Design italien : 5 œuvres emblématiques
Gae Aulenti, Ettore Sottsass, Gaetano Pesce… les designers italiens ont révolutionné après-guerre leur discipline, usant de formes, coloris et matériaux innovants. La preuve en cinq œuvres emblématiques vendues aux enchères le 30 octobre à Paris.
Le canapé Kontiki d’Adriano Piazzesi
Avec le canapé Kontiki, Adriano Piazzesi (1923-2009) fait référence à une expédition scientifique qui, durant l’immédiat après-guerre, nourrit les débats sur l’origine du peuplement des îles du Pacifique. Conçue autour de 1970, cette pièce de mobilier évoque en effet, par son nom et son design, le radeau « Kon-Tiki » créé en 1947 par l’anthropologue norvégien Thor Heyerdahl pour réaliser une traversée de l’océan Pacifique. Celui-ci souhaitait, avec ce radeau baptisé « Kon-Tiki » en référence à des divinités incas et polynésiennes, démontrer que la colonisation de la Polynésie avait pu être effectuée depuis l’Amérique du Sud. Le canapé reprend ainsi les techniques de fabrication de cette embarcation rudimentaire, avec ses capitons en velours évoquant les rondins de bois, et ses sangles en guise de cordes.
Le miroir Ultrafragola d’Ettore Sottsass
Reconnaissable à son néon rose, son cadre en ABS blanc et son profil sinueux, l’Ultrafragola est le seul objet de la série des « Mobili Grigi » à avoir dépassé le stade de prototype pour être commercialisé par la maison d’édition Poltronova. Ce miroir-luminaire coloré a été imaginé par Ettore Sottsass (1917-2007) en 1970, soit onze ans avant qu’il ne crée le groupe Memphis connu pour son utilisation de nouveaux matériaux, tels que le laminé plastique, et sa juxtaposition atypique de formes, motifs et couleurs. Il s’inscrit dans la continuité de la lampe Astéroïde qui, conçue en 1968, arborait déjà des couleurs fluorescentes.
Le canapé Bazaar du Superstudio
Plus qu’un canapé, Bazaar est une expérience… Cette création est le fruit de la collaboration fructueuse des membres du Superstudio. Fondé en 1966 par Adolfo Natalini et Cristiano Toraldo di Francia, architectes avant-gardistes diplômés de l’Université de Florence, ce groupe se distingua par son étonnante hétérogénéité, proposant des créations expérimentales à la croisée de l’art, de l’architecture, du design et de l’anthropologie, sous l’impulsion des nouveaux membres, Piero Frassinelli, les frères Magris et Alessandro Poli. Avec ce canapé modulaire, faisant office de cocon, le groupe entend ainsi remettre au goût du jour l’art de la conversation, mis à mal par l’avènement des médias numériques qui, dans les années 1960, investissent les salons. Le tout dans un mobilier aux matériaux innovants, mêlant une structure en résine de polyester et fibre de verre à un revêtement en acrylique et à une fourrure rose.
Le buffet Nobody’s perfect de Gaetano Pesce
Nobody’s sideboard est un buffet transparent et polychrome issu de la collection « Nobody’s perfect » imaginée par Gaetano Pesce (né en 1939) en 2002. A rebours de la production industrielle, le designer crée dès la fin des années 1960 des séries différenciées, redonnant une place à l’aléatoire dans les productions en série, à travers des objets non reproductibles. Chaque buffet, table ou fauteuil devient ainsi une pièce unique dont les imperfections sont célébrées. Gaetano Pesce rompt avec le design utilitaire, en réintroduisant une part d’émotion avec l’usage de matériaux diversifiés qu’il magnifie de couleurs pop.
La lampe Rimorchiatore de Gae Aulenti
La créatrice de la Pipistrello, Gae Aulenti (1927-2012), nous livre ici une lampe au design audacieux et emblématique des années 1960. Baptisé Rimorchiatore, l’objet évoque par son nom, autant que par ses lignes, les bateaux remorqueurs, symboles de la mondialisation. Son système de double luminaire et sa modulabilité en font un objet de bureau fonctionnel, de nature à répondre aux attentes d’une Italie en pleine expansion.
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