
5 choses à savoir sur Louis Valtat
Une huile sur toile signée Louis Valtat représentant un Enfant dans sa voiture avec sa mère sera proposée aux enchères à Bastia le 23 novembre par la maison Asta enchères. L’occasion de redécouvrir cet artiste inclassable du début du XXe siècle, précurseur du fauvisme…
1. Il est considéré comme l’un des précurseurs du Fauvisme
Bien avant l’émergence officielle du fauvisme en 1905, Louis Valtat (1869-1952) utilise dès les années 1890 déjà une palette audacieuse de couleurs pures, appliquées en larges touches expressives. Contrairement à l’impressionnisme, qui cherchait à capturer la fugacité de la lumière, Valtat privilégiait une approche plus intuitive, où les couleurs, libérées des contraintes de la représentation réaliste, amplifiaient l’émotion pour devenir des éléments expressifs autonomes. Précurseur du Fauvisme, Louis Valtat n’a néanmoins jamais été officiellement intégré au groupe des Fauves aux côtés de Matisse, Derain et Vlaminck, l’artiste préférant suivre sa propre voie artistique.

Louis Valtat (1869-1952). Les Chapeaux. Huile sur toile contrecollée sur isorel. Monogrammée en bas à droite. 24.5 x 36 cm. Adjugé 32 000 euros par la maison Ader en mai 2019 à Paris.
2. Il doit faire face à une santé fragile
Louis Valtat naît à Dieppe, mais grandit à Versailles. Enfant, il souffre de tuberculose osseuse, une maladie grave qui limite ses activités physiques. Cette condition, qui l’oblige à passer beaucoup de temps en convalescence, pourrait avoir favorisé son orientation vers le dessin et la peinture. Malgré sa santé fragile, il intègre en 1887 l’École des Beaux-Arts de Paris, où il se forme sous la direction de Gustave Boulanger et Jules Lefebvre. Il fréquente également l’Académie Julian, où il rencontre d’autres artistes d’avant-garde, à l’instar des Nabis Pierre Bonnard et Edouard Vuillard.

Louis Valtat (1869-1952). Enfant dans sa voiture avec sa mère. Huile sur toile. Monogrammée « L.V » en bas à droite. 50 x 54 cm. Présenté aux enchères le 23 novembre à Bastia par la maison Asta Enchères, estimé entre 6 000 et 8 000 euros.
3. La Provence est l’un de ses terrains de jeu de prédilection
Comme de nombreux peintres de son époque, Valtat répond à l’appel du Sud et de ses paysages lumineux. Dès la fin des années 1890, il découvre la Provence et la Côte d’Azur, régions qui deviendront son terrain de jeu de prédilection. La lumière méditerranéenne, les couleurs saturées de la nature et l’atmosphère vibrante des marchés locaux lui inspirent de nombreux tableaux. Les falaises rouges, la lumière vibrante ou les pins tortueux enrichissent sa palette et annoncent les recherches des Fauves. Ces séjours dans le Sud marquent un tournant dans sa carrière. Son style devient plus libre, sa touche plus énergique et ses compositions reflètent une harmonie entre tradition et modernité. Durant cette période, il réalise une série de marines dédiées à Agay, qu’il présente chez Durand-Ruel à l’occasion d’une exposition collective initiée par Paul Signac. Ces séjours répétés dans le sud de la France renforcent ses liens avec des artistes comme Georges d’Espagnat et Armand Guillaumin, qui partagent son amour des couleurs du Midi.

Louis Valtat (1869-1952). Roches rouges de l’Esterel. Huile sur toile. Vers 1902. 60,60 x 73 cm. Adjugé 162 032 euros par la maison Artcurial à Paris en juin 2019.
4. Il était représenté par Ambroise Vollard
Louis Valtat a tissé des liens étroits avec plusieurs figures majeures du début du XXe siècle, comme Renoir, Signac, Vuillard ou encore Bonnard, et a collaboré avec le célèbre marchand d’art Ambroise Vollard. Séduit par son talent, Vollard achète l’intégralité de son stock, lui offrant ainsi une sécurité financière et la possibilité de se concentrer sur la peinture. Pendant plus d’une décennie, Vollard expose régulièrement Louis Valtat dans sa galerie, et le présente à de grands collectionneurs, contribuant à sa visibilité sur la scène artistique parisienne. Malgré ce soutien, et celui de nombre de ses amis, la carrière de Valtat ne décolle jamais réellement. Artiste discret, il se tient loin des cercles mondains et refuse de s’associer à un mouvement. Fauve sans en porter l’étiquette, tour à tour nabi et néo-impressionniste, il demeure à la croisée de plusieurs avant-gardes.

Louis Valtat (1869-1952). Paysage de Banyuls, 1894. Huile sur toile. Monogrammée en bas à droite. 65 x 81 cm. Adjugé 68 224 euros par la maison Ader en novembre 2020 à Paris.
5. Il a été redécouvert récemment
Malgré son rôle clé dans le développement de la peinture moderne, Louis Valtat a été longtemps relégué à une place secondaire dans l’histoire de l’art. A cela, plusieurs raisons, comme sa discrétion personnelle et son refus de s’associer pleinement aux cercles artistiques influents de l’époque. Son œuvre a depuis été réhabilitée, à la faveur d’expositions rétrospectives, comme celle organisée au musée de Lodève en 2011, tant et si bien qu’il est aujourd’hui reconnu comme un pionnier de la modernité et ses œuvres jouissent d’une cote soutenue sur le marché. En décembre dernier, la maison Artcurial à Paris a ainsi adjugé Le port ensoleillé, Sables d’Olonne (1925), une huile sur toile estimée entre 25 000 et 35 000 euros, pour 43 033 euros (frais inclus). Plus récemment, en aout, un Bouquet au drapé jaune et mauve (1945) a changé de main pour 37 200 euros à la Baule, doublant son estimation. Prochain rendez-vous : le 23 novembre à Bastia et en live où une toile représentant un Enfant dans sa voiture avec sa mère sera proposée par Asta enchères avec une estimation comprise entre 6 000 et 8 000 euros.
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Louis Valtat (1869-1952). L’esclave blanche. 1898. Huile sur carton marouflé sur panneau. 80 x 58 cm. Adjugé 42 670 euros par Jean-Pierre Besch à Cannes en aout 2018.