Art contemporain à Nîmes : Nazanin Pouyandeh, un métissage artistique

A quelques jours de Drawing Now où elle présentera plusieurs encres et aquarelles, Nazanin Pouyandeh est à l’honneur à Nîmes et sur le Live d’Interencheres. Samedi 23 mars 2019, deux toiles de l’artiste d’origine iranienne seront proposées à la vente par Maître Isabelle Jullien. L’occasion de revenir sur cette figure montante de l’art contemporain. Entretien…

Les toiles mises en vente à Nîmes le 23 mars prochain témoignent de votre attrait pour la figure humaine. Construisez-vous vos tableaux à partir des personnages ? 

Oui, je commence toujours par définir l’emplacement des personnages, avant de penser au décor. Le plus souvent, j’ai une scène qui m’obsède avec une posture précise. Je demande alors à des modèles de poser pour moi et les prends en photo pour pouvoir travailler tranquillement ma composition. Ce n’est qu’une fois que j’ai élaboré les personnages que je me consacre au décor. Celui-ci vient au fur et à mesure, comme un puzzle dans lequel chaque élément en amène un nouveau.

Nazanin Pouyandeh (1981), Route de la soie, huile sur toile, signée, titrée, datée 2010 au dos, 100 x 81 cm. Collection particulière. Estimation : 4 000 – 6 000 euros.

Il existe d’ailleurs un décalage entre la figure, traitée avec une précision quasi photographique, et le décor, plus allusif…

Oui, les modèles que je peins sont bien réels, alors que le décor résulte de mon imagination. Devant mes toiles, le spectateur est ainsi déstabilisé car il croit reconnaître des éléments du tableau, alors qu’à mesure qu’il chemine, il comprend que rien ne tient, que tout n’est qu’illusoire.

Voir la vente | Enchérissez sur les toiles de Nazanin Pouyandeh le 23 mars à Nîmes et sur le Live d’Interencheres

Vos personnages adoptent des postures particulièrement éloquentes. Qu’expriment-elles ? 

La violence, la peur, la guerre, l’instinct de survie… A travers mes personnages, je traite des affects, des sentiments, des instincts primitifs. Dans ma peinture l’homme est en permanence en train de chercher sa raison d’être. Mes nus, qu’ils soient féminins ou masculins, ne sont d’ailleurs pas érotiques, mais révèlent au contraire l’état le plus naturel de l’homme, sans le filtre de la civilisation. 

Nazanin Pouyandeh ( 1981), Chez elle, huile sur toile, signée, titrée, datée 2007 au dos, 89 x 146 cm. Collection particulière. Estimation : 3 000 – 4 000 euros.

Doit-on interpréter vos toiles comme la représentation d’un paradis perdu ? 

Je dirais qu’il s’agit plutôt de la représentation de l’univers dans son intégralité. C’est un monde mixte où la végétation la plus luxuriante peut côtoyer des ruines. 

Les symboles et les images les plus diverses s’ y côtoient. Quelles sont vos sources d’inspiration ? 

J’ai beaucoup regardé les arts premiers, les primitifs du Moyen-Age, les miniatures persanes. Mais je puise aussi bien mon inspiration dans les beaux-arts, que dans le cinéma, la photographie, la publicité, ou même dans mon expérience personnelle à travers mes voyages en Afrique, en Inde, en Chine, au Tibet… Mes œuvres sont en quelque sorte un brassage d’images issues de territoires et d’époques différentes. Je suis très intéressée par le concept de créolisation développé par le philosophe et écrivain Edouard Glissant, selon lequel lorsque deux éléments se rencontrent, un troisième, imprévisible, apparaît. C’est en quelque sorte une transposition en art du métissage humain. Aussi, mes peintures sont des collages, autant d’un point de vue pictural que philosophique. Des symboles, des images, issus d’univers différents, s’y juxtaposent pour former un patchwork de cultures.

Les prochaines expositions de Nazanin Pouyandeh

Exposition « Sacrées femmes » à la Galerie Bellem à Paris 

jusqu’au 30 mars 2019

Drawing Now 2019 au Carreau du Temple à Paris

du 28 au 31 mars 2019 sur le stand de la galerie Sator

En savoir plus sur les prochaines expositions de Nazanin Pouyandeh