Le 14 novembre 2017 | Mis à jour le 15 novembre 2017

Comment regarder un tableau pointilliste ?

par Magazine des enchères

Charles Angrand fut un acteur essentiel du groupe néo-impressionniste et  un proche de Georges Seurat. Si son nom est moins connu que celui du maître du pointillisme, ses œuvres sont pourtant exposées dans les plus grands musées internationaux, du Metropolitan Museum of Art de New York au musée d’Orsay. Mais ses toiles restent rares sur le marché de l’art. Samedi 18 novembre 2017 à Poitiers et sur le Live d’Interencheres, l’une de ses œuvres sera mise aux enchères par Maîtres Bénédicte Boissinot et Hervé Tailliez. Philippine Maréchaux, expert en tableau moderne, nous présente ce « Coin du parc Monceau », parfaite illustration de la technique divisionniste.

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« Un coin de pelouse, des arbres, une allée sinueuse sur laquelle se promène une femme de dos, sous une ombrelle rouge, par une journée ensoleillée de fin de printemps ou début d’été. Un sujet simple, prétexte à l’étude sur le motif des effets de lumière. Au premier coup d’œil, la multitude de petites touches de couleurs pures, régulières et juxtaposées posées sur ce « Coin du parc Monceau » rappelle une autre œuvre majeure utilisant la même technique : « Un dimanche après-midi à l’Île de la Grande Jatte », considérée comme l’acte fondateur du néo-impressionnisme réalisée par Georges Seurat (1859-1891).

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Notre tableau, réalisé par un proche de Seurat, est un exemple magistral de ce mouvement, désigné également par les termes de divisionnisme ou pointillisme. Le procédé se base sur la théorie du mélange optique des couleurs. Au lieu d’employer un vert mélangé sur la palette, il applique sur la toile une touche de jaune juxtaposée à une touche de bleu, de façon à ce que la couleur se mélange par simple perception. Le mélange ne s’effectue plus sur la palette mais dans la rétine du spectateur et, juxtaposés, ces points de couleurs pures composent des formes, des paysages…

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L’auteur de ce « Coin du parc Monceau » s’appelle Charles Angrand. Normand d’origine, il fait partie des artistes de l’école de Rouen qui s’intéressèrent au postimpressionnisme et particulièrement au  pointillisme de Seurat. Angrand rencontre Seurat à la fin des années 1880. Les deux hommes se lient d’amitié et passent leurs journées ensemble, à peindre sur la Grande Jatte, une île sur la Seine aux portes de Paris. Angrand écrivait : « J’en profite pour commettre à la Grande Jatte un paysage naturellement insulaire et aussi le parc Monceau dans les coins, coins verdoyants et ombreux » ou encore « Je pars à midi 1/2 pour la Jatte et je n’en reviens que vers 7 heures et plus tard (…) j’y suis en compagnie de Seurat qui lui aussi depuis 4 semaines fait journellement le voyage. »

 

Les liens des deux artistes étaient tels que le peintre du « Coin du parc Monceau » figure au premier rang des spectateurs dans la célèbre toile de Seurat « le Cirque », exposée au Musée d’Orsay. A la mort du chef de file du pointillisme en 1891, Angrand décide d’arrêter la peinture. Il clôt ainsi une œuvre peinte plutôt restreinte. Car, selon ses propres termes, l’artiste était un flâneur : « Hélas c’est une condition d’existence pour moi cette flânerie. Travailler d’arrache- pied n’est pas mon fait. Aussi je « signe » peu. » Il est donc rare de trouver une huile sur toile de l’artiste sur le marché.

 

Exposé à deux reprises du vivant de l’artiste, à la galerie parisienne Georges Petit et au Salon des Artistes Indépendants, ce « Coin du parc Monceau » a été cédé par le peintre à un dénommé René Matton, qui était élève au lycée Chaptal à Paris quand Angrand y travaillait comme répétiteur. Depuis, le tableau a été conservé par les descendants de René Matton jusqu’à aujourd’hui, et il est donc inédit sur le marché. Nous avons la preuve écrite de cette acquisition dans le Memorandum que l’artiste tenait sur toutes les ventes et les donations de ses œuvres. »

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Philippine Maréchaux, expert en tableau moderne

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« Coin du parc Monceau »

De Charles Angrand (1854-1926), huile sur toile signée et datée de 1888. Dimensions : 46 centimètres par 55 centimètres. Estimation : de 80 000 à 100 000 euros

Lien vers l’annonce de vente du tableau

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