Le 16 juin 2023 | Mis à jour le 27 février 2024

Les estimations de l’ANECP : une sculpture équestre de Louis-Alfred Barye

par Magazine des enchères

Tous les mois, l’Association Nationale des Elèves Commissaires-Priseurs propose aux lecteurs du Magazine des enchères de revivre en direct un travail d’expertise mené par un étudiant dans les coulisses d’une salle des ventes. Ce mois-ci, Louis Thomas décrypte une sculpture équestre de Louis-Alfred Barye sous l’œil aguerri de Guillaume Cortès, commissaire-priseur de la maison Fournié et Cortès. 

 

Les commissaires-priseurs en herbe, dont l’Association Nationale des Elèves Commissaires-Priseurs (ANECP) assure la cohésion, proposent chaque mois aux lecteurs du Magazine des enchères de revivre en direct un travail d’expertise mené à quatre mains dans les coulisses des salles des ventes. Le mois dernier c’est Valentin de Sa Morais qui expertisait, avec Aymeric Rouillac, un rare mannequin féminin pour artiste

 

Louis Thomas et Guillaume Cortès expertisent une sculpture équestre de Louis-Alfred Barye…

Louis Thomas, élève commissaire-priseur au sein de la maison de ventes aux enchères toulousaine Fournié & Cortès présente, aux côtés du commissaire-priseur Guillaume Cortès, un bronze de Louis-Alfred Barye (1839-1882). Ce cheval de course, déposé il y a peu à l’étude, révèle tout le talent de sculpteur du fils d’Antoine-Louis Barye (1795-1875) qui, tout comme son père, s’est fait une spécialité des sujets animaliers. Le bronze a été apporté par un particulier amoureux de sculpture équestre. 

 

Alfred BARYE (1839-1882) Cheval « Vermouth » En bronze à patine brune, signé, daté 1864, localisé Chantilly sur la terrasse et portant un cartel mentionnant « Vermouth par Thenabob et Vermeille, Vainqueur du Grand Prix de Paris, Bade et autres, appartenant à Monsieur Delamarre, 1864 » H. 50,5 cm – L. 59 cm – P. 20,5 cm (une des sangles cassée). Historique : En 1859, le comte Pierre Roederer crée un haras, sur une partie du domaine de Bois-Roussel que son grand-père, le comte Pierre-Louis Roederer, avait acquis en 1814. Il s’associe à Henry Delamare et la réussite ne se fait pas attendre : Vermouth gagne le Grand Prix de Paris en 1864. Estimé 3 500 – 4 500 euros.

 

Première impression ?

Louis Thomas : Au-delà du cartel et de la signature qui nous indiquent tout de suite un titre et une piste d’attribution, c’est la qualité du bronze et de sa ciselure qui m’indique que cette œuvre est de très bonne facture. La qualité d’un bronze apparaît dans la finesse de ses traits et de ses détails, il suffit ici de s’attarder sur les éléments de sellerie comme les rênes, ou la musculature de l’animal dont les veines sont presque saillantes.

Guillaume Cortès : Nous pouvons également ajouter que la qualité du bronze se voit par sa légèreté, car le métal étant cher, nous allions à l’époque à l’économie, ce qui n’est pas le cas des tirages modernes. De plus, comme le dit Louis, les bronzes de « moins bonne qualité » sont reconnaissables par leur aspect « plus gras ». Ce Vermouth présente une très belle patine que la lumière naturelle révèle bien plus que celle artificielle du studio.

 

Détail du cartel.

Le sujet ? 

Louis Thomas : Cette sculpture représente le cheval Vermouth ayant appartenu à Henri Delamarre, entraîné par Thomas Richard Carter et monté par E. Kitchener. En 1859, le comte Pierre Roederer crée un haras sur une partie du domaine de Bois-Roussel que son grand-père, le comte Pierre-Louis Roederer, avait acquis en 1814. Il s’associe à Henri Delamarre et la réussite ne se fait pas attendre puisque Vermouth remporte le Grand Prix de Paris en 1864 ainsi que le Prix de Chantilly et le Grand Prix de Baden.

 

Gravure figurant Vermout, gagnant du grand prix de cent mille francs.

 

Une signature ?

Guillaume Cortès : L’objet est signé sur la terrasse « A. Barye Fils » pour Alfred Barye, fils et élève du grand sculpteur animalier Antoine-Louis Barye. Il travaille pendant longtemps dans l’ombre de son célèbre père. Sa production, comme celle de son père, comprend des bronzes animaliers ainsi que des sujets orientalistes. Les sujets choisis sont vraiment similaires et ont la même source d’inspiration. Tout comme son père, il réalise des cavaliers arabes (notamment avec le sculpteur Emile Guillemin (1841-1907), des dromadaires de caravane, des félins, éléphants, etc. Parmi ses bronzes animaliers citons : Éléphant déracinant un arbre, Sanglier, Perdrix effrayées, Indien à cheval, Chameau et chamelier, Lion dévorant une antilope, Jeanne d’Arc à Cheval Ses premières œuvres sont signées « A. Barye », ce qui est alors source de confusion avec la signature de son père. Il est probable que ce soit à la demande de son père, qu’il signe ses œuvres sous le nom de Barye « Le fils » pour se différencier. Aucune date précise de ce changement de signature n’est connue. Il expose au Salon de 1864 à 1882.

Louis Thomas : Bien qu’il n’ait pas hérité du génie de son père, il est néanmoins incontestable qu’Alfred Barye est un sculpteur habile et consciencieux. Ses sujets de prédilection sont les chevaux de courses, sujet qui n’a pas été traité par son père. Venue d’Angleterre, la vogue des courses de chevaux s’empare de la France au XIXe siècle. Si la première course de steeple eut lieu à Bedford, au Royaume-Uni, en 1810, l’hippodrome de Chantilly fut construit en 1834 en France, la même année que la fondation du Jockey Club de Paris. Louis-Alfred Barye va s’emparer de ces nouveaux sujets tout comme un autre célèbre sculpteur de cette période, Emmanuel Frémiet (1824-1910). 

 

Signature « A. Barye Fils » sur la terrasse.

 

Une époque ?

Louis Thomas : Le cartel ainsi que le sujet de la sculpture nous indique qu’elle a été créée en commémoration du Grand Prix remporté par le cheval Vermout en 1864. L’œuvre a donc probablement été fondue quelque temps après la course. Elle illustre très bien ces fontes commémoratives des victoires de courses épiques.

 

Une estimation ?

Louis Thomas : Entre 3 500 et 4 500 euros. Malgré un petit accident à signaler au niveau des rennes, ce type de bronze attise toujours l’intérêt des collectionneurs et des amateurs de courses. Quelques rares exemplaires ont déjà obtenu de beaux résultats aux enchères lors de ces dernières années. Pour ce type de sculpture, ce sont vraiment des acheteurs du monde de l’équitation et spécifiquement des courses qui seront susceptibles d’enchérir sur ce lot, bien plus que des collectionneurs de Barye Père ou de sculptures animalières. 

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