Les premiers pas du marché français de l’art vidéo
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Le 29 janvier 2014, le jour de l’anniversaire de la mort de Nam June Paik, considéré comme le père de l’art vidéo, Maître Vincent Wapler organisait la première vente de ce médium en France. Cette vente était un pari audacieux car les œuvres d’art vidéo sont encore assez inhabituelles sur le marché…
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Pour la première vente aux enchères d’art vidéo organisée par Maître Vincent Wapler le 29 janvier 2014, les amateurs ont pu découvrir lors de l’exposition publique le matin, les œuvres exposées sur divers supports. Plusieurs écrans permettaient leur diffusion, tandis que certaines œuvres disposaient d’un écran qui leur était dédié comme Air Block, vidéo présentant une entrée de bâtiment en verre et le passage incessant de personnes, une des œuvres-phares de l’artiste américain Tony Oursler.
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Un projecteur présentait le lot 31, emblématique vidéo de Robert Barry, One billion dots, tandis qu’une tablette numérique mettait en avant d’autres œuvres dans une vitrine. Antenne Budda de Nam June Paik, Hole de Tony Oursler et Gare à tes miches de Samuel Rousseau accueillaient le visiteur dans une structure spécialement installée pour leur visionnage, située au centre de la pièce. Ces œuvres emblématiques de la vente qui affichaient les plus hautes estimations furent ainsi immanquables.
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L’ensemble des 150 lots était consultable sur place à la demande, et il était prévu que les vidéos soient délivrées accompagnées d’un DVD ou d’une clé USB, afin d’éviter à leurs nouveaux propriétaires de ressortir leurs vieux magnétoscopes.
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14 heures, les enchères démarre. Les coups de marteaux s’enchaînent devant une salle comble, cette première vente attire aussi bien collectionneurs, représentants des institutions culturelles que de simples curieux. Les objets qui accompagnent les œuvres vidéo en elles-mêmes emportent l’intérêt des collectionneurs tel que Antenne Budda de Nam June Paik qui est vendu 15 000 euros, la plus importante adjudication de cette vente. Fred Forest, l’artiste français dont deux lots figurent à la vente, fait une belle opération avec son œuvre Le Vase brisé dont la mise à prix était d’un euro : l’œuvre est achetée 800 euros. Une anthologie de l’image mouvement rassemblant 11 œuvres de grands artistes vidéastes tels que Douglas Gordon, Pierre Huyghe, Francis Alys ou David Claerbout est vendue 1 300 euros. Samuel Rousseau faute de vendre Gare à tes miches, opère la deuxième meilleure adjudication de la vacation avec son œuvre P’tit bonhomme qui part à 5 000 euros. Quant au célèbre Non-film de Ben, il est adjugé 800 euros par le commissaire-priseur.
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En somme, coup d’essai prometteur pour cette première vente française qui totalise plus de 46 000 euros hors frais d’adjudication. Bien qu’encore un peu « balbutiante », comme le remarque Maître Wapler, le marché de l’art vidéo a une « réalité tangible ». Le commissaire-priseur ainsi que l’expert Arnaud Brument entendent donc « poursuivre sur le long terme ce travail de diffusion et de pédagogie ». Un bel avenir est donc envisageable pour cet art dont la première vente a réjouit les collectionneurs, l’un d’entre eux a même déclaré en pastichant Neil Armstrong : « Aujourd’hui, à Paris, ce fut un petit pas pour une vente, un pas de géant pour l’Histoire de l’art vidéo ».
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