Les bouteilles de la Passion
Si la coutume des bateaux en bouteille est largement connue, celle de protéger une croix de la Passion du Christ dans un petit récipient de verre est plus confidentielle. Lundi 12 septembre 2016 à Rennes et sur le Live d’Interencheres, Maître Carole Jezequel mettra aux enchères une collection de 30 bouteilles de la Passion.
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Pour garder un souvenir des navires sur lesquels ils naviguaient et montrer ces embarcations à leur entourage, les marins avaient l’habitude de réaliser ou de faire réaliser des bateaux en bouteille. Ces modèles réduits enfermés dans un petit récipient de verre sont aujourd’hui largement connus des amateurs d’antiquités et même reconnus par un plus large public. Beaucoup plus confidentielle, la coutume des bouteilles de la Passion consistait à protéger une croix du Christ à l’intérieur d’une petite bouteille en verre.
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Expression de la dévotion religieuse des marins et autres navigateurs, ces souvenirs particulièrement intimes sont très rares sur le marché. Lundi 12 septembre 2016 à Rennes et sur le Live d’Interencheres, Maître Carole Jezequel mettra aux enchères 30 bouteilles de la passion. « Cet ensemble est considéré comme l’une des plus belles collections d’Europe pour la qualité des bouteilles sélectionnées. Elle est la résultante de quarante ans de recherches et d’acquisitions effectuées par un collectionneur érudit, féru de théologie et d’histoire de la marine. Certaines des bouteilles présentées sont de véritables chefs d’œuvre de l’art populaire religieux et maritime », détaille Philippe Neveu, expert de la vente et consultant du cabinet Arts & Marine Expertise.
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« Au début du XIXe siècle, lorsque le verre des bouteilles devint translucide et exempt de trop nombreuses bulles d’air, et qu’en parallèle les bouteilles deviennent moins onéreuses, les marins et les mariniers se mettent à réaliser des bateaux en bouteille et des bouteilles de la passion. Ces-dernières servaient alors de « pièce » centrale à de petits oratoires créés dans des chapelles, des maisons, ou dans la cabine des navigateurs », explique le spécialiste. Détail important, ces objets religieux étaient aussi bien réalisés par des marins embarquant en mer ou des mariniers, « ces marins d’eau douce », comme pouvaient les appeler péjorativement les gens de mer. C’était bien méconnaître les risques encourus sur les fleuves, jusqu’au début du XXe siècle, par ces mariniers qui eux aussi naviguaient sous la protection du Divin. A l’époque, les cours d’eau n’étaient pas domestiqués, et leur navigation pouvait entraîner de nombreux dangers (crues et décrues mais aussi pillage par des bandits) », poursuit Philippe Neveu.
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« Dans la bouteille, fiole, flasque, bouteille de médecine, si la croix de Jésus est toujours centrale, il n’y a pas de règle pour la répartition des instruments de la passion, qui sont librement déterminés par celui qui la réalise et ce en fonction de son inspiration et de l’événement qu’il souhaite plus représenter. Les matériaux utilisés peuvent être divers, du moins onéreux, tel que le bois, au plus coûteux, tel que l’or. La facture peut être rudimentaire ou très élaborée. Elle est fonction de la patience, de la dextérité et de l’ingéniosité de son créateur. Certains assemblages sont en effet dignes des plus ardus casse-tête. D’une manière générale, toutes les bouteilles présentées à la ventes ont fait l’objet d’un long travail de patience », ajoute l’expert, avant de préciser que leurs estimations oscillent de 60 à 1 000 euros.
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Lien vers l’annonce de la vente aux enchères
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