Le 17 juin 2019 | Mis à jour le 17 juin 2019

Marc Labarbe : « Pour faire mieux, il faudrait retrouver une toile authentique de Léonard de Vinci ! »

par Diane Zorzi

La ville rose sera le théâtre d’une vente historique le 27 juin prochain où une toile du Caravage sera mise aux enchères à la Halle aux grains. Estimée à plus de 100 millions d’euros, elle pourrait devenir l’une des œuvres les plus chères de l’histoire. Entretien exclusif avec le commissaire-priseur toulousain, Maître Marc Labarbe.

 

Quel est votre état d’esprit à l’approche de la vente ?

Marc Labarbe : Cela va faire maintenant cinq ans que je vis au rythme de cette découverte incroyable. Je me suis régalé, j’ai parcouru le monde, j’ai vu la plupart des tableaux du Caravage conservés dans les musées. C’est absolument incroyable d’avoir retrouvé en province un chef-d’œuvre de cette importance. J’ai toujours été passionné par Caravage. Je racontais sa vie mouvementée à mon fils lorsqu’il était petit. C’est une véritable consécration dans la carrière d’un commissaire-priseur d’avoir à vendre un tel tableau. C’est presque de la fiction ! Pendant longtemps je me réveillais le matin en me disant que c’était un rêve éveillé. Mais aujourd’hui, il est temps d’arriver au bout de l’histoire. Bien sûr, il y a l’excitation à quelques semaines de la vente. Mais la pression monte également. Il faut réunir les potentiels acquéreurs et organiser cette vente historique comme il se doit. Dans l’histoire des ventes aux enchères, jamais un tableau ancien aussi important n’a été vendu en province et même en France. Pour faire mieux, il faudrait retrouver une toile authentique de Léonard de Vinci !

 

Comment êtes-vous parvenu à gagner la confiance des vendeurs qui ont préféré vous confier leur tableau plutôt que de se tourner vers une grande maison de vente internationale ?

M.L. : Ils m’ont fait confiance car au contraire des grandes maisons je m’occupe personnellement d’eux et de leur tableau, je ne délègue pas. Je suis proche de mes clients. Depuis cinq ans, je les contacte régulièrement et les informe de l’évolution des recherches. Ils ont pu également pendant longtemps continuer à venir admirer leur œuvre puisqu’il leur suffisait de venir dans notre étude à Toulouse. Cette proximité est ce qui fait la spécificité et la valeur ajoutée des commissaires-priseurs de province. Et puis aujourd’hui, avec les retransmissions des ventes en direct sur internet, les œuvres les plus exceptionnelles se vendent quel que soit le lieu où se déroulent les enchères. En témoigne l’exemple récent du tableau de Rubens adjugé à 1,3 million d’euros à Lille en mars dernier.

 

Michelangelo Merisi dit Le Caravage (1571-1610), Judith décapitant Holopherne, huile sur toile, 144 x 173, 5 cm. © Cabinet Turquin

 

« Dans l’histoire des ventes aux enchères, jamais un tableau ancien aussi important n’a été vendu en province et même en France. Pour faire mieux, il faudrait retrouver une toile authentique de Léonard de Vinci ! »

 

Qui pourrait à votre avis se porter acquéreur d’un tel chef-d’œuvre ?

M.L. : Les acheteurs potentiels sont installés aux quatre coins du monde : en Asie, en Europe, en Russie, au Moyen-Orient, aux Etats-Unis. Le tableau a été présenté à Londres en février. La galerie Kamel Mennour a même organisé une exposition en mai dernier confrontant l’œuvre du Caravage avec une création de Daniel Buren. La toile a ensuite rejoint les Etats-Unis où elle pourrait notamment intéresser des musées américains. L’avenir nous dira ce qu’il en est !

 

Le monde entier aura les yeux rivés sur Toulouse le 27 juin… Comment préparez-vous l’événement ?

M.L. : La vente sera retransmise en direct sur internet et nous nous attendons à recevoir à Toulouse un public, venu en nombre du monde entier. Des journalistes internationaux me contactent d’ailleurs pour pouvoir retransmettre la vente en direct sur leurs chaînes. Caravage est un artiste qui fascine tout le monde. Il n’y a qu’à songer aux chiffres de fréquentation records des dernières expositions organisées à Paris, Naples ou Utrecht. Seules soixante-huit œuvres du peintre sont connues à ce jour. Elles reviennent à chaque exposition et pourtant le public est fidèle et il sera sans nul doute au rendez-vous le 27 juin prochain à Toulouse. Des animations précédant l’événement seront organisées sur la Place du Capitole, telles que des jeux interactifs. La vente quant à elle aura lieu l’après-midi du 27 juin à la Halle aux grains, une salle de concert de plus de 2 000 places. Les enchères démarreront à 30 millions d’euros. Ensuite, c’est le prix qui fera le spectacle !

 

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