Le 17 février 2023 | Mis à jour le 17 février 2023

La collection Erté, un symbole de l’Art déco aux enchères

par Clémentine Pomeau-Peyre

La maison Millon dispersera aux enchères le 9 mars plus de 150 gouaches et photographies de Romain de Tirtoff dit Erté, un artiste russe emblématique de l’Art déco. Atypique, ce touche-à-tout passionné de mode et de cabarets a laissé de précieux témoignages des folles années parisiennes. 

 

Né en 1892 à Saint-Pétersbourg, Roman Petrovitch Tyrtov est d’abord surnommé Pitch ou Tir pour ses premières publications de croquis de mode dans une revue russe, avant d’être rebaptisé Romain de Tirtoff lorsqu’il arrive en France en 1907. Mais cet artiste inclassable va finalement être connu sous le pseudonyme d’Erté (ses initiales R et T). Affublé de multiples noms, il a également eu de multiples passions.

Erté commence par dessiner des costumes en 1913, en collaboration avec le couturier Paul Poiret, mais il est interrompu par la Première Guerre mondiale. Il poursuit avec des publications dans le magazine Harper’s Bazaar à New York : 2 500 dessins à la plume et à la gouache commandés entre janvier 1915 et décembre 1926, dont 240 couvertures. Et s’intéresse ensuite au théâtre, en travaillant sur les costumes et décors des Folies-Bergère, des Ziegfeld Follies et surtout du Bal Tabarin. Ses projets de costumes, ses maquettes de décors et les photos de ses créations mises en scène constituent l’essentiel de la collection Erté que la maison Millon présentera aux enchères le 9 mars en live sur Interencheres

 
 

L’ambiance des folles nuits parisiennes

Pour retrouver l’ambiance particulière créée par Erté, regardons l’album regroupant 51 tirages argentiques montrant les différents tableaux du spectacle « Plaisirs de France » de 1937-1938, présenté au Bal Tabarin (1 500 à 3 000 euros). Ce cabaret situé à Montmartre (actif de 1904 à 1953 et détruit en 1966) est alors dirigé par Pierre Sandrini. « Dès le premier instant, nous nous sommes aimés. Ma collaboration avec Sandrini a duré quinze ans et m’a laissé mes meilleurs souvenirs du music-hall », avouait l’artiste. Ses projets de costumes à la gouache tels que « Fleurs du Mal » (800 à 1 200 euros), ou le projet de décor « La Fée de la Neige » (400 à 600 euros), reflètent son talent pour la représentation de femmes élancées, élégantes et sophistiquées.

 

 

Erté, un artiste touche-à-tout 

Ses inspirations sont multiples : les bals costumés vénitiens pour le projet  «Venice », au XIIIe siècle (400 à 600 euros), l’Antiquité pour « Les travaux d’Hercule » (800 à 1 000 euros), et jusqu’à l’Ouest Américain très revisité sur la gouache « Cow-Boy » (400 à 600 euros). Dans les années 1960, Erté va éditer des séries de lithographies et sérigraphies et s’essayer à la sculpture sur tôle métallique avec de la peinture à l’huile. Il va également participer à de nombreuses expositions, notamment en 1970, lorsqu’il expose 170 œuvres à New York. Sa collection est alors achetée par le Metropolitan Museum of Art. Ses œuvres sont à présent conservées par plusieurs autres institutions importantes, dont le Victoria and Albert Museum à Londres, le Los Angeles County Museum of Art (LACMA) et le Musée 1999 à Tokyo. S’essayant également à la création de bijoux, ou à la décoration intérieure, Erté n’a jamais cessé de travailler, jusqu’à son décès en 1990.

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