Le 11 avril 2022 | Mis à jour le 11 avril 2022

La collection de dessins de Vlad Caragiale aux enchères à Vichy

par Diane Zorzi

Le 13 avril à Vichy, Etienne Laurent dispersera aux enchères une collection exceptionnelle de peintures et dessins, du XVIe au XIXe siècle. Cet ensemble fut constitué par Vlad Caragiale, un écrivain d’origine roumaine, issu d’une illustre lignée de dramaturges et poètes.

 

Pour les Caragiale, les lettres sont une affaire de famille. Sur les traces de son oncle, le dramaturge Costache Caragiale, Ion Luca Caragiale offrait à la littérature roumaine parmi ses plus belles pages, avant que ne lui succède son fils, Mateiu, poète et romancier proche du milieu symboliste qui, à son tour, prédit que son neveu, Vlad Caragiale (1921-2006), embrasserait une carrière littéraire. Mateiu ne s’y trompa pas. Un temps avocat et journaliste, Vlad consacrait finalement sa vie à l’écriture, ne délaissant la plume que pour s’adonner à son autre passion, la peinture et le dessin. 

Des écrits de Vlad Caragiale, ne demeurent aujourd’hui que des fragments, dont un roman autobiographique inachevé, dressant le portrait d’un homme apatride, retiré du monde et bercé de souvenirs – L’Exilé de lui-même. L’écrivain a néanmoins laissé derrière lui une importante collection de peintures et dessins anciens rassemblés au gré de voyages en Europe. De cet ensemble érudit, le commissaire-priseur Etienne Laurent dévoilera un florilège le 13 avril prochain à Vichy. Lors de cette vente aux enchères, deux peintures – une école flamande et une école anversoise, exécutées vers 1700 et 1650 – côtoieront une centaine de dessins issus des écoles italienne, française et nordique, du XVIe au XIXe siècle.

 

Des études d’après Raphaël, Giulio Romano et Antoine Coypel

« La collection abonde de feuilles intéressantes représentant essentiellement des scènes mythologiques et religieuses », annonce Etienne Laurent. A commencer par une sanguine de l’école bolonaise du XVIIe siècle, représentant Cupidon et les trois Grâces (5 000 – 6 000 euros). « Il s’agit d’une étude de la fresque de Raphaël et Giulio Romano, située dans la loggia de Psyché de la Villa Farnesina de Rome, poursuit le commissaire-priseur. Au premier plan de ce dessin, un ange de dos a été ajouté, également réalisé d’après les fresques de la Farnesina, mais qui se situe en réalité sur le voûtain à gauche des trois Grâces ». La finesse d’exécution et la délicatesse dans le traitement des modelés suggèrent la main d’un maître que Vlad Caragiale tenta, en vain, d’identifier. « Il mena de longues recherches sur ses différentes trouvailles, avant et après acquisition. Des recherches dont témoignent les ouvrages annotés de sa bibliothèque. » Au catalogue des œuvres mythologiques figure également une étude de Vertumne et Pomone (3 000 – 4 000 euros) réalisée au XVIIIe siècle d’après l’Assemblée des Dieux d’Antoine Coypel, ornant le plafond de la galerie d’Enée au Palais Royal. « Le musée du Louvre conserve une étude similaire de Coypel, à la pierre noire, sanguine et rehauts de blanc. »

 

[A gauche] École bolonaise du XVIIe siècle, « Cupidon et les Trois Grâces », d’après la fresque de Raphaël et Giulio Romano à la Loggia de Psyché de la villa Farnesina à Rome, Italie, sanguine et estompe, gouache blanche oxydée, sous vitre, porte l’inscription « Murraciole » au dos. 56×43 cm. Estimée entre 5 000 et 6 000 euros. [A droite] Ecole française du XVIIIe siècle, entourage d’Antoine Coypel, « Vertumne et Pomone » dans « Vénus suppliant Jupiter en faveur d’Enée devant les dieux assemblés » (appelé aussi « l’Assemblée des Dieux »), composition d’Antoine Coypel pour le plafond de la galerie d’Enée au Palais Royal, dessin aux trois crayons, dans un cadre en bois doré, 50×39 à vue. Estimé entre 3 000 et 4 000 euros.

 

Des dessins des écoles italienne, française et nordique

La collection regorge de dessins évoquant les œuvres de grands maîtres, à l’instar d’un Paysage côtier (5 000 – 6 000 euros), à la plume et à l’encre brune du XVIe siècle, rappelant les vues poétiques de Domenico Campagnola, ou d’une Tête de femme (200 – 300 euros) convoquant la finesse d’exécution de la Sainte Marguerite de Parmigianino.

 

École vénitienne du XVIe siècle, « Paysage côtier », plume et encre brune, 27,5×46 cm. Déchirures restaurées dans le bas. Expert : Cabinet De Bayser. Estimée entre 5 000 et 6 000 euros.

 

Certaines feuilles, quant à elles, ont retrouvé leur signature, telles que la Vénus dans la forge de Vulcain attribuée à Jacob de Witte (1591-1631) (300 – 400 euros) ou le Mage dirigeant des soldats donné à Claude Guy Hallé (1652-1736) (400 – 500 euros). La collection réunit enfin un certain nombre d’écoles du Nord, dont un dessin d’Erasmus Quellinus (1616-1678) représentant les armes d’un cardinal à la plume et à l’encre brune (600-800 euros). « Il rappelle la passion de son oncle Mateiu Caragiale pour l’héraldique et devait avoir une réelle valeur sentimentale pour Vlad. » Pour les Caragiale, l’art, autant que les lettres, est une affaire de famille.

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[A gauche] École italienne du XVIIe siècle, « Tête de femme d’après un maître », plume et encre brune, dans un cadre en bois doré, 12,5×10 à vue. Estimée entre 200 et 300 euros. [A droite] Erasmus Quellinus (1616-1678), « Armes de cardinal », plume et encre brune, lavis gris, passé au stylet, signé « E. Quellinus » en bas à droite, attribué au dos à « ERASMUS II QUELLINUS », dans un cadre en bois doré, 13×8,5 cm. Estimée entre 600 et 800 euros.

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