale de Paris en 1931. En France, Lê Phổ découvre l’impressionnisme, sa touche plus libre et son goût pour les couleurs complémentaires, qu’il mettra en pratique plus particulièrement dans ses compositions florales. Mais plus que l’impressionnisme, ce sont Pierre Bonnard et Henri Matisse, qu’il rencontre lors d’un séjour dans le Midi en 1943, qui lui inspirent ses compositions florales dans lesquelles les personnages se confondent avec le décor, pour mieux affirmer la planéité de la toile. 

 

LE PHO (1907-2001), La lecture, début des années 1940, encre et couleurs sur soie, collée sur carton Signée Le Pho en caractères chinois, lettres latines et cachet de l’artiste en haut à gauche, 61,8 x 45,8 cm. Adjugée 682 000 euros

 

5. Ses œuvres atteignent des records aux enchères 

Les artistes de l’Ecole d’Hanoï bénéficient depuis une dizaine d’années d’un regain d’intérêt. Les travaux de valorisation, à l’instar de la préparation du catalogue raisonné de Lê Phổ, contribuent au succès grandissant que rencontrent ces artistes sur le marché. Leur cote ne cesse de progresser depuis 10 ans, marquée par des adjudications records. La famille dans le jardin, une encre et gouache sur soie de Lê Phổ, était ainsi adjugée 2 174 135 euros en avril dernier chez Sotheby’s à Hong Kong, établissant un record de vente pour l’artiste. Jeune fille aux pivoines, vendue 1 164 760 euros en octobre 2020 chez Aguttes, reste, quant à elle, la plus haute enchère portée sur le sol français pour une oeuvre de Lê Phổ. L’artiste, ainsi que ses camarades de l’Ecole d’Hanoï, ont cela de singulier qu’ils intéressent aussi bien les collectionneurs français, du fait de leur présence prolongée sur leur sol et de leurs liens avec l’Indochine, que les collectionneurs vietnamiens qui, à l’instar des Chinois avec leur artisanat, souhaitent voir ressurgir sur leurs terres des fragments de leur patrimoine.

 

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LE PHO (1907-2001), Jeune fille aux pivoines, encre et couleurs sur soie, signée en haut à gauche, 91 x 71 cm. Adjugée 1 183 000 euros

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