
Les Jizai Okimono, le savoir-faire des armuriers japonais de l’époque d’Edo
Deux Jizai Okimono en forme de dragon et Shachi seront vendus aux enchères le 27 avril à Toulouse par la maison Marambat de Malafosse. Ces objets d’art exceptionnels témoignent du talent des artisans armuriers japonais de l’époque d’Edo.
« Les Jizai Okimono sont des créations particulièrement saisissantes à avoir en main qui peuvent être déplacées comme des animaux vivants ». A entendre Théo Moncassin, clerc au sein de la maison Marambat de Malafosse, l’on s’amuserait volontiers à animer les deux créatures articulées qui composent le catalogue de la vente toulousaine du 27 avril. Nées au XVIIe siècle, ces sculptures métalliques dites « Jizai Okimono » sont le fruit du savoir-faire des meilleurs artisans armuriers japonais qui, en temps de paix, mobilisèrent leurs talents pour produire des pièces de collection exceptionnelles tant par leur réalisme que par leur ingéniosité technique. « Au XVIIe siècle, ces objets articulés étaient offerts par les armuriers aux seigneurs japonais dits Daimyos durant les temps de paix pour gagner leur loyauté et montrer leur talent, expliquent les experts du cabinet Ansas-Papillon Léry. Puis au XIXe siècle, ils sont devenus des objets très appréciés des collectionneurs européens… »
Des sculptures articulées nées au XVIIe siècle
Confectionnés à partir de fer, de cuivre ou de bronze, les Jizai Okimono prennent la forme d’animaux réels ou fantastiques. Le catalogue de la vente convoque quant à lui notre imaginaire : la première sculpture s’élance tel un dragon-poisson, un « Shachi », l’équivalent du dragon de mer dans la mythologie chinoise. Réalisé en fer de patine brun-rouge, il arbore un corps pourvu de nageoires, une tête dotée de cornes semblables à des branches et des yeux rehaussés de cuivre doré. Son acolyte, exécuté en fer de patine brune, prend quant à lui la forme d’un dragon en marche qui, ainsi dressé, semble prêt à affronter ses ennemis. « Son dos très finement ciselé d’écailles et articulé est surmonté d’une épine dorsale en hauteur, détaillent les experts. Sa mâchoire également articulée est agrémentée de cornes et les yeux pareillement rehaussés de cuivre dorés, ce qui confère une grande expressivité à l’animal ».Â

Rare Jizai Okimono en fer de patine brun-rouge, finement ciselé et articulé, représentant un Shachi. Porte la signature de la famille Myochin. Japon, Ecole de Myochin, période Edo. Longueur : 31 cm. Estimation : 8 000 – 12 000 euros.
Des créations émanant des meilleurs artisans armuriers japonais
L’adjonction d’articulations nécessitant une grande dextérité, les Jizai Okimono étaient réalisés par les meilleurs artisans. Les deux sculptures de la vente émanent ainsi de l’atelier de l’une des plus grandes familles de forgerons de l’époque d’Edo (1600-1868), la famille Myoshin, dont le Shachi porte la signature. « La famille Myochin était particulièrement reconnue pour son travail sur les casques (kabuto) et masques (menpo) à destination des samouraïs », poursuivent les experts. Si les sources demeurent lacunaires, elles indiquent que la réputation de la famille Myochin prit véritablement son essor au XVIe siècle, avant que ses membres ne soient nommés à la fin du XVIIIe siècle forgerons officiels de l’armée du gouvernement. « Les différentes générations de la famille Myochin se sont ensuite succédées, rivalisant de qualités et de variétés. Les membres ont beaucoup voyagé à travers le pays, créant de nouvelles branches de la famille et travaillant sur différents styles d’armure. »
Des objets d’art prisés des collectionneurs asiatiques
Si ces objets d’art d’une grande finesse étaient particulièrement prisés par les collectionneurs européens au XIXe siècle, ils séduisent aujourd’hui davantage les collectionneurs asiatiques. « C’est un marché de niche, réservé à des collectionneurs passionnés et majoritairement étrangers, Japonais ou Chinois, désireux de récupérer leur patrimoine culturel », reconnaît Théo Moncassin. Un marché de niche ponctué toutefois d’adjudications à plusieurs centaines de milliers d’euros – en témoigne la vente en 2016 d’un Jizai Okimono en forme de carpe Koï adjugé 170 000 euros (hors frais) par la maison allemande Hermann Historica. Les enchérisseurs de la vente toulousaine devront quant à eux compter sur une estimation fixée entre 8 000 et 12 000 euros.Â
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Exceptionnel Jizai Okimono en fer de patine brune, finement ciselé et articulé, d’une très grande souplesse, représentant un dragon marchant. Japon, Ecole de Myochin, période Edo. Longueur : 51 cm. Estimation : 8 000 – 12 000 euros.