Collection Roxane Debuisson : le Musée Carnavalet préempte des enseignes du vieux Paris

Lundi 18 mars 2019 à Paris, Maître Christophe Lucien dispersait la collection exceptionnelle de Roxane Debuisson, une amoureuse de Paris qui collecta durant plus de cinquante ans des vestiges du patrimoine parisien, voués à la destruction. Parmi eux, plusieurs enseignes de commerces traditionnels parisiens ont été préemptées par le Musée Carnavalet dédié à l’histoire de Paris.

Hier, Maître Christophe Lucien dispersait la collection étonnante de Roxane Debuisson, une érudite, un brin fantasque, qui collecta durant plus de cinquante ans des enseignes de commerces traditionnels, des plaques d’immeubles, des décors et éléments architecturaux en tous genres, témoignant d’un Paris révolu.

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Cet ensemble de vestiges exceptionnels du patrimoine parisien n’a pas manqué d’attirer le Musée Carnavalet, soucieux d’enrichir ses collections dédiées à l’histoire de Paris. Fermée pour rénovation depuis 2016, l’institution a usé à huit reprises de son droit de préemption, n’hésitant pas à se porter acquéreur de lots adjugés bien au-delà des estimations.

Enseigne de coiffeur, Fer peint, simulant un parchemin enroulé en trompe-l’œil, en lettres noires sur fond jaune, attache simple en fer peint en noir. Vers 1900. 27,5 x 68 cm. Préempté pour 2 500 euros (frais compris).

Préemption des enseignes de marchands d’escargots et de gantiers

Enseigne « Au Gant d’Or »‘, Fer doré, épousant la forme d’un gant. Époque Second Empire. Attache de fer peint. Sans la potence : 80 x 40 x 25 cm. Préempté pour 5 625 euros (frais compris).

La paire d’enseignes escargots et l’enseigne « Au Gant d’Or » ont multiplié par dix leurs estimations, préemptées respectivement pour 12 750 et 5 625 euros (frais compris). « La paire d’enseignes escargots avait été acquise en 1969 auprès du dernier propriétaire du commerce d’escargots Lazare Successeurs, installé au 13 rue de la Cossonnerie, dans le premier arrondissement à Paris », détaille Maître Christophe Lucien. Sous le Second Empire, les marchands d’escargot furent nombreux à investir le quartier des Halles à Paris, s’installant à l’intérieur des Halles Baltard ou dans les rues adjacentes. Aujourd’hui, ne subsiste que L’Escargot Montorgueil, établissement situé au 38 rue Montorgueil. « L’enseigne ‘Au Gant d’Or’ a quant à elle était acquise auprès du dernier propriétaire d’un commerce de gants situé au 94 boulevard Beaumarchais, dans le neuvième arrondissement à Paris. » Elle témoigne d’un Paris révolu qui vit s’éteindre à la fin des années 1960 les commerces de gants, jusqu’alors florissants. « En 1910, on comptait pas moins de 45 boutiques de gantiers, auxquels s’ajoutaient les rez-de-chaussée de grands magasins. »

Enseigne lumineuse de la fabrique de lanternes et réflecteurs L. Grimmeisen, Tôle, fer peints en vert de forme sinueuse, à décor de rinceaux. Époque Art Nouveau. Anciennement éclairée au gaz, aujourd’hui électrifiée. Attaches de fer peint. Sans attaches : 128 x 135 x 23 cm. Préempté pour 3 125 euros (frais compris).

Une enseigne Art Nouveau découverte par Robert Doisneau

Enseigne du marchand de vin, café, charbon « À l’Auvergnat de Paris », Tôle peinte en noir, blanc et rouge, sur les deux faces. Attache de fer peint. Circa 1880. 170 x 81 cm. Préempté pour 1 125 euros (frais compris).

Une enseigne lumineuse de la fabrique de lanternes L. Grimmeisen a été préemptée pour 3 125 euros (frais compris). Arborant d’élégantes courbes Art Nouveau, elle fut signalée à Roxane Debuisson par son ami le photographe Robert Doisneau, avec qui elle sillonnait régulièrement les rues de la capitale. L’enseigne du marchand de vin, café et charbon « A l’Auvergnat de Paris » a quant à elle été préemptée pour 1 125 euros (frais compris). Elle fut acquise en 1971 auprès du dernier propriétaire du commerce, situé au 50 rue de la Procession dans le quinzième arrondissement à Paris. « Fuyant la pauvreté, de nombreux auvergnats s’installèrent au XVIIe siècle à Paris, où ils remplirent les fonctions de porteurs d’eau, notamment pour les bains. Au siècle suivant, les Auvergnats de Paris exercèrent aussi des métiers en lien avec l’artisanat du métal et la récupération tels que ceux de rémouleurs, étameurs, chaudronniers. À partir du XIXe siècle, ils s’orientèrent progressivement dans le commerce du bois, du charbon (livré à domicile), des boissons (vin, spiritueux, limonade), dans l’hôtellerie et parfois parallèlement dans le commerce de la ferraille. Cette reconversion se fit sous le Second Empire, quand le réseau d’alimentation en eau de la capitale commença à desservir les étages des immeubles. Les Auvergnats de Paris forment au XIXe siècle et dans le premier tiers du XXe siècle la communauté régionale la plus importante de la capitale française. »

Enseigne de marchand de parapluies, Tôle peinte en rouge brique, épousant la forme de deux parapluies réunis par une barre. Fin du XIXe siècle. Attache en fer peint. Sans l’attache : 61 x 60 x 61 cm. Préempté pour 1 375 euros (frais compris).

A ajouter à ce palmarès, les enseignes d’une librairie (4 000 euros frais compris), d’un lavoir (500 euros frais compris), d’un marchand de parapluies (1 375 euros frais compris) et d’un coiffeur (2 500 euros frais compris) qui rejoindront elles aussi les collections du Musée Carnavalet, dont la réouverture est prévue en 2020.

Enseigne du libraire « A l’Enseigne du livre rouge et de la plume blanche », métal peint. Style Directoire, fin du XIXe siècle. 131 x 74 x 6 cm. Préempté pour 4 000 euros (frais compris).

Enseigne du lavoir Sainte Eugénie, fer peint. Fin du XIXe siècle. 198 x 61 cm. Préempté pour 500 euros (frais compris).